2. L'approche
cognitiviste.
Selon la psychologie cognitive, l'attention sert à
optimiser le traitement de l'information, à le rendre plus efficient. V.
Douglas (1990) considère que le déficit est sous-jacent à
un défaut de l'autocontrôle. Celui-ci se manifeste par une
difficulté à inhiber une réponse tant qu'une information
suffisante n'a pas été réunie. R. Barkley (1997)
suggère que l'inattention est une dimension qui reflète davantage
des problèmes liés à la mémoire de travail qu'un
problème uniquement attentionnel.
Dans le modèle de Barkley l'inhibition et les deux
types de mémoire de travail, à savoir la mémoire de
travail non verbale et la mémoire de travail verbale émergent en
deux temps dans le développement de l'être humain. La
première fonction exécutive relative à la mémoire
de travail non verbale débute son développement très
tôt. Cette fonction est suivie de trois autres fonctions
exécutives (auto-instruction verbale, autodéfense verbale contre
les manipulations sociales et auto-innovation) qui évoluent pour
améliorer l'adaptation sociale.
C'est pourquoi les enfants souffrant de TDA rencontreraient de
sérieuses difficultés au niveau de leurs relations sociales
lorsqu'il s'agit de travailler en groupe, en classe par exemple. Ainsi, pour
arriver à entrer dans une relation sociale constructive, l'enfant doit
accroître sa capacité d'imagerie visuelle lui permettant de
différer son action. L'accroissement de cette capacité forme la
base de la mémoire de travail non verbale d'après J. Bronowski
(1977). Elle favorise la rétention des événements en
séquence temporelle, ce qui contribue d'après J. Michon (1985)
à la formation d'une estimation subjective du temps.
Selon L. Vygotsky (1962), l'enfant apprend à
réguler son comportement par le langage de l'adulte qu'il s'applique
à lui-même, c'est le procédé de soliloquie :
« La socialisation, le langage et l'apprentissage
sont étroitement liés. Les aspects de son environnement que
l'enfant est prêt à maîtriser constituent la zone de
développement proximal (ou potentiel) : il s'agit d'un ensemble de
tâches que l'enfant ne peut accomplir sans l'aide d'un adulte ou d'un
autre enfant qui les maîtrise déjà. Lorsque l'enfant
discute d'une tâche qui l'oblige à se surpasser, son interlocuteur
lui propose oralement des directives et des stratégies. L'enfant
intègre ces paroles à son soliloque, puis les utilise pour
orienter son effort, quand il est ensuite seul devant la
tâche».
Le soliloque constitue donc une étape
intermédiaire durant laquelle le sujet utilise le langage comme un
médiateur au niveau cognitif. Pour L. Vygotsky, des fonctions
psychologiques comme la planification ou l'attention ont en effet une origine
sociale. Elles ne peuvent être acquises qu'en collaboration avec l'adulte
avant de devenir une capacité individuelle. Le soliloque et son
intériorisation progressive permettent ainsi la transformation de ces
fonctions du plan social et interpersonnel au plan psychologique et individuel.
A. Winsler et al (1997) ont suggéré que l'enfant substitue
le soliloque à la collaboration de l'adulte au cours de la
résolution d'un problème. Il collabore avec lui-même par le
biais de la médiation verbale.
D'après les travaux de L.E. Berk et
M.K. Potts (1991), le soliloque auto-encourageant aide l'enfant à
se concentrer. L'enfant peut par ce moyen surmonter les difficultés
qu'il rencontre dans la résolution d'un problème. Les enfants qui
commentent leur travail de façon audible utilisent plus de techniques
non verbales pour surmonter leurs difficultés : compter sur leurs doigts
ou suivre la ligne du texte à l'aide d'un crayon. Un passage rapide des
remarques audibles au discours intériorisé permet un meilleur
contrôle de l'activité motrice et une meilleure concentration.
R. Barkley ajoute que cette intériorisation longue et
progressive du langage va de pair avec une amélioration du comportement
qui gagne en maîtrise. Or, il est probable que chez les enfants TDA, un
retard dans ce processus évolutif ait été
rencontré. D'une part, ceci expliquerait pourquoi ces enfants sont
impulsifs aussi bien au niveau langagier que moteur étant donné
la défaillance pendant la phase d'intériorisation. D'autre part,
cela montrerait que le langage intérieur (concept de Vygotsky, 1962)
constitue le fondement majeur de la mémoire de travail verbale. Ainsi,
les tâches qui sollicitent cette mémoire mettent en
difficulté les enfants TDA. Barkley considère que la
privatisation du langage contribue au développement de la gratification
différée, de l'autocontrôle et des principes moraux
largement associés à la construction sociale de l'individu.
Torkel Klineberg (2002) de l'institut de Karolinska à
Stockholm s'intéresse au lien possible entre mémoire et
hyperactivité chez les enfants. Avec son équipe, il a suivi 53
enfants âgés de 7 à 12 ans (42 d'entre eux sont
allés jusqu'au bout de l'étude). Chacun a passé 40 minutes
par jour, pendant 25 jours, devant son écran d'ordinateur à
effectuer des exercices de mémoire, basés par exemple sur des
suites de chiffres. Après ces séances d'ordinateur, qui ont eu
lieu soit à l'école soit à la maison, les chercheurs ont
vu que les enfants hyperactifs avaient progressé. Leur mémoire
s'améliorait au fil des séances. Leurs parents ont
également vu un net changement : leurs enfants, depuis le début
des exercices, étaient moins hyperactifs et leur attention était
meilleure. « Les enfants qui ont une meilleure mémoire
réussissent à mieux contrôler leur attention » conclut
le chercheur.
Le raisonnement peut être défini comme
étant l'activité de composer et de formuler des idées, des
jugements. Selon Luria (1966), six facteurs différents peuvent
intervenir dans la résolution des problèmes :
? Motivation pour s'occuper d'un problème
difficile ;
? Capacité d'analyser des situations, de trouver de
nouvelles solutions ;
? Prendre en compte la multitude de solutions, d'alternatives
et de stratégies ;
? Mise en oeuvre de la stratégie choisie ;
? Résolution du problème ;
? Comparaison des résultats avec l'objectif initial.
Le raisonnement logique est considéré comme
étant le processus central de l'intelligence. L'intelligence, quant
à elle, est cette capacité qui détermine le niveau et la
qualité du processus cognitif d'une personne donnée. Elle est
également définie comme étant la capacité de penser
de manière concrète ou abstraite, quel que soit le contexte
(linguistique et/ou visuo-temporo-spatial).
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