1-2-3 Le marché du travail
Dans le marché du travail appelé aussi
marché de l'emploi, l'offre de travail (ou la demande d'emploi)
est constituée de la population active à la recherche d'un emploi
rémunéré.
La demande de travail (ou l'offre d'emploi) provient de
tous les agents économiques et
notamment des entreprises. Ce marché permet
d'indiquer le niveau du salaire et celui de l'emploi
Le travail est une activité humaine
rémunérée qui consiste à produire des biens
et services en vue de satisfaire des besoins. Il se manifeste
par l'effort physique, les connaissances, la créativité
et le dynamisme que les être humains mettent à la disposition de
l'entreprise. Il est le dénominateur commun à tous les produits
car on ne peut concevoir de production possible sans travail.
Le volume de la production à l'échelle
d'une nation dépend de la quantité de travail
engagée dans cette production. Celle-ci dépend, non
seulement de la population active occupée, mais aussi de la
durée du travail.
« La population active est définie comme
l'ensemble des personnes susceptibles de concourir à l'accroissement
de la production dans une économie à un moment donné. Elle
est déterminée à partir d'une variable
démographique : la population totale. Seule une partie de cette
population est susceptible d'offrir du travail : en effet, en
considérant la population totale,
il faut exclure, outre ceux qui sont âgés de moins
de 15 ans, les scolarisés, les retraités, les
femmes au foyer, les travailleurs bénévoles
n'exerçant pas une activité rémunérée, etc.
Toutes ces personnes font partie de la population inactive
».29
Plusieurs facteurs peuvent agir sur le volume de la population
active qui varie dans le temps :
- l'accroissement naturel de la population calculé comme
étant la différence entre
les naissances et les décès, il est
à la source d'une variation de la population active. Un
accroissement élevé peut provoquer une importante offre de
travail, alors qu'un faible accroissement risque au contraire de la
réduire ;
29 MOHAMED EL AMINE HAMMAS, Cours d'introduction
à l'économie, FSEGT, 1997.
31
- les mouvements migratoires influencent à la hausse ou
à la baisse le volume de
la population active. Les travailleurs immigrés
accroissent le nombre des actifs alors que les travailleurs
émigrés le réduisent ;
- le développement du travail de la femme,
la scolarisation des jeunes,
l'allongement de la durée des études, la tendance
à la baisse de l'âge de retraite, ..., modifient
profondément la population active.30
Ainsi, la population active comprend les personnes qui
exercent ou qui cherchent à exercer une activité
professionnelle rémunérée. Elle se compose donc :
- des actifs occupés.
- des actifs inoccupés (chômeurs).
« La définition et la mesure du
chômage dans l'économie a fait l'objet d'une grande
discussion dans la pensée économique. Pour certains
économistes (classiques et néo- classiques) le
chômage est une situation de non emploi volontaire. Pour d'autre
(keynésiens, marxistes) le chômage est une situation de non emploi
involontaire qui est due à l'incapacité
des activités économiques à répondre
à toutes les demandes d'emplois ».31
Pour simplifier, on peut dire que le chômage est
la situation de non emploi de la population économiquement
active qui peut être essentiellement involontaire à cause
du décalage entre la croissance de la population
économiquement active et les possibilités d'emplois offertes
par l'économie. Le chômage peut prendre l'une des formes suivantes
:
- le chômage structurel : c'est la forme du
chômage qui est due au décalage
prolongé entre l'offre de travail et la demande de
travail. C'est la situation qui caractérise les pays
sous-développés à cause de la faiblesse de leurs
activités économiques pour faire face aux demandes d'emplois.
- le chômage conjoncturel (ou le sous-emploi) : c'est la
situation de non emploi limité de l'activité économique ou
d'un caractère saisonnier et périodique de l'activité.
Cette forme peut aussi correspondre au chômage qui résulte des
récessions et crises économiques.
Le chômage conjoncturel est appelé chômage
technique quand il résulte d'un changement des
techniques de production et de la technologie qui entraîne
le remplacement des travailleurs par les machines.
30 MOHAMED EL AMINE HAMMAS, Cours d'introduction
à l'économie, FSEGT, 1997.
31 MOHAMED EL AMINE HAMMAS, Cours d'introduction
à l'économie, FSEGT, 1997.
32
- le chômage déguisé : c'est la situation de
l'emploi dans des activités marginales
ou dans des activités à très faible
niveau de productivité. Cette forme de chômage
déguisé caractérise une partie de l'emploi dans les pays
sous-développés.32
La quantité de travail engagée dans la
production ne dépend pas seulement de la population active
occupée, mais aussi de la durée du travail. En effet, la
diminution de la durée légale de travail (passage pour
certaines activités de 48 heures à 40 heures par
semaine), l'augmentation de la durée des congés
payés ou le développement du temps partiel sont de nature
à entraîner une demande plus forte du travail de la part des
entreprises ce qui peut se traduire par une augmentation du nombre d'emplois
offerts. En revanche, l'allongement de la durée de travail peut
conduire, pour les mêmes besoins en travail, à la baisse
des effectifs occupés.
Outre les aspects quantitatifs du travail, les
entreprises ont besoin d'une quantité de travail qualitativement
définie. En effet, leur activité nécessite le
recours à certaines qualifications et compétences,
à des savoir-faire particulier selon la nature des taches
à réaliser.
« La notion de qualification a acquis une reconnaissance
sociale au travers de la mise en place d'un système de classification.
Celles-ci définissent, pour partie, les conditions d'accès
à l'emploi ; elles servent à établir un ordre des
rémunérations ; elles apportent une contribution à
la définition des taches et à la
construction d'une progression professionnelle. (...) La
qualification présumée requise pour occuper tel
poste de travail constituait la référence d'une méthode de
classement par filières qui supposait de procéder à
l'inventaire de tous les emplois, d'identifier la filière de
l'emploi considéré (fabrication, entretien,
comptabilité, secrétariat, etc.), et de l'insérer au bon
niveau de coefficient en le comparant à des postes repères
».33
Ainsi, la qualification des travailleurs comprend
l'ensemble des connaissances théoriques et pratiques
nécessaires pour exercer un travail ; elle tient compte des
aptitudes acquises aussi bien par une formation initiale reçue dans le
cadre scolaire et universitaire que par une formation professionnelle requise
par le poste de travail.
32 MOHAMED EL AMINE HAMMAS, Cours d'introduction
à l'économie, FSEGT, 1997.
33 ROLAND LE BRIS et JEAN-CHRISTOPHE LE
DUIGOU, Demain, l'emploi : travail, emploi et salariat, quelle nouvelle
dynamique ? , Les éditions de l'atelier, 1998, p.30.
33
Pour conclure, on peut dire que le marché du
travail permet d'estimer la valeur de
chaque salarié : il fonde la notion
d'employabilité. Tout se passe comme si, à chaque moment ,
un salarié pouvait se retrouver sur le marché du
travail. Il lui importe alors de maintenir sa compétence et son
savoir-faire, de manière à s'assurer qu'il serait toujours «
employable » s'il
se trouvait sur le marché du travail. Ce dernier
agit donc comme un révélateur de la
compétence des salariés en les conduisant à
se comparer de manière permanente à la demande
de travail. La littérature managériale analyse
plus particulièrement en quoi cette pression du marché du travail
s'exerce sur les dirigeants d'entreprise : sur un marché du travail
étroit, ils ont intérêt à prouver qu'ils sont
efficaces pour obtenir les meilleures places dans les meilleures entreprises.
D'où un intérêt personnel pour augmenter les
performances de la firme qu'ils
dirigent.34
Après avoir brièvement abordé l'un des axes
du cadre institutionnel de l'économie, qui
est le marché, il conviendrait maintenant d'attaquer le
deuxième axe, prédéterminant lui aussi,
il s'agit du contexte légale ou réglementaire de
l'économie.
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