C- Les Enjeux environnementaux
En multipliant la quantité d'engrais utilisés
par 3,6 entre 1970 et 1990 et la quantité de produits phytosanitaires
par 4,2 pendant la même période, les progrès de
l'agriculture moderne ne se sont faits sans dommage pour l'environnement.
L'utilisation de telles pratiques, notamment celles qui
concernent la protection des cultures contre les maladies et les parasite, est
impossible à poursuivre sans arriver rapidement à un
épuisement des sols50.
51. Pr. Jeff Schell, pionnier européen de la
transgenèse végétale,« Biofutur»
Les biotechnologies modernes peuvent être une
réponse à ces problèmes, en particulier par l'utilisation
de la transgenèse pour développer des résistances aux
insectes ou des tolérances aux herbicides, tout en augmentant la
productivité.
Les avantages environnementaux que l'on peut attendre des
plantes résistantes aux insectes et tolérances aux herbicides,
ainsi que des futures cultures qui résisteront à la
sécheresse et aux autres stress climatiques sont en effet les
suivants :
· diminution significative des traitements
insecticides et herbicides.
Les variétés résistantes à une
maladie peuvent permettre de réduire les mesures phytosanitaires. Le
génie génétique permet également d'améliorer
la capacité d'appropriation de la substance nutritive des plantes
(efficacité nutritive ) ce qui permet d'économiser les engrais et
de réduire le lessivage des substances nutritives dans les eaux
souterraines. La culture de variétés tolérant des
herbicides permet l'utilisation ciblée et parcimonieuse d'herbicides
à large bande respectueux de l'environnement, avec donc des
conséquences positives sur la qualité du sol, des eaux, de la
faune, mais aussi des aliments consommés,
· économie d'utilisation de l'eau pour
l'irrigation avec les transformations génétiques visant
à accroître la résistance à la sécheresse. En
effet, selon les estimations internationales51.
(sommet mondial de l'Alimentation, Rome 1996), l'eau aura tendance à se
raréfier dans les décennies à venir du fait de l'explosion
démographique. De surcroît, la tendance actuelle va vers une
augmentation de la consommation d'eau, qui à été
multipliée par trois entre 1950 et 1990,
· changement des pratiques culturales
vers une simplification du travail du sol. La résistance au glyfosate
induite par génie génétique sur des cultures de soja a
permis d'économiser l'étape du labour de 30%. Outre
économie en matériel coûteux favorable aux pays en voie de
développement, ce changement de pratique culturale permet de
réduire l'érosion du sol, et donc d'améliorer la
qualité de l'eau, de préserver la faune du sol, et de diminuer le
ruissellement de l'eau.
Par exemple, grâce au coton Bt, amélioré
génétiquement par Monsanto pour résister à
helicoverpa zea, les petits agriculteurs de la province du Kwazulu Natal en
Afrique du Sud ont réduit l'usage des pesticides de 8 à 10
pulvérisations à 1 ou 2, tandis que leur rendement augmentait de
30%, soit un gain de 30%52
Paragraphe 2 : Les enjeux sociaux
Les Organismes Génétiquement Modifiés
peuvent être considérés comme une solution à la faim
(A) ensuite l'utilisation du génie
génétique est bénéfique pour la santé de
l'homme (B).
A- Les OGM : une solution à la faim
Que peuvent les biotechnologies pour le monde quand on sait
qu'un cinquième de l'humanité ne mange pas à sa
faim ? Beaucoup, a priori , puisqu'elles permettent d'améliorer
les techniques de production et, logiquement donc, d'augmenter le volume
desdites productions. Certes, les causes premières du retard de
certains pays en matière de développement ne sont pas toutes
techniques.
51. Sommet mondial de l'Alimentation, Rome
1996
52. Jeune Afrique l'Intelligent
précité, page 64
Mais force est de constater que les méthodes actuelles
ne permettront pas d'assurer à elles seules un niveau de production
suffisant pour nourrir la population du continent. Les chiffres parlent
d'eux-mêmes : comment faire pour que les 1,7 milliards d'habitants
que comptera l'Afrique en 2050 mangent à leur faim, alors que l'on ne
peut pas, aujourd'hui, subvenir aux besoins de 750 millions de
personnes ?
Comment y parvenir alors que, sur le continent, la croissance
démographique est deux fois plus forte que celle de la production ?
Posée en ces termes, l'équation paraissait insoluble. L'enjeu
évidemment, est d'importance. D'autant que beaucoup d'économies
dépendent quasi exclusivement de l'agriculture : le secteur compte
pour 30% du produit intérieur brut (PIB) du continent, 40% de ses
exportations et emploie surtout 70% de sa population active.
Or la productivité de l'agriculture africaine reste
faible. Comptez en moyenne, 1,22 tonne à l'hectare pour les
céréales, contre 37,3 tonnes dans les pays
industrialisés.
Fait significatif : l'Afrique est la seule région
du globe où la production alimentaire par tête a baissé au
cours de ces quarante dernières années.
Résultat, la consommation y dépassait toujours
la production de 30% à la fin des années 90. Difficile dans ces
conditions, de subvenir aux besoins de tous.
Et c'est là que les plantes transgéniques font
leur apparition.
« Tous les moyens contribuant à de fortes
hausses de la productivité et de la durabilité des
systèmes de production doivent pouvoir être mobilisés et
combinés au mieux, martèle le centre de coopération
internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) ,
et les biotechnologies feront partie des outils disponibles ».Leurs
caractéristiques agronomiques améliorées permettent en
effet une plus grande résistance à un herbicide aux insectes ou
aux bactéries. Il est du coup, possible de diminuer le nombre de
traitements et les quantités de produits chimiques utilisés pour
cultiver manioc, café ou cacao. Les coût de production s'en
trouvent abaissés, et les rendements des récoltes
augmentés.
Fin septembre 2002, Monze en Zambie, les villageois
affamés de cette région d'Afrique particulièrement
touchée par la sécheresse viennent de piller des hangars
où étaient entreposés 500 sacs de maïs en provenance
de l'étranger au titre de l'aide alimentaire.
En effet, lors du sommet mondial pour le développement
durable à Johannesburg fin août 2002, Jacques Diouf, le directeur
général de la FAO, a exhorté tous les pays africains
à accepter l'aide alimentaire sous forme d'OGM.
Le Secrétaire Général de la commission
économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA), Kingsley Amoako, est
allé dans le même sens en arguant que le continent ne se
développerait que grâce aux biotechnologies et qu'il fallait
arrêter d'avoir peur des OGM. « L'UE, elle, avance le
principe de précaution, explique Kingsley Amoako, mais il y a des gens
qui meurent de faim aujourd'hui en Afrique. Ces questions de principe sont des
enjeux pour les Etats Unis et l'Europe, mais pas pour
nous »53.Chez
Monsanto54, pas d'ambiguïté : les
Américains mangent des produits Génétiquement
Modifiés depuis 15 ans, et personne n'est tombé malade. Alors
pourquoi ne pas en faire bénéficier l'Afrique ?
53. Jeune Afrique l'intelligent no 2196 du 09
au 15 février 2003 page 72
54. Firme américaine
spécialisée dans l'industrie agro alimentaire.
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