1-2-2 Le marché de capitaux
Le marché de capitaux met en relation les
agents à capacité de financement
(essentiellement les ménages) qui sont des offreurs
de capitaux et les agents à besoins de financement
(essentiellement les entreprises) qui sont les demandeurs de capitaux.
Pour Mohamed Tahar Rajhi (1998), « les
marchés financiers permettent aux agents économiques
à excédents de capitaux, de placer leurs liquidités
et aux agents à déficits de capitaux d'emprunter sur ces
marchés. Généralement, on distingue d'un
coté, le marché monétaire et de l'autre coté, le
marché financier proprement dit ».20
Pour établir une adéquation entre
capacité et besoin de financement, deux sortes de financement
sont possibles :
- un financement indirect : L'intermédiation
est assurée dans ce cas par l'ensemble des institutions
financières (banques, assurances, sociétés
d'investissement, etc.), mais essentiellement par les établissements
bancaires.
19 MOHAMED EL AMINE HAMMAS, Cours d'introduction
à l'économie, FSEGT, 1997.
20 MOHAMED TAHAR RAJHI, Cours de gestion
financière, 1ère édition Rajhi, 1998,
p.122.
23
- un financement direct : dans ce cas, les agents
à besoin de financement se procurent directement les capitaux
sur le marché financier auprès des agents à
capacité de financement.
1-2-2-1 La finance indirecte
Les agents à capacité de financement qui
désirent prêter et ceux à besoin de financement qui
souhaitent emprunter ne sont pas en relation directe. Le
système bancaire, dont le rôle principal consiste à
assurer le financement de l'économie, assure la canalisation de
l'épargne vers l'investissement. Les banques reçoivent les
dépôts effectués par les épargnants, elles
réintroduisent, ensuite les fonds dans le circuit économique
quand elles accordent des crédits.
Toutefois, les prêteurs et les emprunteurs, n'ont pas les
mêmes souhaits en matière de liquidité : les
épargnants confient, en général, leurs ressources pour des
échéances courtes afin
de pouvoir récupérer leurs fonds en cas de
besoins. Les emprunteurs, au contraire, désirent profiter de
prêts à long terme pour financier leurs investissements. En
s'interposant entre eux,
les banques concilient les exigences des uns et des autres en
transformant les dépôts à court terme en crédits
accordés à moyen ou long terme.
La finance indirecte s'effectue essentiellement au niveau
du marché interbancaire qui constitue l'un des compartiments du
marché monétaire.
Le marché monétaire est le marché des
capitaux à court et moyen terme. On distingue deux compartiments :
- le marché interbancaire ; et
- le marché des titres de créances
négociables.
Pour Mohamed Tahar Rajhi (1998), « Le marché
interbancaire a pour objet essentiel d'équilibrer les
trésoreries quotidiennes et à court terme des banques en
compensant les besoins des unes (emprunteuses) par les excédents des
autres (prêteuses)».21
Ainsi, le marché interbancaire apparaît comme le
mécanisme régulateur entre les entrées
de capitaux constitués essentiellement par les
épargnes collectés des ménages et les sorties de capitaux
constituant principalement des sources de financement de l'économie
nationale.
21 MOHAMED TAHAR RAJHI, Cours de gestion
financière, 1ère édition Rajhi, 1998,
p.122.
24
Le marché interbancaire met en rapport les institutions
bancaires ; il permet aux banques
qui ont un besoin de liquidités (en monnaie
centrale) de se procurer auprès des banques à
excédent de monnaie centrale. Une confrontation se réalise
quotidiennement entre les banques.
Si les soldes débiteurs et créditeurs obtenus
sont égaux, la compensation est dite totale. Mais dans le cas
contraire, la banque excédentaire cherchera à placer ses
liquidités, la banque déficitaire devra trouver un emprunt
à court terme.
1-2-2-2 La finance directe
Les agents à capacité et à besoin de
financement établissent entre eux des relations directes sans
intermédiaires financiers. L'agent ayant un besoin de financement
émet des titres
à destination de l'agent qui désire placer son
épargne. Ces titres sont vendus sur un marché de
capitaux qui comporte un marché monétaire et un
marché financier.
a. Le marché monétaire
Le marché monétaire de capitaux est le lieu dans
lequel les transactions portant sur des actifs à court et moyen terme.
Les offreurs cherchent à placer leurs capitaux à court et moyen
terme et les demandeurs sont à la recherche de liquidités.
A l'origine, ce marché était exclusivement
réservé aux banques, mais depuis quelques années, il est
ouvert aux agents non financiers qui désirent prêter ou emprunter
des liquidités. Comme nous l'avons signalé, le marché
monétaire contient deux compartiment ; L'un est
réservé aux banques : c'est le marché interbancaire ;
L'autre par contre est ouvert à tous les agents économiques :
c'est le marché des titres de créances négociables.
Comme nous l'avons dit, le marché interbancaire constitue
un catalyseur entre le besoin
de financement et la capacité de financement des
ménages. Vue sous cet angle, ce marché représente
une source de finance indirecte. Par contre, lorsque ce marché est
interpréter entant que lieu de confrontation entre banques ; il
constitue une source de financement directe inter
25
banques. Précédemment analyser, le marché
interbancaire ne sera pas aborder dans ce qui suit, même s'il
représente une source de financement interne entre banques.
Le deuxième compartiment du marché
monétaire ; le marché des titres de créances
négociables (ou marché monétaire au sens large) est un
type de marché ouvert à tous les agents économiques. Les
liquidités s'échangent contre la remise d'une garantie
représentée par des titres à court et moyen terme.
Pour Mohamed Tahar Rajhi, le marché des titres de
créances négociables « permet en principe à tous les
agents économiques d'accéder au marché unifié des
capitaux allant du très court terme au long terme. Ce qui est de
nature à favoriser les opérations de marché par
rapport à celles effectuées par l'intermédiaire des
banques. En effet, l'intermédiation directe favorise la concurrence par
l'accroissement du nombre d'intervenants et des titres émis sur le
marché et diminue le coût de transactions
».22
Les titres émis sur ce marché, différent
selon l'émetteur on distingue :
- les certificats de dépôt qui sont émis par
les banques.
- les billets de trésoreries qui sont émis
par les agents non financiers et notamment les entreprises.
- les bons de trésor qui sont émis par l'Etat.
Selon Mohamed Tahar Rajhi, les certificats de
dépôt sont des titres négociables et mobilisables qui
permettent le refinancement des banques à un taux d'intérêt
inférieur à celui
du marché monétaire. Ce sont des instruments de
placement qui présentent un degré de risque
inférieur à celui des billets de trésorerie,
mais supérieur à celui des bons de trésor.
Les billets de trésoreries ont été
introduits en France en 1985. Ils ont été inspirés
du
``commercial paper'' américain crée il y a
environ un siècle et demi. Il s'agit d'un titre de
créance négociable, émis au pair, d'un montant minimum et
pour une certaine durée.
22 MOHAMED TAHAR RAJHI, Cours de gestion
financière, 1ère édition Rajhi, 1998,
p.123.
26
Enfin, les bons de trésor sont des titres de
créances mobilisables qui offrent une rémunération
proche de celle du marché monétaire. Ces titres présentent
l'avantage d'être très liquides et peu risqués par rapport
aux autres formes de placement à court terme.23
b. Le marché financier
Le marché financier est le marché des capitaux
à long terme. Il est le lieu privilégie de la finance directe
car les emprunteurs et notamment les entreprises ont besoin avant
tout de ressources de long terme pour financer leurs investissements.
Ils offrent des titres en contrepartie des capitaux qu'ils
désirent se procurer. Ce marché permet donc de drainer
l'épargne vers des placements à long terme.
Ainsi, le marché financier est, par
définition, le lieu où s'échangent les valeurs
mobilières, obligations, actions, titres de rente. C'est un
marché ouvert à toutes les catégories d'agents
économiques, financiers et non financiers : institutions
financières, Etat, ménages et entreprises. C'est un
marché de titres longs qui se différencient de deux
autres marchés de capitaux :
- à la différence du marché des
crédits bancaires qui peuvent aussi porter sur des
financements longs, le marché financier porte sur
des titres (donc négociables) et non des crédits ;
- à la différence du marché monétaire
qui porte aussi sur des titres négociables,
les titres correspondent à des financements longs
(sept ans au moins), alors que le marché monétaire porte
sur des titres courts.24
Pour Mohamed Tahar Rajhi, « le marché
financier est le marché des capitaux à long terme
où se négocient des titres, appelés valeurs
mobilières, contre de l'argent ».25 On distingue
deux catégories de titres :
- les titres de la famille des actions ou titre de capital ;
et
- les titres de la famille des obligations ou les
titres de créances. Les titres représentatifs des capitaux
propres sont :
23 MOHAMED TAHAR RAJHI, Cours de gestion
financière, 1ère édition Rajhi, 1998,
p-p.123-128.
24 JEAN PIERRE FAUGERE et COLETTE VOISIN, Le
système financier français : crises et mutations, Nathan,
1997.
25 MOHAMED TAHAR RAJHI, Cours de gestion
financière, 1ère édition Rajhi, 1998,
p.133.
27
- les actions ordinaires ;
- les actions à dividende prioritaire (ADP)
;
- les certificats d'investissement (CI).
Les actions ordinaires sont des titres de propriété
portant sur une partie du capital social
de l'entreprise émettrice. Celui qui détient des
actions devient un actionnaire de l'entreprise. Il
a droit à une partie des bénéfices
distribués appelée dividende ; il a aussi le droit de participer
aux décisions prises au sein de l'entreprise.
La deuxième catégorie de titres
représentatifs de capitaux propres sont les actions à
dividende prioritaire (ADP). Ce type d'action bénéficie de
certains avantages par rapport aux actions ordinaires puisque leurs
détenteurs ont le droit de percevoir des dividendes prioritaires sur le
bénéfice distribué. Un dividende minimum auquel doivent
être rémunérées les ADP est garanti. Ce type
particulier d'action permet aux entreprises d'obtenir des fonds sans perdre le
contrôle puisque les titulaires de ces titres n'ont aucun droit
de regard sur l'activité de l'entreprise.
Enfin, les certificats d'investissement sont des titres
négociables qui procurent à leurs détenteurs les
mêmes droits que ceux qui sont rattachés à l'action
ordinaire mais ne leur permettent pas de prendre part à la vie
sociale de l'entreprise. C'est ainsi que ces titres, comme
les ADP, donnent aux entreprises la possibilité de
développer leurs fonds propres en faisant appel aux capitaux
extérieurs sans que ces opérations puissent exercer une
influence sur le contrôle de l'entreprise.
Par contre, les titres de la famille des obligations,
considérés comme des titres représentatifs de
créances sont essentiellement :
- les obligations ;
- les obligations convertibles en actions (OCA) ;
- les titres participatifs (TP).
Les obligations sont des titres non pas de
propriété comme les actions, mais des titres de créance
à long terme émis par des entreprises ou par l'Etat lorsqu'ils
empruntent des capitaux
à long terme. Les détenteurs de ces titres
appelés obligataires deviennent leurs créanciers ; ils
ont le droit de percevoir un intérêt dont le
taux est déterminé lors de l'émission des
titres.
28
Contrairement aux actions qui sont des titres à revenu
variable, les obligations sont des titres à revenu fixe puisque le
revenu perçu ne dépend pas du niveau des bénéfices
de l'entreprise.
Les obligations convertibles en action (OCA) sont des
obligations permettant à leur porteur de devenir actionnaire selon
des modalités prévues au contrat d'émission. Les OCA
bénéficient des mêmes avantages offerts par les
obligations tant que le détenteur n'a pas eu recours à leurs
reconversions en action ordinaire.
Enfin, les titres participatifs (TP) sont des
obligations perpétuelles. Ces titres ne sont remboursables qu'en
cas de liquidation de la société émettrice ou
à son initiative. La rémunération de ce type d'action
comporte une partie fixe et une partie variable, contrairement aux obligations
et aux OCA dont leur rémunération est fixe.26
L'ensemble des titres et obligations précisés ci
dessus, doivent nécessairement passer par
au moins l'un des compartiments du marché primaire
(marché des émissions), avant d'être
échangé sur le marché secondaire (marché des
transactions).
Le marché primaire est le marché des
émissions de titres nouveau. Les entreprises peuvent directement
faire un appel public à l'épargne pour obtenir des
capitaux nécessaires afin de répondre à leurs
besoins de financement sur le long terme. En contre partie des
capitaux recueillis sur ce marché, elles émettent des valeurs
mobilières qui matérialisent les droits des acquéreurs de
ces titres.
« Pour les obligations, le marché primaire
ne fonctionne que lors du placement des obligations par appel public
à l'épargne par les intermédiaires financiers. Pour les
actions, il fonctionne soit lors de la constitution de la
société, soit lors des augmentations de capital en
numéraire ».27
Par contre, le marché secondaire (appelé
aussi bourse des valeurs mobilières) est un marché dans
lequel s'effectuent les transactions de titres déjà émis.
Les détenteurs de titres ont
la possibilité de récupérer des
liquidités sans attendre l'échéance ; ils peuvent alors
échanger
leurs titres en bourse avec des agents qui
veulent les acquérir à un prix appelé
26 MOHAMED TAHAR RAJHI, Cours de gestion
financière, 1ère édition Rajhi, 1998,
p-p.133-135.
27 MOHAMED TAHAR RAJHI, Cours de gestion
financière, 1ère édition Rajhi, 1998,
p-p.138-139.
29
``cours'' déterminé sur ce marché. Ce
cours peut être supérieur ou inférieur à la
valeur nominale : dans le premier cas, l'agent réalise une plus-value
alors que dans le second cas, il subit une moins-value. L'évolution des
cours des différentes valeurs négociées en bourse est
mesurée par un indice général et le fonctionnement de la
bourse en étant réglementé.
La cotation d'une valeur mobilière en bourse
présente des avantages tant pour l'émetteur que pour le
souscripteur (l'investisseur). L'intermédiation est assurée par
des intermédiaires en bourse agrées par les autorités de
marché.
Pour l'entreprise, la cotation à la bourse fournie
plusieurs privilège à savoir :
- bénéficier d'un accès au moindre
coût aux diverses sources de financement offerte par la bourse. En
effet, à un stade de son développement, les capitaux
nécessaires ne peuvent plus être apportés par les seuls
actionnaires fondateurs. En plus, les possibilités des crédits
bancaires à long terme sont souvent limitées et coûteuses
(taux d'intérêt élevé). C'est alors que
l'épargne publique prend le relais des actionnaires d'origine.
- obtenir plus de notoriété et améliorer
l'image de marque de l'entreprise vis à vis
de l'extérieur : clients, fournisseurs, partenaires
financiers, etc.
- faciliter la négociation des actions de l'entreprise
puisque la valeur de marché
de l'action sert comme référence lors des
négociations de fusions, concentration et rachats.
- la cotation à la bourse constitue une source
de motivation des salaries de l'entreprise. Certaines entreprises
distribuent à leurs salariés une partie du capital social sous
forme de titres négociables (des stocks-options). Dans ce cas,
l'introduction en bourse permet
de modifier le climat social en augmentant le degré
d'intégrité des salariés.
Pour les investisseurs, la cotation d'une valeur en
bourse permet d'offrir de réelles opportunités à
savoir :
- diversifier leur patrimoine afin de répartir le
risque.
- la cotation donne aux actionnaires la possibilité de
vendre à tout moment leurs titres et réaliser une plus-value.
- faciliter le transfert de propriété lors de la
succession du ou des fondateurs.28
28 MOHAMED TAHAR RAJHI, Cours de gestion
financière, 1ère édition Rajhi, 1998,
p-p.136-137.
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