3. Le modèle de
Shallice
Le modèle du Système Attentionnel Superviseur
(S.A.S.) proposé par Norman et Shallice (1986) serait
l'équivalent du système de « programmation, de
régulation et de contrôle de l'activité » engageant,
selon Luria, le lobe frontal. Ce modèle explique plus
précisément les différentes étapes de gestion de
l'information appliquées par l'administrateur central.
Ce système attentionnel de contrôle se compose
d'un « gestionnaire des priorités de déroulement »
(G.P.D.) qui contrôle les séquences d'actions activées pour
une situation donnée. Le G.P.D. intervient dans la résolution de
conflits en choisissant les schèmes d'action les plus pertinents. Ces
derniers processus relèvent d'automatismes, sans contrôle
volontaire.
Lorsque la résolution d'une situation demande une prise
de décision, un autre système est sollicité «le
système superviseur attentionnel » (S.A.S.). Ce
dernier fait appel à des processus de contrôle volontaire,
nécessaires à la planification de situations complexes, moins
routinières ou lorsqu'il y a une prise de risque jugée trop
importante
La grande originalité du modèle proposé
par Shallice est la distinction de deux formes de comportements :
· les comportements automatiques, ne nécessitant
pas de contrôle ;
· les comportements nouveaux, nécessitant un
contrôle.
L'apport fondamental de Shallice tient dans le
développement de cette notion de contrôle de l'action. Shallice
propose en effet que l'intervention de ce contrôle correspond au
recrutement d'un élément majeur du cerveau : le cortex frontal.
En revanche, les comportements non contrôlés ne nécessitent
pas d'intervention frontale.
Les conceptions actuelles sur l'attention énoncent donc
que ces différents aspects peuvent être classés sous deux
dimensions particulières. La première regroupe les aspects dits
quantitatifs de l'attention dont la notion clé est celle
d'intensité. La deuxième regroupe les aspects dits
«sélectifs » dont la notion clé est celle de
sélectivité.
Au sein des aspects quantitatifs de l'attention sont
regroupés les trois domaines suivants :
- L'Alerte : Elle réfère au
temps de réaction simple. Si le temps de réaction est celui
lié à un stimulus d'alerte, elle est dite Alerte phasique
; en l'absence d'un tel stimulus, elle est alors dite Alerte
tonique.
- La Vigilance : Ce domaine attentionnel est
impliqué dans des tâches simples caractérisées par
leur durée relativement longue au cours de laquelle l'occurrence de
stimuli cibles est faible et temporellement aléatoire.
- L'Attention soutenue (ou concentration) :
Elle est impliquée dans des tâches également
simples et de longues durées, mais au cours de laquelle l'occurrence
de stimuli cibles est élevée. Elle est également
impliquée dans la détection de petites modifications dans
l'information présentée.
- L'Attention sélective (ou focalisée) :
C'est l'action de se centrer sur un stimulus
spécifique dit pertinent, tout en inhibant la perception des stimuli
environnants non pertinents. Elle est engagée dans des tâches de
temps de réaction de choix et plus généralement des
tâches où apparaissent des distracteurs. Le concept clé
dans ce type d'attention est l'inhibition d'input sensoriels parasites
(distracteurs) au profit d'autres inputs plus importants pour la
tâche requise (Mostofsky, 1970).
- L'Attention sélective visuo-spatiale :
De même définition, elle est distinguée de la
précédente par son implication dans des tâches demandant
des déplacements de l'orientation attentionnelle d'une coordonnée
spatiale à une autre.
- L'Attention partagée (ou divisée) :
C'est la capacité de traiter simultanément plusieurs
sources de stimuli pertinents. Elle est une des habiletés
cognitives de base essentielle pour le raisonnement et les processus de
résolution de problèmes. Elle est mobilisée dans des
tâches demandant un partage de l'attention entre deux ou plusieurs
sources de stimuli pertinents ainsi que dans des tâches dites de
flexibilité mentale.
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