B. Les dix principes
directeurs, dans l'éducation des enfants atteints du Trouble
déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) de
Russel Barkley.
(Ces principes directeurs sont tirés de son livre
Ten Guiding Principles for Raising a Child with ADHD et du livre
"Taking Charge of ADHD - The Complete Authoritative Guide for Parents,
chapitre 9).
L'éducation et l'encadrement d'un
enfant atteint du TDA/H implique trois choses :
· Faire une pause avant de réagir au mauvais
comportement de l'enfant;
· Utiliser ce délai pour vous rappeler ces
principes;
· Choisir une réponse qui tienne compte de ces
principes.
1) Donner rapidement à l'enfant davantage de
rétroaction (feedback) et appliquer plus de conséquences
immédiates
Les enfants atteints du TDA/H semblent ne vivre que dans le
présent beaucoup plus que les autres enfants. En conséquence, ou
bien vous faites partie de ce moment présent, ou bien vous aurez bien
peu d'influence sur l'enfant.
Une rétroaction positive peut se donner sous forme
de félicitations et de compliments en autant que vous exprimez
précisément et spécifiquement ce que l'enfant a fait de
positif. Cela peut aussi se faire sous forme de manifestations physiques
d'affection. Dans certaines situations, la reconnaissance impliquera des
récompenses telles que des privilèges supplémentaires, ou
des systèmes par lesquels l'enfant gagnera des points lui permettant
d'obtenir des privilèges. Au-delà du type de la
rétroaction donné, c'est l'immédiateté qui assure
une plus grande efficacité.
De la même façon, l'enfant doit recevoir
immédiatement une rétroaction négative
modérée et les conséquences appropriées
après avoir rudoyé ou frappé un autre enfant par exemple.
Il faut alors à l'enfant exactement ce qu'il a fait de mal
(plutôt que de crier après lui), et pourquoi cela n'est pas
acceptable; puis enlever à l'enfant un privilège auquel il avait
accès pour cette journée-là ou des jetons
déjà gagnés.
2) Donner plus fréquemment de
rétroaction à l' enfant
Les enfants ont besoin de rétroaction et de
conséquences qui sont non seulement rapides mais également
fréquents. Des conséquences ou une rétroaction
immédiate peuvent être utiles même s'ils sont donnés
occasionnellement, mais ils seront d'autant plus efficaces qu'ils seront
donnés fréquemment.
Par exemple, pendant le travail de l'enfant, on peut le
féliciter fréquemment pour demeurer centré sur la
tâche et l'encourager ainsi à poursuivre ses efforts.
3) Utiliser des conséquences plus grandes et
plus puissantes
Afin de l'encourager à accomplir sa tâche,
à respecter les consignes ou à bien se comporter, l'enfant a
besoin de conséquences plus significatives, plus puissantes que les
autres enfants. Ces conséquences peuvent comprendre des manifestations
physiques d'affection, des privilèges, des petites gâteries, des
jetons ou des points, des récompenses matérielles telles que des
petits jouets ou des articles de collection et même, occasionnellement,
de l'argent.
Ceci peut sembler à première vue aller
à l'encontre de la règle de base voulant que les enfants ne
doivent pas recevoir trop souvent de récompenses matérielles
parce que de telles récompenses peuvent remplacer les récompenses
intrinsèques telles que le plaisir de lire, de faire plaisir à
ses parents et amis, la fierté de maîtriser une nouvelle
tâche ou activité, ou encore l'appréciation de ses pairs
pour avoir réussi à bien jouer un nouveau jeu. Mais la nature du
handicap de l'enfant requiert d'utiliser des conséquences plus
importantes, plus significatives et, quelquefois davantage de
récompenses matérielles pour l'aider à développer
et à maintenir les comportements positifs souhaités.
4) Utiliser le renforcement positif avant la
punition
La plupart du temps, les parents recourent à la
punition lorsque leur enfant se comporte mal ou désobéit. Une
telle approche n'est pas indiquée du tout dans le cas d'un enfant
atteint d'un TDA/H qui, selon toute vraisemblance, se comportera mal beaucoup
plus souvent et qui se verra appliquer beaucoup plus de conséquences
négatives qu'un autre enfant. La punition, utilisée seule ou en
l'absence de récompenses régulières et d'un feed-back
positif, n'est pas très efficace lorsqu'il s'agit de modifier le
comportement. La méthode punitive entraîne
généralement du ressentiment et de l'hostilité chez
l'enfant et, éventuellement, de l'évitement de sa part à
votre égard. Quelquefois, cela peut même mener à du
contre-contrôle de la part de l'enfant qui cherchera des façons de
se venger, qui voudra exercer des représailles ou vous remettre la
monnaie de votre pièce.
Il est essentiel d'éviter cette dérive vers
l'utilisation, en premier lieu, de la punition. Il s'agit de bien se rappeler
que l'enfant reçoit plus que sa part de réprimandes, de punitions
et de rejet de ceux qui ne comprennent pas son handicap. De façon
générale, les récompenses et les mesures incitatives sont
ce qu'il y a de mieux pour l'aider à apprendre ce que vous attendez de
lui.
La règle qui veut que l'on recoure aux
encouragements avant les punitions et les réprimandes est simple. Si
l'on veut changer un comportement inacceptable, il faut d'abord décider
du comportement par lequel on veut le remplacer. Ceci va instinctivement amener
à porter attention au comportement recherché. Lorsqu'il se
produira, on pourra alors le souligner et le récompenser.
C'est seulement après avoir
récompensé de façon continue pendant au moins une semaine
ce nouveau comportement que l'on pourra commencer à punir le
comportement opposé indésirable. Et, même là, tenter
de n'utiliser des punitions que de faible sévérité telles
que la perte de privilèges ou la privation d'activités
spéciales, ou encore un court temps-mort.
Garder un ratio de récompenses favorable, par
exemple, seulement une punition pour toutes les deux ou trois occasions de
félicitations et de récompenses.
5) Etre conséquent et constant
À chaque fois qu'il est nécessaire de
gérer le comportement de votre enfant, il s'agit d'utiliser les
mêmes stratégies.
Être constant implique quatre (4) choses :
· Être constant dans le temps;
· Ne pas abandonner trop tôt quand un programme
de modification du comportement est commencé;
· Continuer à réagir de la même
façon, maintenir le cap, même dans un contexte différent;
· Faire équipe avec les autres intervenants,
le conjoint...
Être imprévisible ou capricieux dans
l'application des règles convenues est gage d'échec. Avant de
conclure qu'un programme de modification du comportement ne fonctionne pas, il
est bon de l'essayer pendant au moins deux (2) semaines.
6. Arrêter de se plaindre et
agir
Tel que précédemment mentionné,
l'enfant est très souvent intelligent, ne manque pas d'habiletés
et est capable de raisonnement. C'est pourquoi de simplement discuter avec lui
ne changera rien au problème neurologique sous-jacent qui entraîne
le manque d'inhibition.
L'enfant qui présente des troubles de
déficit de l'attention est bien davantage sensible aux
conséquences prévues et au feed-back donné, et beaucoup
moins sensible au raisonnement et à la discussion logique, qu'un enfant
qui n'est pas atteint du TDA/H.
C'est pourquoi, en agissant aussi rapidement et
fréquemment que nécessaire, il y aura une amélioration
dans le comportement de l'enfant. Discuter et parler avec lui au lieu d'agir ne
fait qu'entraîner la dégradation de son comportement plutôt
que la conformité souhaitée.
7) Planifier les situations
problématiques
S'il est impressionnant de constater la capacité
des parents, lorsqu'on leur demande, de préciser les situations
où les choses seront difficiles avec leur enfant, il est encore plus
surprenant de constater combien peu d'entre eux utilisent cette capacité
à bon escient. Pourquoi alors ne pas l'utiliser afin d'anticiper les
situations problématiques et prévoir des solutions à ces
situations?
Suivre ces cinq étapes très
simples avant de faire face à une situation problématique :
1. Tout juste avant d'entrer dans un endroit susceptible
de provoquer une situation problématique, tels que magasin, restaurant,
église ou la résidence d'un ami, s'arrêter.
2. Revoir avec l'enfant deux ou trois des règles
qu'il a de la difficulté à suivre dans la situation. Par exemple,
pour le magasin, la règle peut être : " Tu demeures
près de moi, tu ne me demandes rien, et tu fais comme je te dis ";
aucune longue explication, simplement un bref rappel des règles. Puis,
tout simplement, demander à l'enfant de vous répéter ces
quelques règles.
3. Prévoir la récompense, le moyen
d'incitation; par exemple, arrêter pour une crème glacée,
en retournant à la maison, parce que l'enfant a respecté les
règles prévues.
4. Expliquer la punition qui sera utilisée, telle
que retrait de points ou de privilèges.
5. Suivre le plan prévu dès le début
de la situation en cause et donner à l'enfant du feed-back rapidement et
fréquemment. Et, s'il le faut, appliquer rapidement les
conséquences prévues pour tout manquement aux règles.
8) Gardez toujours à l'esprit les
difficultés de maturation ou les inaptitudes de l'enfant
Parfois, quand ils sont confrontés à
un enfant difficile atteint d'un TDA/H, les parents peuvent perdre toute
perspective du problème de base. Il faut toujours se rappeler qui est
rappeler l'adulte; l'éducateur et l'entraîneur de cet enfant avec
les inaptitudes qui sont les siennes. Si l'un des deux doit garder son calme,
c'est très clairement l'adulte.
Pour ce faire, essayer de maintenir une certaine distance
psychologique par rapport aux problèmes que vit l'enfant. S'imaginer
être un étranger afin de pouvoir percevoir la situation telle
qu'elle est réellement, l'effort que fait un parent face à un
enfant difficile dans son comportement.
9) Ne pas personnaliser pas les problèmes
de l'enfant
Eviter de conclure à une incompétence
personnelle parce que la situation tourne mal ou ne tourne pas comme
souhaité. Autant que possible, garder son calme et faire preuve d'humour
face au problème et, surtout, appliquer les principes
énoncés ci-dessus dans ses réactions avec
l'enfant.
Quelquefois, cela peut même vouloir dire de se
retirer physiquement de la situation momentanément, par exemple, en
quittant la pièce pour se ressaisir et afin de reprendre le
contrôle de ses émotions.
10) Pardonner
Il s'agit ici du principe le plus important, mais aussi de
celui avec lequel il est le plus difficile d'être quotidiennement en
harmonie
Pardonner demande trois choses :
Premièrement, chaque
soir, après avoir mis l'enfant au lit ou avant de se retirer pour la
nuit, prendre le temps de revoir le déroulement de la journée et
de pardonner à l'enfant pour les manquements de la journée. Se
débarrasser de sa colère, de son ressentiment, de sa
déception, ou de toute autre émotion négative
résultant du mauvais comportement ou des manquements de l'enfant au
cours de la journée. L'enfant ne peut pas toujours contrôler ce
qu'il fait et a droit au pardon.
Deuxièmement, pardonner
aux personnes qui, aujourd'hui, ont pu mal interpréter ou mal comprendre
le comportement de l'enfant, et ont agi ou réagi d'une manière
blessante, ou qui ont tout simplement conclu trop rapidement que l'enfant
était, comme ils le croyaient, paresseux ou qu'il manquait de
motivation.
Agir pour apporter toutes les mesures correctives
requises, et continuer à prendre fait et cause pour l'enfant.
Finalement, s'entraîner
à se pardonner ses propres erreurs dans la gestion quotidienne du TDA/H.
Les enfants atteints d'un TDA/H réussissent, contre leur gré,
à faire sortir ce qu'il y a de pire chez leurs parents, de sorte que
ceux-ci se sentent terriblement coupables de leurs erreurs. Sans croire qu'ils
pourront indéfiniment répéter ces erreurs sans en subir de
conséquences, il ne faut pas donner prise à ces sentiments de
culpabilité, de honte, d'humiliation, de ressentiment ou de
colère qui accompagnent cette forme d'auto-évaluation, mais
plutôt les remplacer par une évaluation réaliste de sa
performance comme parent ou éducateur pour la journée, en
identifiant les pistes d'amélioration et en s'engageant à mieux
faire demain.
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