3. L'approche
développementale .
.
Selon Barkley, Le TDA/H est un déficit du
contrôle de soi, c'est-à dire des fonctions exécutives,
lesquelles sont essentielles à la planification, à
l'organisation, et à la réalisation d'activités humaines
complexes et qui peuvent nécessiter beaucoup de temps. En ce qui
concerne les enfants atteints du TDA/H, les fonctions exécutives
cérébrales qui sont responsables de l'organisation et du
contrôle comportemental, et qui doivent aider l'enfant à planifier
le futur et à se conformer aux plans arrêtés, sont peu
performantes.
Les facteurs environnementaux
pré- et
périnataux principaux de risque
d'apparition d'un TDAH sont une grande prématurité, l'hypotrophie
néonatale, le stress anténatal et intoxications pendant la
grossesse (tabac, cocaïne, alcool, plomb).
Quant aux facteurs postnataux ce sont pour l'essentiel la
dépression maternelle, toutes les difficultés relationnelles
intrafamiliales ainsi que les facteurs d'instabilité psychosociale
(placement, précarité, maladie mentale d'un parent). C'est
pourquoi le contexte environnemental doit être largement pris en
considération.
R. Mc Gee, M. Prior, S. Williams, D. Smart et A. Sanson (2002)
ont étudié les familles avec des enfants TDA et l'avenir de ces
enfants. Leurs résultats indiquent une forte association entre la
précocité des comportements inattentifs (5-8 ans) et des
difficultés scolaires persistantes (problèmes d'attention et de
lecture) à l'adolescence. Ils indiquent aussi un lien entre la
précocité des difficultés de lecture et la persistance de
ces problèmes menant à un abandon du monde scolaire sans
qualification.
Quant à la configuration familiale, un
désavantage socio-économique est souvent présenté
comme une variable prédictive de vie ultérieure difficile. Une
relation conflictuelle parent-enfant (5-7 ans) prédisposerait à
un problème de conduite à 11-15 ans, une faiblesse d'attention et
de lecture à 15 ans, ainsi qu'à une absence de qualification
professionnelle. Par ailleurs, le climat familial inadéquat serait une
variable prédictive d'une conduite dépendante (consommation de
substances : alcool/cannabis) à 18 ans. Un comportement antisocial
précoce (5-7 ans) prédit un abandon du parcours scolaire sans
qualification et une faiblesse en lecture. A chaque fois, la variable sexe est
significative dans le sens où ce sont les garçons qui rencontrent
le plus de problèmes de comportement.
III. MODELES NEUROCOGNITIFS
DES TROUBLES DE L'ATTENTION
1. Les théories de
l'entonnoir.
1.a. Le modèle
filtre de Broadbent.
En 1958, Broadbent propose sa théorie du filtre
attentionnel en suggérant qu'on ne peut traiter qu'un input
à la fois. D'après cette théorie, les
stimuli peuvent être filtrés par le système
perceptif grâce à l'attention (l'attention est un filtre
fonctionnel préalable à la phase de perception ou de
reconnaissance de formes) et à partir de leurs attributs physiques. Le
modèle de D. Broadbent (modèle structural de l'attention) se
limite en fait à un simple canal n'ayant pas de mécanisme pour
diviser l'attention. L'attention est présentée comme un canal
à capacité limitée qui détermine le processus
sériel du système perceptif.
Broadbent (1970) considère l'attention sélective
essentiellement comme un processus de filtrage permettant d'éviter que
le système global ne soit surchargé. Tous les stimuli
seraient encodés et analysés en parallèle au niveau
de leurs caractéristiques physiques (à un niveau de traitement
pré attentif). Cependant, pour que les informations soient
réellement « perçues », elles doivent
être sélectionnées une à une. Ces processus de
filtrage seraient basés sur les caractéristiques physiques
générales de l'information. Les mécanismes sensoriels
seraient situés en amont des opérations cognitives
elles-mêmes. La sélection simultanée de plusieurs
informations entraînerait une division de l'attention qui conduirait
à un certain coût: chaque élément serait moins bien
traité que s'il était le seul à avoir été
sélectionné. D'après ce processus de filtre, les
stimuli attendus (parvenant à l'oreille attentive par exemple)
feraient l'objet de traitements supplémentaires alors que les
stimuli non attendus (parvenant à l'oreille non attentive par
exemple) seraient bloqués. Selon Broadbent, l'attention sélective
agirait donc comme un filtre permettant la sélection des informations
pertinentes et l'élimination, ou le blocage des informations non
pertinentes.
1.b. Le modèle
d'atténuation de Treisman.
Treisman (1969) propose plusieurs modifications de ce
modèle en suggérant principalement que la fonction de
« filtre » de l'attention serait plutôt un effet
modérateur. Le processus de filtre n'entraînerait pas un blocage
du traitement des stimuli inattendus ou rejetés mais une
atténuation de leur traitement. Dans ce modèle, le rôle de
l'attention se situerait donc à l'étape finale de la perception,
des processus d'analyse sémantique du message ont lieu avant le filtre.
Selon la théorie de l'intégration attentionnelle des
« attributs » ou des « traits »
proposée par Treisman (Treisman et Gelade, 1980), l'attention serait un
« ciment » qui relierait entre eux les différents
codages perceptifs des dimensions (les traits) d'un objet.
1. c. Le
modèle de mémoire sélective de Deutsch et
Norman.
Deutsch (1963) ainsi que
Norman (1968) ont situé quant à eux la sélection des
informations après l'étape de la reconnaissance des formes et
avant l'encodage mnésique. Cette sélection succède
à la perception avant l'entrée en mémoire, d'où son
nom de modèle de mémoire sélective. Le mode tardif est dit
de sélection attentionnelle sémantique (comme dans la
théorie de Deutsch et Deutsch). Ce mode de sélection
sémantique est plus tardif parce qu'il est nécessaire de
connaître le sens des mots avant de pouvoir les catégoriser. Il
est le plus proche de l'entrée en mémoire à court terme
s'appuyant sur la mémoire de travail, elle-même puisant ses
ressources de catégorisation dans la mémoire à long terme.
Les théories proposées par J. Deutsch & D.
Deutsch (1963) et D. Norman (1968) suggèrent que tous les inputs
sont analysés mais que seuls les plus pertinents sont
sélectionnés. Autrement dit, toutes les informations feraient
d'abord l'objet d'une première identification automatique, avant que les
connaissances stockées dans la mémoire du sujet n'interviennent
pour « décider » de la pertinence d'un traitement plus en
profondeur. Dans ce cas, il s'agit d'une sélection
décisionnelle.
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