CONCLUSION DE LA PARTIE EMPIRIQUE
A travers la partie empirique, nous avons cherché à
répondre à notre problématique de travail qui est la
suivante :
Quelle est la nature de la relation existant entre le
cadre institutionnel de l'économie et
la comptabilité ?
En effet, dans le cadre de la partie théorique,
nous avons constaté que le cadre institutionnel de
l'économie comporte, essentiellement, un marché (Mc), un
contexte légal
(Cl) et un référentiel sociologique (Rs).
Concernant la comptabilité, nous avons essayé de la
modéliser comme étant des principes comptables, des
procédures de traitements comptables, des données comptables et
des utilisations managériales de la comptabilité.
En ce sens, l'objectif de la proposition de recherche est de
déterminer la nature de la relation entre le cadre
institutionnel de l'économie et la comptabilité
à travers les composantes de ces deux axes. L'analyse empirique de
la proposition de recherche a permis
de dégager les conclusions suivantes, suite aux
tests des axes de la proposition et la
validation de la proposition elle même :
1- LE CADRE INSTITUTIONNEL DE L'ECONOMIE TUNISIENNE
Notre ambition était de déterminer les
caractéristiques de chaque élément du cadre
institutionnel de l'économie.
Concernant le marché, la théorie fait
ressortir principalement, trois typologies du marché choisies en
fonction de l'objet de transaction. Il s'agit d'un :
· Marché de bien et services ;
· Marché du travail ; et d'un
· Marché financier.
Concernant le marché des biens et services
tunisien, il est signalé, émergent et à efficience
moyenne. Le marché du travail tunisien est estimé, à la
fois, émergent et limité,
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par contre, il est à efficience moyenne.
Finalement, le marché financier tunisien est faiblement
développé et à efficience faible.
Sur le marché tunisien, les conditions de
concurrence pure et parfaite sont rarement respectées et le
financement des entreprises est assuré principalement, par le
marché interbancaire. Les autres modes de financement sont
moyennement utilisés par les entités économiques
tunisiennes.
En ce qui concerne le contexte légal tunisien, le droit
fiscal et le droit pénal sont jugés rigides, alors que le droit
commercial est apprécié souple et le droit des
sociétés contingent.
Enfin, le référentiel socioculturel tunisien
est caractérisé par l'existence aléatoire de valeurs
managériales, le comportement du tunisien est plutôt
centralisé autour des dimensions individualistes,
opportunistes et de débrouardises. Par ailleurs, la
gestion tunisienne ne se réfère aucunement à la culture
africaine.
Notre ambition était de déterminer la part
relative de chaque composante dans la gestion de l'entreprise. En effet,
la gestion a été formulée de la manière suivante
:
Gestion = 38,17 % Mc + 35,49 % Cl + 26,34 % Rs
En conclusion, on peut dire que la gestion de l'entreprise prend
en considération les axes du cadre institutionnel de l'économie
dans le classement suivant :
1. le marché ;
2. le contexte légal ; et
3. le référentiel sociologique.
2- LA COMPTABILITE TUNISIENNE
La comptabilité tunisienne nécessite une
certaine actualisation pour pouvoir s'ajuster
au niveau de développement du marché, assurer la
congruence avec les autres composantes
du contexte légal et respecter les
spécificités culturelles tunisiennes.
Par la suite, on a pu constater que la comptabilité
tunisienne se base, essentiellement, sur des principes comptables, des
procédures de traitements comptables et des données
comptables. Elle est valorisable pour le management de l'entreprise puisqu'elle
constitue le
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moyen privilégié de prise de décision, de
communication et de contrôle des réalisations. Elle
est à caractère secondaire pour le
positionnement de l'entreprise par rapport à son
environnement interne et externe.
3- CADRE INSTITUTIONNEL DE L'ECONOMIE ET COMPTABILITE
TUNISIENNE
La résolution des termes de notre problématique
de recherche passe, indispensablement, par la détermination du sens
de la relation entretenue entre le cadre institutionnel de
l'économie et la comptabilité. Il s'agit de valider l'une
des hypothèses suivantes :
° Le cadre institutionnel de l'économie agit sur la
comptabilité tunisienne ;
° La comptabilité agit sur le cadre institutionnel de
l'économie ; ou bien
° L'influence entre le cadre institutionnel de
l'économie et la comptabilité est exercée mutuellement
et de façon égalitaire.
L'hypothèse maintenue, à raison de 67,7 %
des personnes interviewées, est celle justifiant une relation
d'impact exercée par Le cadre institutionnel de l'économie
sur la comptabilité tunisienne.
La décortication du cadre institutionnel de
l'économie en trois éléments, permet de
dégager les raisons et le degré d'une telle influence
exercée, par le marché, le contexte légal
et le référentiel socioculturel, sur la
comptabilité.
Selon 67,7 % des enquêtés, le construit
comptable subit toujours l'influence des mouvements transactionnels. Ceci
confirme la position adoptée par les experts comptables
interviewés puisqu'ils considèrent, à raison de 61,3 %,
que le marché est essentiellement une source des problèmes
comptables à normaliser.
Pour 46,8 % des experts comptables interviewés,
la comptabilité traduit, parfois, la régularité du
fonctionnement du marché. Respectivement, selon 54,8 % et 53,2
% des intervenants, le marché agit, d'une manière
contingente, sur la comptabilité en tant, qu'utilisateur
d'information et garant de la transparence financière, et lieu de
conditionnement de la normalisation comptable. Pour traduire convenablement la
régularité
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du fonctionnement du marché, le marché tunisien
doit être assez développé et efficient pour pouvoir agir
sur la comptabilité tunisienne et stimuler la régulation
du marché, en tant qu'utilisateur d'information et garant de la
transparence financière, et lieu de conditionnement de la normalisation
comptable. .
Selon 51,6 % des questionnés, le marché agit sur la
comptabilité, de façon contingente,
en tant que lieu de conditionnement de l'intensité des
données à traiter par la comptabilité.
L'analyse des raisons d'influence exercées par le
contexte légal sur la comptabilité révèle
que respectivement, 77,4 % et 64,5 % des enquêtés,
pensent que le cadre réglementaire agit sur la
comptabilité, essentiellement, en tant que source de
réglementations économiques et financières, et moyen de
garantie de la sécurité des transactions. Pour 35,5 % des
interviewés, le contexte légal influence, de façon
contingente, la comptabilité pour pouvoir assurer la cohérence
et l'harmonie avec ses autres composantes. Enfin, 46,8 % des intervenants,
estiment que le contexte légal influence, de manière
supplétive, la comptabilité
en tant que source de concrétisation de
l'intérêt général.
La comptabilité est un sous produit du droit fiscal, du
droit commercial et du droit des sociétés. En effet,
l'enquête confirme ce raisonnement, respectivement, à raison de
48,4 %,
de 37,1 % et de 56,5 % des experts comptables
questionnés. Cependant, 51,6 % des
interviewés estiment que le droit pénal est
totalement indépendant de la comptabilité.
La comptabilité traduit parfois, à raison
de 48,4 % des questionnés, l'éthique contractuelle.
Ceci sera de plus en plus confirmé, puisque respectivement, selon 66,1 %
et
45,2 % des enquêtés, la déontologie
professionnelle et l'éthique de représentation agissent, parfois,
sur le construit et la production comptable.
Enfin, on peut dire que la comptabilité tunisienne est
à caractère émergent, regroupant
à la fois, des caractéristiques culturelles
continentales et anglo-saxonnes, parfois adaptées aux
spécificités socioculturelles tunisienne.
L'objectif de notre recherche étant de
déterminer la nature de la relation entretenue entre le cadre
institutionnel de l'économie et la comptabilité à travers
l'approbation de l'une des hypothèses de résultat suivantes :
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· le cadre institutionnel de l'économie
conditionne les choix comptables.
· la comptabilité a des impératifs
qui sont indépendant du cadre institutionnel de
l'économie.
· La comptabilité comporte des
éléments spécifiques et des éléments
d'adaptabilité par rapport au cadre institutionnel de
l'économie.
La confirmation de l'une des hypothèses de
résultat annoncées doit nécessairement passer par la
confrontation des différents axes du cadre institutionnel de
l'économie avec les éléments de comptabilité
dégagés dans le modèle de recherche.
Le marché et la comptabilité
tunisienne
Le marché semble être déterminant, pour le
traitement des opérations d'exploitation et d'investissement (54,8 %),
pour la structuration et la production des états de synthèses
(50%)
et des inputs aux traitements comptable (58,1 %) et lors
de l'utilisation de la comptabilité
comme outil de prise de décision (62,9 %) et de
communication (50 %).
Il est par contre, d'influence contingente voir
limitée, pour la conceptualisation et le respect des critères
de qualité de l'information (45,2%) et des hypothèses et
conventions comptables (54,8 %), pour la production des autres
informations (56,5 %) et lors de l'utilisation de la
comptabilité en tant qu'outil de contrôle des
réalisations (51,6 %) et de positionnement (56,5%).
Pour conclure, on peut dire que la
première hypothèse de résultat (le cadre
institutionnel de l'économie conditionne les choix comptables) est
vérifiée pour le marché, mais à des proportions
variables suivant l'élément de comptabilité à
traiter.
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