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Comment les chaà®nes de France Television se différencient elles des chaà®nes de télévision privées sans semer la confusion chez le telespectateur ?

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par Clémentine Mervelet
Institut Supérieur de la Communication et de la Publicité (ISCOM) - maà®trise de communication globale option communication publique 2005
  

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1.2.3 La perception de France Télévisions selon les

téléspectateurs

Concernant justement ces affinités, nous pouvons nous demander

comment elles sont ressenties par l'opinion publique. Les téléspectateurs voient

ils une différence entre la télévision publique et ses concurrentes privées ? Que

signifie pour eux le terme « chaînes de télévision publiques » ? Y associent ils des

valeurs particulières, une ligne éditoriale spécifique, un ton caractéristique ?

La première chose qui vient à l'esprit des personnes lorsqu'on les

interroge sur le service public audiovisuel tient en un mot : redevance. Cet

impôt si particulier qui a pour finalité de financer les acteurs de l'audiovisuel

public marque les esprits. Son but est clairement connu, même s'il est très

réducteur de le définir uniquement comme financeur des chaînes de télévision

publiques : c'est la redevance qui finance également les radios publiques,

associatives, les projets soutenus par l'Etat,... Le problème est que dans l'esprit

de la population française, service public audiovisuel n'est de paire, dans un

premier ressenti, qu'avec ce terme financier. Or, être une chaîne d'un tel

groupe, ce n'est pas que ça. La population n'a pas comme première image

celle d'une télévision à l'offre moins orientée commerciale que d'autres, aux

objectifs plus sociaux. Les valeurs sont perçues comme plus « sérieuses » et

tournées vers le monde, mais pas plus divertissantes. C'est a priori et

instinctivement la seule différence que font les personnes entre les chaînes de

télévision publique et les chaînes privées. En fait, l'opinion publique se répartie

selon deux types de personnes.

Premièrement, celles qui ont une idée bien précise du service public,

une connaissance globale de son fonctionnement, qui voient derrière ce

terme des valeurs humaines, sociales, et qui n'hésitent pas par exemple à

envoyer des lettres de jugement sur un programme lorsque celui-ci ne répond

pas aux critères qu'ils associent aux émissions de France Télévisions. Nous

pouvons faire allusions à des images choquantes, un commentaire de

reportage du journal de 13h mal perçu, etc. C'est d'ailleurs pour répondre à ce

type de sollicitation que France 2 a créé « l'hebdo du médiateur », émission lors

de laquelle les reportages sont passés à la loupe et analysés/justifiés par leurs

auteurs et les intervenants grand public...

Deuxièmement, les personnes qui n'ont qu'une très vague idée de ce

que représente le terme « service public ». Elles le revendiquent en temps de

grève, ou pour parler de la redevance, mais n'y voient pas (ou très peu) de

valeurs précises, de but recherché pour répondre aux besoins sociaux de la

population. Par exemple, des émissions comme le « Point Route », « le Jour du

Seigneur », sont des émissions qui répondent aux besoins de la population par

leur idée de service. Néanmoins, ce genre de programmation, avec ce qu'elle

souhaite apporter, ne peut être diffusé que sur une chaîne de service public.

Cela ne vient pas à l'esprit des gens lorsqu'on leur demande leur avis sur

France 2, France 3, France 5. Ils n'associent pas les valeurs, le concept de

service public avec son application concrète dans le choix des

programmations. En tout cas en ce qui concerne ce deuxième genre de

personnes. Voici le résultat d'une étude « micro trottoir » que nous avons

réalisé :

Patrick, 42 ans, attaché Presse

« Pour moi, le service public

audiovisuel est la redevance,

l'ORTF, et les radios et télévisions

publiques.

Je ressens clairement des

différences entre les chaînes

publiques et les chaînes privées,

mais concrètement, je ne peux

pas les expliquer. C'est un

ressenti. La chaîne la plus

« publique » ? France 5. »

Marie - Caline, 47 ans

photographe

« Service public audiovisuel ? Je

pense tout de suite au CSA.

Les chaînes privées comme TF1

sont beaucoup plus racoleuses,

centrées sur elles même, que

les chaînes publiques, c'est sûr.

France 3 est en tout cas celle

que je vois comme la chaîne la

plus « service public ». »

Pierre, 22 ans, étudiant

« Lorsqu'on me dit « service public

audiovisuel », je pense aux radios

et chaînes de télévision

publiques.

Oui, il y a une différence entre les

chaînes publiques et privées,

dans leurs programmations, leur

façon de voir les choses, mais ces

différences sont de moins en

moins prononcées... Je crois qu'il

y a un phénomène de

standardisation.

La chaîne la plus publique selon

moi est France 5, qui se

démarque. »

Sandra, 31 ans, chargée de

communication

« France 2, France 3, France 5

et Arte, c'est ça le service

public audiovisuel, non ?

Les chaînes privées sont quand

même plus racoleuses et ne

proposent aucune émission

intelligente, c'est ce que je

constate.

En tout cas, c'est France 3 qui

représente le mieux l'idée de

service public. »

Marie Jenny, 83 ans, retraitée

« Le service public audiovisuel,

ce sont les chaînes de la 2, la

5... on peut en imaginer

d'autres après.

Il y a plus de publicité sur les

chaînes privées, et elles sont

moins bonnes car elles ne

pensent qu'au profit. L'esprit est

meilleur dans le public.

C'est France 3 qui est la plus

publique selon moi. »

A travers ce micro trottoir, nous

pouvons remarquer que le risque de

standardisation est cité, mais que

malgré cela, les chaînes publiques

bénéficient d'une meilleure image

que les privées.

Une autre remarque : France 5 est la chaîne publique la moins regardée,

et pourtant, c'est celle qui ressort le plus souvent lorsque l'on demande quelle

chaîne est la plus « service public ».

Cependant, de manière globale, nous pouvons dire que les chaînes

publiques sont plutôt perçues par la population comme en adéquation avec

leur particularité. Pour preuve, ce sondage réalisé par l'IFOP en 2001 :

Baromètre qualitatif IFOP 20014

Il y aurait pu avoir une séparation très marquée entre, d'une part

l'identité des chaînes publiques et, d'autre part, ce qu'elles proposent dans

leurs programmes. Les téléspectateurs auraient ressenti la différence. L'image

des chaînes n'aurait pas été en adéquation avec leurs rôles dans l'audiovisuel

public. Mais à la vue de ce graphique, même si les personnes n'ont pas une

vision très claire de ce qu'est ce « service public », ils estiment que France 2,

France 3 et France 5 transmettent une identité (par leur programmation, leurs

valeurs, ...) en accord avec l'idée qu'ils se font d'une chaîne publique.

4 Baromètre qualitatif 2001, IFOP - France Télévisions, in Résultats financiers du groupe France

Télévisions en 2001, 11 avril 2002, présentation interne.

1.3 La communication des chaînes de France Télévisions sur le service

public

1.3.1 Une politique de communication délicate à réaliser

Que cela concerne France 2, France 3 ou France 5, la politique de

chacune de ces chaînes est délicate concernant leur appartenance au

service public car elles courent le risque, en insistant trop sur cette

appartenance, de passer pour porte parole de l'Etat. Elles passent déjà les

messages, par le choix de leurs programmations et positionnement, d'un Etat

qui souhaite apporter culture, découverte et tolérance à ses citoyens.

Néanmoins, il serait dangereux de faire évoluer ce rôle vers un aspect plus

politique, qui véhicule l'image de l'Etat comme une propagande, pourrions

nous dire en exagérant. Le but des chaînes publiques n'est pas de jouer sur la

démagogie ou de tenir un média en l'utilisant comme moyen efficace pour

être tout sauf critique : nous sommes dans une démocratie, ce qui signifie que

même les chaînes appartenant au service public doivent être objectives le plus

possible et faire passer la liberté d'expression.

Tout cela explique pourquoi la politique de communication de chacune

des chaînes est entre deux extrêmes : elle doit éviter de mettre en avant l'Etat

tout en faisant apparaître le concept de service public pour se différencier des

chaînes privées et communiquer sur ses valeurs sociales. C'est la raison pour

laquelle il est si difficile de communiquer lorsqu'on est un tel annonceur. La

menace de passer aux yeux du grand public ou des intellectuels comme une

chaîne de l'Etat au service de la communication de l'Etat ( « sous sa coupe »)

et non au service de la population plane régulièrement. Quels sont alors les

moyens utilisés par ces trois chaînes pour communiquer institutionnellement

sans pour autant tomber dans ce piège ? C'est le sujet que nous allons aborder

maintenant. Nous allons commencer par nous interroger sur le type de cible

que les chaînes souhaitent toucher.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe