Protection Juridique du personel Humanitaire en Situation de conflit armépar Nicole TCHOMTCHOUA TAGNE Université Catholique d'Afrique Centrale - Master 2004 |
Paragraphe III- La reconsidération de l'éthique ainsi que des grands principes gouvernant l'action humanitaireLe respect des principes gouvernant l'action humanitaire est primordial en vu de garantir la sécurité de ces derniers pendant leurs missions d'assistance humanitaire. Comme le relève le CICR, « la sécurité du personnel humanitaire sera améliorée si celui-ci respecte les principes d'humanité, d'impartialité et de neutralité dans son comportement au quotidien. »146(*) La remise en cause d'un de ces principes par l'un des belligérants constitue pour les humanitaires une source d'insécurité dans la mesure où, va s'installer une perte de confiance et suivra l'instauration d'un climat de suspicion qui mettra en péril leur vie. La confusion des mandats et la diversité des comportements au sein des organisations représentent pour le personnel humanitaire un facteur à risque147(*). Les humanitaires ne doivent pas perdre de vue le fait que ce sont ces principes qui sont garants de leur sécurité aux yeux des parties au conflit. Ceux-ci s'efforceront donc au cours de leurs missions d'aides humanitaires de procéder à un sérieux travail de sensibilisation et d'écoute à l'égard des populations. Ils doivent expliquer à ces derniers qu'ils sont là pour eux et qu'ils viennent les soulager de leurs souffrances. Ils doivent mettre les populations en confiance et au besoin, sélectionner des personnes sur le plan local qui pourront les accompagner dans leurs missions. Ces citoyens locaux se chargeront de leur faire connaître la région et serviront d'intermédiaires entre les agents humanitaires étrangers et les populations locales, ce qui selon le CICR permet d'atténuer les dissensions et les malentendus148(*). La compréhension de ces principes et leurs mises en application dans le cadre des opérations constitue la meilleure garantie de sécurité. Ils doivent à tous les niveaux faire preuve d'impartialité dans le traitement des populations et des combattants blessés. Aucune discrimination ne doit être manifeste, ils se devront selon les principes d'impartialité qui gouverne leurs actions de traiter toutes les populations pareillement. Dans le même sens, ces derniers se doivent d'éviter toute ingérence même de manière indirecte au conflit. Tout geste susceptible d'être interprété et d'instaurer un climat de suspicion légitime quant à leurs motivations exclusivement humanitaires, ils ne doivent en aucun cas intervenir dans les controverses de quelle nature que ce soit liées au conflit149(*). Ceci étant, en dehors des rapports d'humanité, ils ne doivent entretenir aucun autre rapport avec les parties au conflit au risque d'attirer sur eux la foudre de la partie adverse. Leurs missions doivent se limiter à traiter les combattants blessés qui ne participent plus au combat. Notons à ce propos que, la sécurité de toute organisation humanitaire est largement fonction des standards d'éthique et professionnels avec lesquels elle fonctionne. C'est en ce sens que le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge considère que la meilleure garantie d'une sécurité contre le ciblage des agents réside dans une attitude reflétant de manière très fidèle les principes de l'action humanitaire que sont l'humanité, l'impartialité, la neutralité et l'indépendance. Il demeure également convaincu que : « (...)la sécurité du personnel humanitaire est avant tout une question d'acceptation, de perception de l'organisation, de comportement individuel et de capacité d'écouter, de communiquer et de projeter une image stable et cohérente à tous les acteurs engagés dans un conflit. »150(*) Par ailleurs, les missions humanitaires doivent trouver des techniques appropriées pour dissimuler le matériel jugé très coûteux et susceptible d'attirer la convoitise des bandits. A ce propos, ils doivent privilégier l'image sobre qu'était celle des missions humanitaires pendant la guerre froide. Garder à l'esprit le fait qu'à trop se parer d'un matériel d'apparence très coûteuse, ils contribuent par ce fait à précariser leur sécurité. * 146 CICR, Respect et protection du personnel d'organisations humanitaires, Document préparatoire du comité international de la Croix Rouge pour la 1ere réunion périodique sur le droit international humanitaire, Genève, 19-23 janvier 1998. * 147 F. SCHMIDT, « Recommandations pour renforcer la sécurité du personnel humanitaire », in RICR n°824, avril 1997. * 148 CICR, Principes et interventions en matière d'assistance et de protection dans le cadre de l'action humanitaire internationale ; 26eme conférence internationale de la Croix Rouge et du Croissant Rouge, 15 août 1995. * 149 D. PLATTNER, « La neutralité du CICR et la neutralité de l'assistance humanitaire », in RICR n0 818, AVRIL 1996 pp. 169-189. * 150 P.KRAHENBUHL, « Une question d'acceptation, de perception de comportement ... », in Discours prononcé au forum humanitaire de haut niveau, palais des Nations Genève- 31 mars 2004 |
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