INTRODUCTION A LA PARTIE
Hiré est une sous-préfecture de la région
aurifère Dida définie par Sonnendrucker, 1969. Les conditions
géologiques de cette région y ont favorisé un potentiel
minier riche et diversifié. Exploité de façon artisanale
puis semi-industrielle avant l'indépendance, l'exploitation de l'or
depuis 2008 se fait aussi bien sous forme industrielle que sous forme
artisanale. L'activité minière dans sa pratique crée des
empreintes spatiales. Aussi la distribution cartographique des sites
d'exploitation et la description de la pratique de celle-ci sont-elles
essentielles dans cette étude. Cette première partie s'attelle
dans son chapitre 1 à exposer la distribution des sites d'exploitation.
Le deuxième chapitre porte sur la pratique de l'activité
minière. Il consiste à décrire les deux types
d'exploitation aurifère qui ont cours à Hiré. Le
troisième chapitre traite des modifications observables dans
l'organisation spatiale de la sous-préfecture de Hiré du fait de
l'activité aurifère.
63
CHAPITRE 1 : DISTRIBUTION SPATIALE DES SITES MINIERS
DE HIRE
INTRODUCTION AU CHAPITRE
L'exploitation aurifère qui avait été
mise en veilleuse depuis les années 1960 dans la région de
Hiré, connait une nouvelle dynamique. Depuis 2008 avec l'ouverture de la
mine de Bonikro, deux formes d'exploitation minière ont cours à
Hiré : l'exploitation artisanale ou orpaillage et l'exploitation
industrielle. Les sites occupés par ces activités minières
se localisent dans la sous-préfecture, le chef-lieu de
sous-préfecture, dans les villages et campements de la
sous-préfecture de Hiré.
1.1. HIRE : UNE RICHESSE GEOLOGIQUE ET HISTORIQUE 1.1.1.
Une géologie favorable à la formation de minerai
aurifère
Les données géologiques font état que
deux tiers du territoire ivoirien sont couverts par des formations
réputées riches en minerais. Cette minéralisation
diversifiée est estimée à 2,740 milliards de tonnes de
minerai de fer ; 298 millions de tonnes de minerai de nickel, 1,214 milliards
de tonnes de de bauxite, 7,5 millions de tonnes de manganèse, 145 tonnes
de colombo-tantalite, plus de 10 millions de carats de diamant et 600 tonnes
d'or.
Géologiquement, la Côte d'Ivoire se situe dans le
craton ouest africain, précisément dans la dorsale de Man
(Bessoles, 1977). Elle est formée à 2,5% par un bassin
sédimentaire côtier étroit d'âge Secondaire-Tertiaire
et à 97,5% par un socle précambrien structuré entre 3450
et 1026 Ma (Potin et al, 2000).
Les formations précambriennes de la Côte d'Ivoire
sont distribuées dans deux domaines d'âges différents,
séparés par la faille de Sassandra (Bessoles, opc) : un domaine
archéen à l'ouest ou domaine Kenema-Man structuré par les
orogénèses léonienne (3500-2900 Ma) et libérienne
(2900-2500Ma) et un domaine protézoïque à l'est ou domaine
Baoulé-Mossi auquel appartient notre zone d'étude. La
structuration de ce second domaine est encore sujette à discussion.
Toutefois, pour certains auteurs comme (Tagini, 1971 ; Yacé, 1993), la
structuration s'est faite au cours d'une unique orogénèse,
l'Eburnéen (2500-1600 Ma), d'autres par contre (Lemoine, 1988) proposent
une mise en place au cours de deux orogénèses, le Burkinien
(2400-2150Ma) et l'Eburnéen (2120-1800 Ma).
64
Le domaine protérozoïque de la Côte d'Ivoire
est caractérisé par une prédominance de roches felsiques
et par un métamorphisme épi à mésozonal. Il se
subdivise selon Papon (1973) en deux zones distinctes : la zone de type SASCA
situé dans le Sud-Ouest du pays où les formations
archéennes sont bien conservées et la zone de type
géosynclinal, qui occupe le reste du domaine. Les formations de la
seconde zone sont attribuées au biriméen (Arnould, 1961 ;
Bonhomme, 1962). Elles se présentent sous forme de sillons
sédimentaires et volcano-plutonique généralement
orienté NE-SW et séparés par des granitoïdes
orientés à équants. Les gisements aurifères
ivoiriens (Tongon, Agbaou, Bonikro, Angovia, Afema, etc.) sont
généralement situés dans le domaine
protérozoïque. Quant au gisement aurifère de Ity, il est
situé dans le sillon de Toulépleu-Ity d'âge Birimien
(Feybesse et Milési, 1994 ; Feybess et al, 1990) en plein domaine
archéen.
Les ressources aurifères de la Côte d'Ivoire sont
à ce jour exploitées de façon industrielle par cinq
différentes sociétés minières dispersées sur
l'ensemble du territoire (voir tableau 2).
Tableau 2 : les différentes compagnies
minières exploitants l'or en Côte d'Ivoire
N° Permis d'exploitati on
|
Société d'exploitation
|
Actionnaire principal
|
Localisation en Côte d'Ivoire
|
26
|
Société des Mines d'Ity (SMI)
|
La Mancha (France)
|
Ity- Zouan Hounien (Danané)
|
32 et 44
|
LGL Mines SA! NEWCREST-Hiré.CI
SA
|
NEWCREST Mining Limited (Australie)
|
Bonikro - Hiré (Divo)
|
37
|
Agbaou GoId Operations SA
|
Endeavour Mining Limited (Canada)
|
Agbaou-Hiré (Divo)
|
34
|
Tongon Mines SA
|
Randgold Ressources Limited (Afrique du Sud)
|
Tongon - M'Bengué (Korhogo)
|
43
|
Afema Gold
|
Sodium! Teranga
|
Afema (Aboisso)
|
Source : Direction générale des mines,
2016
La production aurifère nationale est de plus en plus
croissante et l'objectif de l'Etat est de faire passer son poids dans le PIB de
1% à 5% en 2020. Des cinq permis d'exploitation en cours en Côte
d'Ivoire (figure 3), la sous-préfecture de Hiré concentre
à elle seule deux permis d'exploitation.
Hiré est située dans une zone du
précambrien moyen birimien avec faciès géosynclinaux
éburnéens complexe volcano sédimentaires, schisteux,
tuffacés ou indifférenciés. Cette sous-préfecture
appartient à la région aurifère Dida ; située dans
la partie méridionale de la ceinture orogénique des roches vertes
de Fettékro encore appelée Oumé-Fettékro et compte
trois gisements d'or à savoir Bonikro, Hiré et Agbaou.
Les sols sont de type ferralitique moyennement ou faiblement
désaturés, remaniés, gravillonnais. Le Birimien de
Hiré est fait de formations sédimentaires et
volcano-sédimentaires intensément plissées et
métamorphisées dans le faciès schiste vert pouvant
localement atteindre la mésozone (Bonhomme, opc ; Sonnendrucker, opc).
Il se compose de volcanites acides, neutres et basiques, d'arkoses, de schistes
arkosiques, de conglomérats et de sédiments associés
(Sonnendrucker, opc). D'importantes masses de granodiorites, de diorites
quartziques et biotites instrument ces formations (Archambault, 1935 ;
Chermettes, 1935). Cette région est constituée d'une large bande
de roches vertes orientée NE et encadrée de granitoïdes
récents. A cet ensemble est associée une phase unique de
déformation progressive autour de 2100 Ma (Yacé, 1982)
contribuant ainsi à la mise en place de plis serrés à
tendance NNE et ayant subi un métamorphisme.
Les minéralisations aurifères dans cette
région se présentent sous deux aspects :
- à Agbaou, l'or est au contact entre volcanites magiques
et les volcano-sédiments (Houssou, opc) tandis qu'à ;
65
- Bonikro et Hiré, des plutons granitiques occupant ces
contacts qui contrôlent l'or.
66
Figure 3 : sites d'exploitation aurifère en
Côte d'Ivoire en 2016
Source : nos enquêtes, 2015
67
1.1.2. Historique de l'activité minière
dans la sous-préfecture d'Hiré
L'exploitation artisanale de l'or est une activité
très ancienne qui a été la première cause de
migration à Hiré. En effet, dès 1920, des migrants
originaires principalement du Centre et du Nord du pays (Baoulé et
Dioula) ont accouru vers Hiré qui n'était alors qu'un petit
village, à la recherche de l'or (Kouadio, 2008). Ces migrants venaient
principalement des autres localités du pays où les
réserves étaient épuisées, ainsi que des pays
voisins. L'or amassé à cette époque servait à la
fabrication de parures traditionnelles de valeur (les bagues en or, les
chaînes en or, les bracelets en or, les boucles d'oreilles) qui
étaient vendues sur le marché local et dans les localités
environnantes. Ces orpailleurs avaient aussi des qualités de grands
orfèvres. Les activités étaient structurées et
réparties selon les spécialités. Pendant que certains
cherchaient de l'or, d'autres restés au village s'occupaient de sa
transformation en parures et d'autres encore s'occupaient de sa
commercialisation.
Cependant, à la fin des années 1940, la
dynamique de cette activité attire l'attention des Français du
bureau minier colonial. Ceux-ci implantent donc à Hiré une
exploitation semi-industrielle et interdisent puis mettent fin à toute
activité d'exploitation artisanale de l'or. Les orpailleurs sont
désormais des ouvriers à la solde des colons dans les sites
d'exploitation. L'exploitation semi-industrielle réoriente
l'activité économique des populations vers le binôme de
cultures café-cacao qui faisaient son entrée dans la zone, la
richesse du sol ayant facilité cette reconversion. Puis, après la
fermeture de cette mine semi-industrielle, l'activité minière a
été mise en veilleuse quoique pratiquée de façon
clandestine par certains.
Cette exploitation aurifère connait toutefois depuis
2008 une nouvelle dynamique. En 1996, l'Etat de Côte d'Ivoire octroi un
permis de recherche de l'or selon le décret n° 96-668 du 28
août 1996 dans la région d'Oumé-Divo. Ce permis de
recherche a abouti à la découverte d'une mine
économiquement exploitable qu'est la mine de Bonikro. Ainsi, depuis
2008, avec l'ouverture de la mine de Bonikro, deux formes d'exploitation
minière ont cours à Hiré : l'exploitation artisanale ou
orpaillage et l'exploitation industrielle qui occupent chacune des sites qui
lui sont propres.
1.2. UN ESPACE LOCAL OCCUPE PAR LES
ORPAILLEURS
Les sites d'orpaillage sont dispersés à travers
la sous-préfecture (figure 4). Ce sont des sites qui sont
abandonnés après épuisement du minerai puis de nouveaux
sites sont conquis. Le caractère clandestin de l'activité ne
permet pas de connaitre tous les sites de l'orpaillage. Ainsi avons-
68
nous visité huit sites que nous pouvons regrouper en
deux catégories : les sites d'orpaillage disséminés dans
les plantations et les sites d'orpaillages sur le permis miniers
(Agbalé, Assonguisso, Akissi-so et Chapelle).
1.2.1. Des sites d'orpaillage dispersés dans des
plantations et des jachères 1.2.1.1. Le site d'orpaillage
d'Assayé ou Doum
Le site d'Assayé est situé à environ 400
m de la ville, dans l'extension Est (dans le sens Divo-Oumé) du quartier
Assayè dont il porte le nom. L'extension de ce site menace d'ailleurs
les dernières concessions qui se situent maintenant à environ 50
mètres des exploitations. Assayé est un site ou l'extraction de
l'or se fait par creusement. Ce sont des sortes de puits à bord large
allant à 30 mètres de profondeur (photo 1).
|
Il existe plusieurs fosses sur le site, le présent
fait environ 10 m de tranchée.
|
Auteur photo : YOBO, 2015
Photo 1 : site d'orpaillage d'Assayé
|
|
Il existe plusieurs fosses sur le site, le présent fait
environ 10 m de tranchée, au fond elle est inondée.
Les types d'exploitation sur ce site sont le lavage à
la batée, le lavage simple et la recherche de roches riches en or. Selon
les acteurs interrogés, cela s'explique par la disponibilité de
l'eau. Le site d'Assayé se situe dans sa grande partie dans un bas-fond.
Cette caractéristique lui permet de contenir de l'eau en abondance sur
une longue période d'environ neuf mois (d'avril à
décembre). Lorsque le volume d'eau diminue ou tarie, les orpailleurs
s'adonnent à la recherche de l'or à travers les roches.
69
1.2.1.2. Le site d'orpaillage de Djangobo
Il est situé à environ 02 km de la ville sur
l'axe Hiré-Taabo. Ce site est également caractérisé
par une exploitation à ciel ouvert. Les types d'exploitation en vigueur
sont : le lavage simple et la recherche de roche contenant de l'or. Ce site
d'orpaillage bien qu'en partie situé dans un bas-fond, ne contient pas
autant d'eau que celui d'Assayé. C'est ce qui explique le fait que le
lavage à la batée n'est pas pratiqué sur ce site. Car il
faut préciser que le lavage à la batée nécessite
beaucoup d'eau. En revanche, la recherche de roche est plus pratiquée
sur ce site. C'est donc sur ce site qu'exerce la grande majorité des
petits exploitants. Les petites mares construites par les exploitants leur
permettent de pratiquer le lavage simple. Mais celui-ci s'arrête
dès l'avancée de la sécheresse car ces petites mares
tarissent.
1.2.1.3. Le site d'orpaillage sur la zone 1 du terroir de
Bouakako
Il est situé à environ 7 km de la ville sur
l'axe Hiré-Divo. Ce site est caractérisé par une
exploitation souterraine. Les orpailleurs de ce site descendent dans des puits
antérieurement creusés lors des premières extractions
artisanales d'or à Hiré. La profondeur de ces puits peut
atteindre parfois 20 à 25 mètres. Il existe des tunnels qui
relient les puits entre eux de sorte que l'ensemble constitue un réseau
souterrain dense. L'une des particularités de ce site est sa richesse en
or. Mais s'il est possible d'avoir un rendement élevé d'or sur ce
site, sa fréquentation est redoutée par la plupart des
orpailleurs. Vu le risque énorme d'accident (éboulement) que
présente ce site, la majorité des orpailleurs refusent d'aller y
travailler ; ce qui explique le fait que le site de Bouakako est peu
peuplé. On peut estimer à environ 100 personnes, le nombre
d'orpailleurs.
2444x9
248000
246000
211000
Legende
Points ASM laves au GPS
Limite de le ville
Ouerieers
lbia pnncpale ahanai
Leeds de loi et d ill
Faret nuée - Cantate
Ses-Sonda
Edidle
102
0 210
1000
1400+0
1:12 SN
1
je'
1 {
/ · i
} N 4
KKB.GIS I GES-COJ
None. Punie ASM Vile de Hoe_et pate 20011.0011
8
I
70
Figure 4: répartition des sites
d'orpaillage
Ville de Fli ré
POINTS D'EXTRACTION ET DE TRAITEMENT DU
MINERAI PAR LES ARTISANTS MINIERS
24404'. 245000 2I7CtC 248000
Source : NEWCREST, 2017
71
1.2.1.4. Les orpailleurs dans la zone 2 du terroir de
Bouakako
Le site de Bouakako 2 est situé à environ 300 m
de l'axe Divo- Hiré. C'est une palmeraie affectée par son
propriétaire pour l'exercice de l'orpaillage. Ce site est exclusivement
tenu par des femmes et des fillettes dont l'âge varie entre 11 et 45 ans.
Elles creusent la terre déjà retournée pour la traiter par
lavage simple (photo 2). Bien que n'ayant pas eu de réponse à
cette question, nous pensons que ce site était anciennement tenu par des
hommes. Les femmes sur le site n'ont que de petites dabas qu'elles utilisent
pour retourner la terre, alors qu'on y voit de grands trous dans lesquelles
sont emprisonnés d'importantes quantités d'eau provenant des
pluies.
|
Site de Bouakako majoritairement exploité par les
femmes.
|
Auteur photo : YOBO, 2015
Photo 2 : site du bas fond de Bouakako
|
|
1.2.2. Les sites d'orpaillage sur les
périmètres de la société minière
Les moyens de prospection dont disposent les orpailleurs
étant peu performants, certaines prospections s'avèrent
infructueuses. Ils se laissent parfois guider par les industriels, en suivant
les points de forages réalisés par ces derniers. Les moyens dont
disposent les industriels étant plus performants, les orpailleurs ont
ainsi la certitude de l'existence de gisements importants sur ce site. Ce fut
le cas pour la fosse de Hiré dont les forages avaient été
réalisés depuis 2010. Le permis d'exploitation minière PE
44 accordé à la société minière NEWCREST a
particulièrement fait l'objet d'invasions fréquentes et massives
de la part des orpailleurs. La mine attendant la réalisation des
équipements nécessaires à l'exploitation de cette fosse et
du
72
fait de la crise post-électorale de 2010, n'a
commencé ses travaux sur ce site qu'en décembre 2014.
1.2.2.1. Les sites d'Akissi-so
Le site d'Akissi-so dont la potentialité
aurifère a été découvert depuis 1967 par
Sonnendrucker, était lors de notre pré-enquête de 2014,
essentiellement occupé par les orpailleurs. Aujourd'hui il est
majoritairement occupé par la société NEWCREST dont il
constitue l'une des fosses satellites. Situé à la lisière
du quartier Baoulé dans la commune de Hiré, ce site continue
d'abriter des orpailleurs. Toutefois, les espaces abandonnés par les
anciens orpailleurs sont aujourd'hui revisités par des pléiades
de femmes et des jeunes filles qui en poursuivent l'exploitation. Elles le font
certes à des degrés moins importants que l'activité
artisanale qui y était autrefois pratiquée par les hommes. Les
femmes sont dispersées sur ces sites en de petits groupes.
1.2.2.2. Le site d'Assonguisso secteur 21 sur l'axe
Hiré-Zégo
Ce site contrairement au site d'Akissi-so, est
différent de celui autrefois exploité par les orpailleurs. Il
n'est pas loin du périmètre de la mine mais se distingue
nettement de celui-ci. Couvrant une superficie de 80 m2, ce site se
trouve dans une plantation de cacao et de vivriers, il est détenu par le
président des orpailleurs de la sous-préfecture de Hiré.
C'est, le même président des orpailleurs qui exploitait une partie
du site d'Assayé.
Par jour, ce sont entre 03 et 12 sacs de roches qui sont
extraits du sous-sol qu'un total de 80 personnes fouillent dans les entrailles
de la terre. C'est une équipe bien organisée qui y travaille sous
le regard vigilant du chef de sécurité.
Le diagramme d'évolution de la présence des
orpailleurs sur le périmètre de Hiré Est que
présente la figure 4, montre qu'avant 2010, il y a une absence totale
d'orpailleurs sur ce site. A partir de 2010, ils apparaissent puis on voit une
nette évolution de leur présence entre 2010 et 2012. Entre 2012
et 2014, il y a une baisse drastique du nombre d'orpailleurs, qui continue
jusqu'à atteindre 300 orpailleurs en 2016.
73
Figure 5 : évolution des orpailleurs
présents sur le périmètre de NEWCREST à Hiré
de 2010 à
2016
3500
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
Année 2010 Année 2012 Année 2014
Année 2016
Source : NEWCREST, 2016
NEWCREST a obtenu le permis d'extraction du secteur de
Hiré en 2010. La présence d'une réserve exploitable a donc
été confirmée ; ce qui explique l'apparition des
orpailleurs sur ce site à partir de cette date. Toutefois, la crainte
éprouvée à s'introduire sur un site minier explique le
nombre relativement faible des orpailleurs en 2010. En 2012, le nombre
d'orpailleurs passe du simple au triple, encouragé par le silence et
l'inertie presque totale des autorités minières et
administratives. Cependant, en 2014, la compagnie NEWCREST a entrepris de
libérer son périmètre de Hiré-Est de la
présence des orpailleurs. Cette campagne a consisté à un
dialogue menaçant les orpailleurs ; ce qui explique la baisse des
orpailleurs que nous constatons entre 2014 et 2016. Cette évolution des
orpailleurs sur le permis minier de Hiré-Est va de pair avec
l'évolution des superficies occupées par ceux-ci, telle que
décrite sur la carte ci-dessous. La figure 5 présente deux phases
dans l'occupation du site aurifère de Hiré-Est. De 2010 à
2013, on observe une occupation progressive de ces sites par des orpailleurs.
Cela commence timidement en 2010. Puis en 2011, on assiste à une
explosion de l'activité avec des superficies occupées passant de
5,76 ha à 25,15 ha. Cette extension de l'activité continue
jusqu'en 2013 où elle couvre 34,58 ha pour stagner en 2014 à
24,44 ha.
74
Figure 6 : évolution de l'occupation du
périmètre de Hiré Est par les orpailleurs de 2010 à
2014
Source : NEWCREST, 2016
75
1.3. LES SITES DE L'EXPLOITATION INDUSTRIELLE DE L'OR
1.3.1 Les conditions d'obtention d'un titre minier en Côte
d'Ivoire
L'exploitation industrielle de l'or est conditionnée
par l'obtention de permis miniers qui en autorisent l'exercice. Ainsi, en
Côte d'Ivoire, l'Etat en tant que propriétaire exclusif des
ressources minières et minérales du pays est le seul
habilité à donner à un tiers l'autorisation d'exploration
et d'exploitation. De ce fait, le titulaire du titre minier portant sur le
gisement contenu dans le sous-sol ne pourra pas s'en revendiquer
propriétaire. Son titre obtenu auprès de l'Etat sous sa casquette
de propriétaire lui accordera cependant le droit d'effectuer ses
activités de recherche ou d'exploitation de manière exclusive sur
un périmètre donné et de mettre en oeuvre les
prérogatives qui y seront attachées jusqu'à
échéance. Le titre minier confère donc la
légitimité de la mise en oeuvre d'une activité
minière. La propriété des substances minières
extraites du gisement revient au titulaire du titre. L'obtention d'un titre
minier est soumise à un ensemble de conditions. Il y a deux
catégories de titres miniers : le permis de recherche et le permis
d'exploitation.
Le permis d'exploration ou de recherche est le premier titre
minier. C'est un document (Art 18 Code minier) que l'Etat donne à une
personne physique ou à une entreprise pour rechercher des produits du
sous-sol. La demande du permis de recherche est adressée à
l'administration des mines. Celle-ci analyse le dossier de demande aussi bien
dans la forme que dans le fond et après validation effectue une visite
de terrain pour la vérification de la conformité des plans
fournis avec la réalité du terrain. Lorsque la visite sur le
terrain est concluante, la demande de permis de recherche est transmise
à la commission inter ministérielle des mines (CIM) pour analyse.
En cas d'avis favorable, le dossier de demande de permis de recherche est
transmis au ministre chargé des mines pour autorisation
définitive. Le permis de recherche est valable pour trois ans à
compter de la date du Décret qui l'institut. Il est renouvelable deux
fois par périodes successives de deux ans.
Un renouvellement exceptionnel supplémentaire et unique
peut toutefois être accordé après sept ans et pour une
période n'excédant pas trois ans. Cela si l'intérêt
des résultats obtenus et si l'ampleur des travaux de recherche et des
investissements déjà engagés, ou à engager, sont
jugés d'importance particulière par l'administration des Mines
(code minier, 1995). C'est dans ces conditions que le permis de recherche
n°105 a été attribué par le décret n°
96-668 du 28
76
août 1996 dans la région d'Oumé à
la société EQUIGOLD Côte d'Ivoire SA pour la recherche de
minerais aurifères.
1.3.2 Les titres miniers dans la sous-préfecture
de Hiré
Trois titres miniers ont été signés pour
l'exploitation industrielle de l'or dans la sous-préfecture de
Hiré. Ce sont : un permis de recherche et deux permis d'exploitation
(voir figure 7). Le premier permis minier relatif à l'exploitation de
l'or à Hiré est le permis de recherche N°105 acquis par
EQUIGOLD en août 1996. Il autorise la compagnie minière à
entreprendre des travaux de recherches aurifères. Ceux-ci ont
été réalisés à partir d'indices, au moyen de
travaux de surface et en profondeur, à l'aide de techniques
géophysiques, géochimiques et géologiques avancées.
La technique de sondage utilisée par EQUIGOLD a consisté à
faire des layons sur plusieurs kilomètres sur toute l'étendue de
la surface du permis d'exploration. Ces layons étaient espacés de
20 mètres.
L'étude des différents prospects a permis de
découvrir en 2000 la présence d'une large zone
minéralisée. Entre 2001 et 2004, les travaux d'exploration ont
une fois de plus confirmé la présence de gisements
économiquement exploitables et établi une ressource
indiquée et inférée de 25,1 millions de tonnes à
1,6 g par tonne d'or soit l'équivalent de 1 300 000 onces d'or. La
qualité et la quantité des réserves minières du
gisement découvert ainsi que les moyens techniques et commerciaux de son
exploitation ont permis d'aboutir en novembre 2005 à la première
étude de faisabilité.
A la suite de ces travaux de recherche et de l'étude de
faisabilité qui a été positive, EQUIGOLD a obtenu en
janvier 2007, le permis d'exploitation minière PE-32 qui dérive
du permis de recherche N°105. Sur la base de ce permis la mine d'or de
Bonikro a été développée. Parallèlement
à l'exploitation de la mine de Bonikro, la société LGL a
entrepris en 2008 des travaux d'exploration sur plusieurs cibles mineures
potentielles de Dougbafla-Est, Dougbafla-Nord, Dougbafla-Centre,
Hiré-Est, etc, situées dans un rayon de 20 kilomètres
autour de l'usine de Bonikro. Des résultats encourageants ont
été enregistrés entre 2009 et 2012 sur les prospections de
Hiré-Est et Dougbafla-Est. Les résultats satisfaisants obtenus de
la prospection sur sites satellites ont conduit la compagnie NEWCREST, qui
entre temps a succédé à LGL, à demander une
Étude d'Impact Environnemental et Social (EIES) portant sur le projet de
développement des fosses satellites aurifères.
77
L'approbation de cette EIES est une nécessité
pour obtenir le permis d'exploiter. Depuis la phase d'exploration
débutée en 1996 par EQUIGOLD CI jusqu'en 2015, ce sont au total
trois études d'impact environnementales et sociales (EIES) et une
révision qui ont été réalisées pour le
compte de NEWCREST dans la sous-préfecture de Hiré. Ces EIES ont
été réalisées par plusieurs cabinets privés
intervenant dans les domaines de l'environnement et des études
sociologiques. Ce sont entre autres : CECAF international, Channel research,
BURGEAP COTE D'IVOIRE, Arc Ingénierie, etc. Ces EIES ont porté
sur l'ouverture de la mine de Bonikro, l'extension du parc à cyanure
l'ouverture de la fosse de Hiré.
Figure 7 : Localisation des permis d'exploitation de
NEWCREST Côte d'Ivoire
78
Source : NEWCREST, 2015
79
Elles sont réalisées suivant l'orientation de
l'Agence Nationale De l'Environnement (ANDE) à travers des termes de
référence qui leur servent de guide. Les EIES sont
validées par l'ANDE à la suite d'un examen technique du rapport
final de celles-ci.
L'approbation de l'EIES a permis à la filiale
ivoirienne de la société minière NEWCREST d'obtenir par le
décret présidentiel N°2013-855 du 13 décembre 2013,
deux permis d'exploitation sur les sites satellites pour alimenter la mine de
Bonikro. Ainsi, le permis d'exploitation n°44 d'une superficie de 195
km2 (voir annexe 1) a été accordé pour le site
de Hiré-Est et le permis n°45 d'une superficie de 280,1
km2 pour le site satellite de Dougbafla-Est dans la
sous-préfecture d'Oumé. Dans la pratique, l'opération de
Hiré-Est s'effectue depuis janvier 2015 sur quatre fosses
(Agbalé, Akissi-so, Chapelle et Assondji-so) d'une capacité de
trois millions de tonnes de minerai aurifère, exploitable pendant une
durée d'environ 6 ans.
1.3.3. Les sites occupés par l'activité
aurifère industrielle
Dans la sous-préfecture de Hiré, l'exploitation
industrielle de l'or se déroule sur deux sites que sont : le site de
Bonikro et le site de Hiré-Est (figure 8).
L'exploitation industrielle s'étend dans l'ensemble sur
ces deux sites avec :
y' Bonikro: 1 062,38 hectares y' Gisement de Hiré: 832
hectares
Le site de Hiré est exclusivement un site d'extraction
dont le minerai extrait est transporté vers le site de Bonikro qui
abrite l'usine de traitement.
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Figure 8 : Situation géographique des sites
occupés par la compagnie minière NEWCREST
Source : nos enquêtes, 2016
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1.3.3.1 Le site de Bonikro
Le site de Bonikro est le premier site d'exploitation
industrielle de l'or dans la sous-préfecture de Hiré. Il
s'étend à son ouverture sur une superficie de 860 hectares que
les installations de la compagnie minière occupent. Ce site abrite les
différentes installations de l'usine de traitement de minerai (voir
photo 3). Les activités sur le site de Bonikro ont été des
activités d'extraction et de traitement ce qui fait qu'il comprend un
ensemble complexe et complet d'installations industrielles notamment : la fosse
de la mine à ciel ouvert ; l'équipement pour l'exhaure ; le site
de stockage provisoire du minerai brut ; l'aire de stockage des stériles
; l'aire de stockage de la terre végétale ; les bâtiments
administratifs et de service ; la station essence ; l'usine de filtration et le
bassin de boue. La figure 8 en montre le détail de l'occupation du
sol.
Un parc à résidu ou bassin de boue a
été construit en 2007. Il s'étendait à sa
construction sur 160 ha. Le parc à résidu est un lac artificiel
créé pour le déversement des eaux usées, des eaux
cyanurées provenant du traitement du minerai. Les dimensions du parc
à cyanure ont été agrandies de 70 ha. Ce qui porte la
dimension totale à 220 ha.
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Cette photo présente les différentes
installations de la mine de Bonikro.
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Auteur photo : NEWCREST, 2015
Photo 3 : Vue aérienne de la mine de
Bonikro
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1.3.3.2 Le site de Hiré Est
La mine de Hiré-Est est une carrière sur
laquelle les activités se limitent à l'extraction, au concassage
et au stockage temporaire (à la carrière). La taille des aires de
stockage varie entre
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20 et 30 mètres de haut. Le minerai extrait dans cette
carrière est transporté à la mine de Bonikro où les
installations de l'usine existent. Une voie de transport du minerai vers
l'usine de traitement de Bonikro a été aménagée
à cet effet. Le transport du minerai de Hiré vers l'usine de
Bonikro se fait par passage régulier de camion à intervalle de 10
minutes pendant la journée sauf aux heures de pointe (matin et soir).
L'empreinte du projet de fosses satellites de Hiré a connu diverses
variations au fil du processus et du temps.
Les quatre sites de la mine de Hiré sont Akissi-so (14
hectares), Agbalé (03 hectares), Chapelle (21 hectares) et Assondji-so
(15 hectares).
Hormis les sites d'extraction et de traitement du minerai
occupés pour l'exploitation industrielle de l'or, une cité des
travailleurs de la mine est construite dans la ville de Hiré. Cette
cité de 42 villas situées dans la ville de Hiré, est
construite en dehors des permis miniers. Elle abrite uniquement les cadres de
la compagnie minière. Il s'agit de luxueuses résidences
comportant toutes les commodités et parée contre toutes les
ruptures de services de la ville notamment en matière d'eau
d'électricité et de sécurité. L'approvisionnement
en nourriture de la cité est assuré directement d'Abidjan ou par
importation de denrées alimentaires.
1.3.3.3. Le site de Dougbafla en pays Gouro
Le périmètre d'exploitation de la compagnie
s'étend aussi hors des limites de la sous-préfecture dans la zone
de Dougbafla-Est en pays Gouro. Les calculs de rentabilité
économique réalisés par la compagnie lui ont permis de
définir comme exploitable tout gisement à une distance de moins
de 20 kilomètres de la base que représente l'usine se trouvant
dans la sous-préfecture de Hiré. Cela a conduit à explorer
et trouver un gisement à Dougbafla. L'ensemble des gisements à
exploiter dans la région par la compagnie est estimé à 3
000 000 de tonnes de minerai aurifère sur six ans.
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Figure 9 : Occupation du sol par le complexe minier
à Bonikro
Source :NEWCREST, 2016
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