V.5.2. La pré-enquête
L'étude de terrain permettra d'apprécier la
véracité des informations recueillies dans les ouvrages et
services mais aussi de les compléter grâce aux données
collectées sur le terrain. Il s'avère nécessaire de
constituer des échantillons des populations avant de réaliser
l'étude. La réalisation de cette thèse a fait appel
à diverses méthodes de recherche au nombre desquelles,
l'observation directe, l'inventaire, l'entretien, les focus group et les
enquêtes par questionnaire.
De Juin à Aout 2010, une pré-enquête a eu
lieu afin de confronter les informations tirées de nos
différentes lectures aux réalités du terrain. Cette
étape a contribué à une meilleure connaissance de notre
espace d'étude. A cette occasion, nous avons visité les sites
d'orpaillages et sillonné les différentes localités de
notre zone d'étude. Les sites visités sont Chapelle, Assonguisso,
Akissi-so, Agbalé et Assayé, qui à cette période
étaient des sites d'orpaillage. En l'absence d'autorisation de la
compagnie minière, la pré-enquête a consisté en la
localisation des sites d'orpaillage, en la définition du mode
d'acquisition des terres et du fonctionnement de l'activité, puis en
l'identification et la classification des différents acteurs de ce
secteur. Il s'est également agit au cours de cette
pré-enquête d'observer les différents équipements et
infrastructures dans la sous-préfecture.
49
En somme, la pré-enquête a été
l'occasion de nouer des contacts, de clarifier nos objectifs et de jauger les
premières difficultés de terrain afin de prendre les dispositions
pour un meilleur déroulement de l'enquête proprement dite.
V.5.3. L'observation directe du terrain
Elle s'est effectuée à travers plusieurs visites
dans la sous-préfecture. A l'occasion de nombreux séjours
à Hiré, plusieurs méthodes ont été
utilisées pour collecter les informations. Ce sont entre autre :
l'observation directe, les interviews, les focus-groupe et l'enquête par
questionnaire auprès des populations.
L'observation directe constitue pour le géographe, une
source d'acquisition de données. C'est un processus dynamique mettant en
exergue une interaction entre la description et l'explication du fait spatial.
Elle a été l'occasion de parcourir la sous-préfecture afin
d'appréhender les réalités liées à
l'activité aurifère et au développement dans la
sous-préfecture de Hiré. Les entités observées sont
l'organisation spatiale, les réalités socio-économiques
des populations, les équipements et infrastructures dans la
sous-préfecture. Cette observation s'est faite en tenant compte de nos
différentes variables d'analyse.
Les différentes visites, de 2014 à 2017, ont
permis d'explorer le terrain d'investigation dans l'optique de confronter les
informations contenues dans la littérature et de poser les bases de
l'argumentaire de notre problématique. A l'aide d'un appareil
photographique numérique, des photos d'illustration ont
été prises lors de nos visites sur le terrain.
V.5.4. Les entretiens semi directifs
Au cours de la collecte d'informations pour la
rédaction de cette thèse, nous avons eu des interviews
réalisées avec certaines autorités impliquées dans
les mines et dans l'agriculture aussi bien au niveau de la
sous-préfecture de Hiré, qu'au niveau régional et
national. La maîtrise de tous les paramètres relatifs à
l'activité minière et aux différentes mutations qu'elle
entraîne, exige des échanges avec les responsables des services et
des entreprises intervenant dans notre thématique tant au niveau
national que local. Ces interviews ont été
réalisées suivant des guides d'entretien faits de questions
ouvertes spécifiques à chaque interlocuteur. Il s'agit des
responsables et chefs de services ci-dessous : le sous-directeur des mines,
avec qui nous avons échangé au sujet de l'activité
minière en Côte d'Ivoire, l'historique de l'activité, le
potentiel minier ivoirien et les conditions d'obtention d'un permis minier ; le
directeur de la géologie, nous a instruit sur la composition
géologique de la Côte d'Ivoire et particulièrement de la
région
50
du Lôh-djiboua à laquelle Hiré appartient.
Avec le sous-directeur de l'ANDE, l'entretien a consisté à
connaitre le rôle de l'agence, les dispositions prises par l'Etat pour
veiller à la sécurité environnementale des populations
locales, le directeur régional de l'agriculture avec qui nous avons
échangé sur l'évolution de la production agricole dans la
sous-préfecture de Hiré et sur la question des indemnisations.
L'entretien avec le directeur régional des mines a porté sur
l'activité minière à Hiré et dans la région.
Il nous a instruits sur l'historique de cette activité, son
évolution et l'importance des réserves aurifères de la
zone. Nous avons aussi eu un entretien à la Direction régionale
de la construction et de l'urbanisme qui a porté sur l'habitat,
l'assainissement, l'évolution de l'espace urbanisé, le niveau de
modernisation du chef-lieu de commune et de la sous-préfecture, les
zones d'extension de Hiré. Avec le sous-préfet, nous nous sommes
également entretenus sur les activités minières qui sont
menées à Hiré. Il nous a permis de connaitre le nombre de
jeunes employés ou en contrat à la mine et les actions
menées au niveau local pour réprimer l'orpaillage clandestin.
L'interview a aussi porté sur les rapports entre les populations et la
compagnie minière. Avec les responsables locaux de l'agriculture, de
l'ANADER et des eaux et forêts, les entretiens ont portés sur les
données de production agricole, d'indemnisation et d'évolution du
couvert forestier et de son rapport avec l'activité minière.
Notre rencontre avec le président des orpailleurs de Hiré nous a
instruits sur l'activité d'orpaillage. Avec lui, il a été
question de mieux connaitre l'activité à travers les
méthodes et techniques d'exploitation et de traitement du minerai, les
méthodes d'accès à la terre. Il a été
également question du caractère clandestin de l'activité
et de l'impact environnemental de leur activité.
V.5.5. Les focus group
Les entrevues de groupe ont concerné les Chefs de
village et leur notabilité, les membres des Comités villageois de
gestion des conflits, les membres des Associations des éleveurs lors de
la mission exploratoire dans les onze localités visitées. Ce sont
des groupes de huit à dix personnes qui nous ont permis de comprendre la
nature des relations que la mine entretient avec les populations. Cette
enquête a également permis de comprendre la perception qu'ont les
populations de l'activité minière, leurs attentes par rapport au
développement, leurs stratégies de sécurisation des moyens
d'existence et les raisons qui motivent certains propriétaires terriens
à céder leurs plantations aux orpailleurs.
51
V.5.6. Les relevés GPS
Lors de nos enquêtes de terrain, des relevés de
données GPS ont été effectuées. Ces relevés
ont permis de parcourir le trajet de piste de la sous-préfecture de
Hiré. Des points amers de différentes végétations
qui jonchent le sol ainsi que les types de cultures ont été pris
avec un GPS (Système de Localisation Mondial) de type GARMIN MAP 62. Des
photos ont été prises également pour montrer les
différentes végétations qui peuplent la zone
d'étude. Toutes ces données ont été utiles et
indispensables dans la réalisation de notre carte d'occupation du
sol.
Cette technique de relevés basée sur
l'observation des signaux émis par les satellites est actuellement l'un
des meilleurs moyens de levés topographiques. Il permet de
déterminer la position tridimensionnelle (longitude, latitude et
altitude) de tout point à la surface de la terre.
Sa simplicité d'utilisation, sa précision, son
exactitude et sa fiabilité ont permis d'améliorer la
qualité des levés topographiques et la mise en place d'un
système d'information géographique des espaces à
étudiés. Pour réaliser les levées, il s'est agi
d'actionner le GPS déjà mis en marche, attendre que la
précision minimale de plus ou moins 5 m s'affiche à
l'écran avant d'enregistrer les coordonnées du site. Les
données sont directement enregistrées dans la mémoire de
l'appareil en même temps que l'on effectue le travail.
Une mission vérité terrain a été
réalisée par la suite et a permis de reconnaitre et de
décrire visuellement sur la base des parcelles
sélectionnées sur l'image les éléments paysagers.
Nous avons effectué aussi des relevés GPS représentatifs
de chaque classe d'occupation du sol préalablement définies. Les
résultats ainsi obtenus nous ont permis de comprendre les données
satellitaires et les points de vérité terrain collectés
pour la validation de la classification la plus récente (KOFFI,
2013).
V.5.7. L'acquisition des données
satellitaires
La mobilisation de l'outil de
télédétection, de statistique et de SIG a
été importante pour la réalisation de cette thèse.
Pour cerner l'impact de l'activité minière sur la
végétation et les sols, les images de LANDSAT font l'objet de
traitement par classification, ce qui permet une cartographie
détaillée des changements d'occupation du sol. La mise en
relation de ces changements, par méthodes statistiques et par SIG avec
les données de statistiques agricoles, minières et de population,
permet de comprendre les relations entre ces activités anthropiques et
la nature des changements de l'état de surface.
52
VI. Techniques de traitement des
données
VI.1. Traitement et analyse des données
qualitatives et quantitatives
Au cours des différents entretiens effectués
dans cette étude, l'enregistrement a été proposé
aux enquêtés. Il consiste à consigner les discours produits
lors des entretiens sur un support audio. Plusieurs intérêts
justifient l'enregistrement des entretiens.
Le premier intérêt d'avoir un enregistrement de
l'entretien est lié au fait qu'il permet de dépasser les
«impressions» que l'on a à l'issue de l'entretien, qui peuvent
être fondées sur des détails qui ne correspondent pas
forcement à l'essentiel. L'enregistrement permet de remédier
à cette dimension émotionnelle des échanges. Ensuite,
l'enregistrement permet de faire ressortir la parole exacte de
l'enquêté ; contre l'interprétation immédiate
qu'implique la prise de note.
L'ensemble des informations recueillies au cours des
différents entretiens avec les cibles définies ont
été analysées et confrontées. Les résultats
sont présentés par des écrits. Aussi, des données
recueillies ont été consignées dans des tableaux qui
traduisent des réalités observées sur le terrain.
VI.2. Traitement et analyse des relevés
GPS
Les coordonnées GPS relevées ont
été transférées à l'aide du logiciel Arc Gis
10.21 afin d'en constituer une base de données sur Excel et de
créer des Shape files (fichiers de formes) qui ont servi à la
réalisation des cartes. Une fois les différents sites
localisés, il s'est agi de les décrire (végétation
rencontrée, plantation, types de cultures, types de sol).
À la fin de la collecte des données, ayant une
idée précise des différents types d'occupation du sol, les
informations obtenues ont été comparées aux descriptions
passées pour en retenir celles qui reflètent mieux la
réalité du terrain. En outre, des prises de vue photographiques
ont été faites dans les différentes localités.
VI.3. Traitement et analyse des images
satellites
La télédétection est aujourd'hui l'une
des principales disciplines permettant de faire un suivi en temps réel
de l'évolution du couvert végétal. Ce suivi permet de
rendre compte des dynamiques paysagères et peut aider à la
décision dans une perspective de gestion. Utiliser des données de
télédétection suppose la mise en place d'une
méthode appropriée qui permet d'avoir les résultats les
plus pertinents possibles pour répondre à l'objectif visé
(Tra bi, 2013). Le traitement des images satellites a consisté à
appliquer les compositions colorées qui ont permis
53
de discriminer les informations relatives au mode d'occupation
du sol. A la suite de cela, la classification a été faite.
Le choix des images Landsat est motivé par le fait que
de tous les satellites d'observation de la terre existant, seuls deux sont
gratuits et facilement accessibles. Il s'agit des images des satellites
français SPOT et américains Landsat. Pour cette étude,
nous avons choisi de prendre des images des satellites Landsat, pour deux
raisons. Le premier avantage est le libre accès des images Landsat. En
effet, ces images sont disponibles gratuitement sur internet. Les images
satellites sont téléchargées en format brut à
partir du site Earth Explorer (<http://earthexplorer.usgs.gov/>) en
téléchargement libre. Les images sont produites à partir
des bandes spectrales du visible et de l'infrarouge des satellites Landsat-5,
Landsat-7 (bandes 5-4-3) ou, depuis 2013, du Landsat-8 (bandes 6-5-4) qui ont
une résolution de 30 mètres (MFFP, 2015).
Le second atout que présentent les satellites Landsat,
c'est qu'ils utilisent jusqu'à 8 bandes spectrales pour Landsat 7 (sept
bandes multi spectrales et une bande pour le panchromatique), alors que les
satellites SPOT présentent au maximum 5 bandes spectrales (quatre bandes
multi spectrales et une bande pour le panchromatique). Ainsi, les images
données par Landsat ont apporté plus d'informations que celles
des satellites SPOT. Ces informations sont révélées par
l'utilisation de différentes combinaisons de canaux. À partir du
Landsat 4, il est obtenu une meilleure résolution spatiale, une
meilleure résolution radiométrique, des bandes spectrales plus
étroites. Il n'a pas non plus quatre mais sept bandes spectrales avec
plus de détecteurs par bandes. Tous les capteurs des différents
satellites Landsat ont une fauchée de 185 km. Chaque scène fait
185 km sur 185 km (Lecuyer, 2012 ; Tra Bi, 2013 ; MFFP, 2015).
54
? Prétraitement de l'image satellitaire
Landsat ETM+ et Landsat Oli 8/Tirs
Les images LANDSAT ETM+ et OLI8/Tirs ont été
déjà corrigées géométriquement, donc sont
superposables l'une à l'autre et également avec les couches
vectrices. Par conséquent, nous avons procédé directement
à la correction radiométrique. Elle est essentielle vu qu'elle
fait passer les valeurs de pixel de l'image en compte numérique en
valeur de réflectance. Pour la réaliser, il faut ouvrir le
logiciel de traitement ENVI. L'outil Radiometric calibration d'ENVI
5.1 permet de faire proprement la correction avec utilisation unique des bands
multispectrales. La méthode de correction atmosphérique que nous
avons utilisée est celle qui fait intervenir les paramètres du
capteur, lors de la prise de vue appelée la méthode
Flaash. Ainsi, l'outil FLAASH Athmospheric correction dans
ENVI 5.1 permet d'afficher l'onglet d'intégration des paramètres
d'entrer de la radiance de l'image (input radiance image) ; du ficher
de sortie de la réflectance (output reflectance file) ; des
fichiers de sortie directrices de la correction atmosphérique FLAASH
(output directory FLAASH files) ; Le nom d'origine des fichiers
FLAASH (rootname for flaash files,).
Ensuite, faire entrer les paramètres de date, de
l'heure de la prise de vue puis l'altitude du satellite et la taille du pixel
de l'image. Cette correction est importante dans la mesure où elle
permet une visibilité meilleure que celle de l'image brute. Par
ailleurs, cette étape permet de mieux enrichir la suite des
traitements.
L'extraction de la zone d'étude sur les deux images est
faite avec la même procédure pour les deux images. L'outil
region of interest dans ENVI 5.1 permet d'extraire notre zone
d'étude en forme rectangulaire. Ensuite, on extrait la zone
d'étude à partir du fichier Shape qui circonscrit la zone
étudiée. Pour ce qui nous concerne, il s'agit du fichier Shape
files de la sous-préfecture de Hiré.
Les traitements d'images satellitaires sont multiples, nous
avons fait appel à celles qui nous sont utiles pour obtenir
l'information recherchée. Dans notre étude nous avons
procédé à la composition colorée qui fait appelle
à trois canaux. Il s'agit des bandes spectrales d'une image
satellitaire. C'est une combinaison qui recherche l'information la mieux
disposée à être interprétée selon
l'information que l'on recherche. Selon Sarr, (2009), elle permet une meilleure
discrimination entre les objets géographiques.
55
Les sites d'entrainements de parcelle représentant tous
les types d'occupation du sol sur la composition colorée des bandes
5-7-4 pour l'image Oli8 et 4-7-3 pour l'image ETM. Ces sites sont choisis en
fonction de l'accessibilité et de leur répartition spatiale. Il
est question d'avoir des points de contrôle des différents types
d'occupation du sol.
- Pour la scène OLI8 :
En fonction des éléments qui constituent le
paysage actuel de la sous-préfecture, et des points de contrôles
qui nous ont permis de choisir les sites d'entrainement ainsi que les classes
pour la classification supervisée : forêt, cultures
pérennes, cultures vivrières, jachère sol nu, bâtis
et site d'activités minières.
- Pour la scène ETM+ :
Les mêmes classes ont été choisies pour
qu'une logique des classes soit respectée afin de faciliter la
détection des changements. Seule la classe « sites
d'activités minières » est absente vu qu'à cette date
de l'image aucun site n'était installé.
Nous avons parcouru le trajet de piste de la
sous-préfecture de Hiré au cours duquel on a pu prendre les
points avec le GPS de différentes végétations qui jonchent
le sol, ainsi que les types de cultures. Des photos ont été
prises également pour montrer les différentes
végétations qui peuplent la zone d'étude. Toutes ces
données sont utiles, voire indispensables dans la réalisation de
notre carte d'occupation du sol.
V' Classification, évaluation et
validation
- Matrice de transition
- Filtrage de l'image classifiée
- Vectorisation et rédaction cartographique
V' Analyse de la dynamique de l'occupation du
sol
Afin de caractériser au mieux la dynamique de
l'occupation du sol et les modalités de transitions entre les
différentes classes d'une année à l'autre, nous avons
effectué une analyse qualitative et quantitative.
56
A travers une comparaison post-classification, l'analyse
quantitative des changements issus de la comparaison entre les pixels des
classifications entre deux dates (Girard et Girade), 1999. Cette analyse s'est
faite par le calcul du taux de changement global (Tg) et le taux moyen annuel
d'expansion spatiale (Tc) couramment utilisé dans les études sur
le changement d'occupation du sol (Hadjadi, 2011).
Tc = [(S2/S1)1/t -1] x 100 Où
:
Tc = taux de changement (%)
S1 = superficie de la classe à la date
t1
S2 = superficie de a classe à la date
t1
S2 = superficie de la classe à la date t2 (t2 >
t1)
L'analyse des valeurs du taux de changement montre que les
valeurs positives indiquent une « progression » et les valeurs
négatives une « régression ». Les valeurs proches de
zéro indiquent que la classe est relativement « stable ».
VII. Les difficultés
rencontrées
Le sujet de recherche porte sur l'exploitation
aurifère, une activité très complexe qui tant dans sa
pratique artisanale qu'industrielle est maintenue secrète. Nous avons
dans le déroulement de nos enquêtes rencontrés plusieurs
difficultés.
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