· Le voyage
Tous les convertis du corpus ont été
amené à voyager ou à se déplacer dans la
période postconversion, qui, le plus souvent, correspond à la
jeunesse de l'individu. Ceci n'a rien d'exceptionnel à la fin du
XXème siècle. Qu'il s'agisse de voyages à
l'étranger ou de déplacements liés à la vie
professionnelle de la famille d'origine ou liés aux exigences des
études, il n'y a là rien que d'ultramoderne. L'ouverture sur le
monde, la quête de « l'autre », la recherche de
l'exotisme accompagnent la quête de soi bien spécifique à
cette période de l'existence individuelle. C'est le plus souvent
à l'issue ou au cours de ces déplacements que la quête
spirituelle se manifeste réellement, dans l'intérieur de
l'individu, d'une part, et qu'il semble trouver des interlocuteurs suffisamment
différents et distants de toute appartenance familiale ou sociale pour
prendre du recul et confier, même de façon très indirecte,
ses interrogations existentielles. Les réponses ou attitudes relatives
à ce type de rencontres sont par nature inédites pour l'individu.
Cet inédit le ravit, le libère, le trouble
émotionnellement, mais lui permet d'envisager l'existence sous d'autres
angles. Ces voyages désamorcent des tensions et amorcent la prise en
main du libre-arbitre qui « bouillonne » dans l'individu.
Découverte de soi, certes, mais surtout découverte de
l'altérité, en termes de solidarité, d'écoute et de
différences. Aucun d'entre eux, ce que parfois de jeunes voyageurs et de
moins jeunes, dans des circonstances qui purent paraître ou être
difficiles, ne racontent en termes de désagréments de
s'être trouvé dans tel ou tel pays, face à telle ou telle
incompréhension ou encore dans un sentiment de solitude et d'abandon
douloureux.
Malgré la similitude des expériences de voyages
partagée par tous, C6 se distingue des autres, pour avoir vécu
« sur les routes » ou presque, pendant 7 années de
sa vie. Il était alors missionnaire dans un mouvement religieux
oecuménique et prosélyte. L'instabilité d'existence
matérielle et l'exotisme de l'autre, l'ouverture altruiste et les
techniques de missionnariat ont été son pain quotidien. Les
séjours à Londres et en Corée, lui ont encore donné
le goût de l'universalisme et du transantionalisme religieux. La vie
communautaire et le partage de la foi et des pratiques avec « des
gens du monde entier » l'ont contenté et n'ont
cessé de revigorer son expérience religieuse.
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