LA PROCESSION
Nous trouvons chez Plotin une double représentation de
la réalité : d'une part, une représentation
apparenté aux mythes de l'âme, l'univers est divisé en
résidences pures et impures à travers lesquelles l'âme
monte ou descend ; et la vie intérieure de l'âme est
solidaire de la localité qu'elle habite. D'autre part, l'univers
apparaît comme une formule dont chacune dépend
hiérarchiquement de la précédente, et il peut être
l'objet d'une pensée rationnelle. A ce stade Plotin cherche à
démontrer avec force l'unité foncière de ces deux
représentations, et par conséquent, d'affirmer la valeur
religieuse du rationalisme. Cette thèse peut être
illustrée par l'étude de la procession des hypostases chez
Plotin.
Le terme « procession » indique
la manière dont les formes de la réalité dépendent
les unes des autres. Par exemple, à l'idée actuelle
d'évolution, les hommes de l'antiquité et du moyen âge
pensaient les choses sous la catégorie de procession, mais ceux du 20 et
21ème S les pensent sous la catégorie
d'évolution. Ainsi la question, d'où vient-il qu'on ait tout ce
qu'on a ? Serait-il que la vie et la pensée viennent d'une
matière quelconque en agitation ? Est-ce la multiplicité
qui engendre l'unité, un monde harmonieux et que l'inférieur en
appelle au supérieur ? Ou bien sont elles produites par ce qui a
plus d'unité qu'elles ? Est-ce le supérieur qui engendre
l'inférieur ? Voici autant des questions qui nous
préoccupent.
L'homme existant et par le seul fait de son existence est
amené à remonter à l'origine, à celle de toutes
choses, et à le comprendre.
En se referant au cours de philosophie antique, à
l'origine était la matière et le hasard a constitué tous
les êtres, affirment les stoïciens. Prenant pour guide la
sensation, ils établissent tous les principes à partir d'elles.
Ils restent convaincus que les corps sont des êtres véritables et
réels est ce qui subsiste sous eux, qui ne peut être saisie que
par l'intelligence. C'est ainsi que la matière passe avant
l'intelligence. Non seulement que Plotin refuse ces théories, mais il
met en doute le hasard dont ils parlent. Pour lui, le hasard n'entre pas dans
les causes principales, mais dans l'imprévisible. C'est une
cause négative. Il est ce qui n'est pas dans le fonctionnement normal.
Pour Plotin, la nature crée mais elle-même est
créée par des réalités supérieures, des
hypostases venant d'une plus haute qu'il nomme l'Un ineffable.
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