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Exploitation aurifère et développement local dans la sous-préfecture de Hiré (Côte d'Ivoire)


par Judith YOBO-GNAHOUA
Université Felix Houphouet Boigny - Doctorat 2019
  

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Conclusion de la revue de littérature

Au terme de cette revue de littérature, nous remarquons que la question de l'impact de l'exploitation minière a été beaucoup abordée notamment en ce qui concerne l'impact environnemental dans les pays d'Amérique Latine, en Europe et en Afrique précisément au Congo Kinshasa. Ces travaux ont pour la plupart privilégié l'influence de l'activité sur la

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destruction de la flore, de la faune et des équilibres naturels. Plusieurs écrits ont également porté sur l'aspect économique de l'activité minière privilégiant ainsi la rentabilité pécuniaire que génère cette activité. Quelques rares écrits ont porté sur le caractère urbanisant de l'activité.

Concernant la Côte d'Ivoire en général, nous constatons qu'il y a peu d'études sur la question. Les quelques études sur le thème portent sur l'exploitation minière artisanale, sur les manifestations des populations dans les villes d'extraction minière et sur l'impact environnemental des activités des industries extractives. A côté de ceux-ci, on trouve des documents officiels sur la réglementation et la gestion du secteur minier ivoirien.

Par ailleurs, la relation entre l'exploitation minière et le développement local n'a pas suffisamment retenu l'attention des chercheurs nationaux. Face à cette insuffisance d'écrits sur la question, nous voulons à travers cette étude apporter notre contribution à la connaissance des interrelations qui conduisent ou non l'activité minière au développement des localités hôtes.

L'importance de l'activité aurifère qui se déroule à Hiré et l'importance des acteurs qui y exercent en font un espace idéal de l'étude de la contribution de l'exploitation minière au développement local. Il s'agira à travers une étude des différentes incidences spatiales économiques, sociales et environnementales de connaitre la contribution de l'activité minière au développement de la sous-préfecture de Hiré.

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III. PROBLEMATIQUE

L'exploitation minière est une activité très ancienne qui a été au centre du processus d'industrialisation des pays du Nord. Aujourd'hui cette exploitation s'est déplacée vers les pays du Sud où elle a acquis une importance stratégique majeure. Dans ces pays notamment ceux de l'Afrique subsaharienne, l'exploitation minière connait depuis la décennie 2000 une expansion. En effet, l'épuisement des réserves dans les pays du Nord, ainsi que la forte demande en ressources minières des pays émergents a favorisé l'explosion de l'exploitation des ressources minières dans les pays de l'Afrique de l'Ouest. La mise en valeur des richesses minières de certains de ces pays comme la Guinée a été encouragée par les institutions de Breton Woods. De toutes les ressources minières dont regorge le sous-sol des pays d'Afrique l'Ouest, l'or est le plus important. On y trouve même des réserves d'importance mondiale. La production d'or de l'UEMOA est passée de 57,6 tonnes en 2007 à 95,7 tonnes en 2011, soit une augmentation de 66,1%. Sur la période 2007-2011, elle représente en moyenne 3,1% de la production mondiale évaluée à 2.400 tonnes (BCEAO, 2013). Cette production est portée par les pays comme le Ghana et le Mali qui occupent respectivement le deuxième et le troisième rang à l'échelle continentale. Cependant, depuis 2008, la contribution de ces pays a relativement baissé au profit du Burkina et dans une moindre mesure, de la Côte d'Ivoire (Magrin and Perrier-Brusle ; 2009).

Le sous-sol ivoirien regorge d'importantes réserves de fer, de diamant et surtout d'or. Fort de cela, l'Etat à travers le Plan National de Développement (PND 2012-2015) fait du secteur minier un des éléments stratégiques de sa vision de développement. Cette décision vient accentuer l'intérêt pour le secteur qui depuis la décennie 2000 se traduit par la multiplication de permis miniers. Ce sont jusqu'en juin 2014, 108 permis de recherche dont 87 pour le minerai aurifère et 12 permis d'exploitation dont 08 pour l'or (DGMI 2014). Afin de créer un cadre institutionnel favorable à l'exploitation minière, plusieurs mesures ont été prises parmi lesquelles la révision en 2014 du code minier de 1995, l'adhésion à l'ITIE, etc. Cela a permis au chiffre d'affaires de l'exploitation minière de croitre de +24 % en 2015 à 479 milliards de F CFA (730 millions d'euros) en raison de la hausse de la production aurifère.

La sous-préfecture de Hiré concentre à elle seule deux permis d'exploitation minière industrielle et une exploitation artisanale en pleine expansion depuis l'ouverture de l'usine minière. La réalité de l'activité aurifère dans la sous-préfecture de Hiré a comme toute activité économique des répercutions sur l'organisation spatiale et les habitudes socio-économiques

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dans les espaces qui les accueillent. La promotion de l'exploitation minière ainsi menée visait à stimuler le développement aussi bien au niveau des collectivités hôtes qu'au niveau national. Les espoirs portés par l'exploitation minière sont considérables. Vingt ans de mise en place des unités industrielles et artisanales d'exploitation de l'or dans la sous-préfecture de Hiré apportent un contenu de temps et d'espace pour y explorer leurs effets socio géographiques sur le développement local attendu. Aussi les révoltes répétées des populations à l'encontre de la compagnie minière et des orpailleurs sont-elles les signes d'un malaise de la population face aux acteurs miniers ou plus tôt les éléments d'un ajustement structurel à des changements profonds qui apportent le développement dans l'environnement local. Cela nous conduit à une question centrale.

Question centrale

Comment l'exploitation aurifère contribue-t-elle au développement de la sous-préfecture de Hiré ?

Questions secondaires

De cette question principale découlent les questions secondaires suivantes :

1. Quelle est la distribution spatiale de l'activité aurifère dans la sous-préfecture de Hiré ?

2. Quels sont les impacts de l'activité minière sur le développement et l'environnement socio-économique de la sous-préfecture de Hiré ?

3. Comment l'entreprise minière et les communautés locales régulent-elles leurs rapports dans l'exploitation de la ressource aurifère ?

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IV. OBJECTIFS DE RECHERCHE

IV.1. Objectif général

Cette étude a pour objectif général de montrer la contribution des activités d'exploitation de l'or dans le développement local de la sous-préfecture de Hiré.

IV.2. Objectifs spécifiques

Nous avons décliné notre objectif principal en trois objectifs spécifiques qui sont :

1. Décrire la distribution spatiale des formes d'activité aurifère dans la sous-préfecture de Hiré.

2. Identifier les changements introduits par l'exploitation de l'or en rapport avec le cadre de vie.

3. Déterminer le mécanisme de régulation des rapports entre l'entreprise minière et les communautés locales dans l'exploitation aurifère.

Atteindre ces objectifs suppose l'élaboration de méthodes de recherche.

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V. METHODOLOGIE DE RECHERCHE

La méthodologie de recherche adoptée est évoquée sous deux angles. L'un est relatif aux moyens d'exécution des enquêtes et l'autre porte sur la manière dont les enquêtes ont été menées et les conditions dans lesquelles elles se sont déroulées.

V.1. Cadre théorique : le développement local et l'économie de l'or comme un système socio spatial

Cette étude a été conduite selon la théorie des systèmes qui a servi de cadre d'analyse. La théorie des systèmes est née des travaux de Ludwig Von Bertalanffy, qui en est le précurseur. Dans son ouvrage « General system theory » de 1925, il définit le système comme un complexe d'éléments en interaction. Cette théorie générale des systèmes regroupe les principes théoriques généraux qui permettent de décrire et comprendre le fonctionnement des systèmes ou des sous-systèmes, quels qu'ils soient. De cette définition de Von Bertalanffy, a découlé l'approche de Rosnay qui décrit le système comme un ensemble d'éléments en interaction dynamique, organisés en fonction d'un but.

Le Moine (1977), quant à lui définit le système comme un ensemble d'éléments en interaction tels que la modification de l'un d'eux entraîne la modification de tous les autres (cette modification porte bien sur les relations, et non pas sur les éléments). Dans le cadre de cette étude sur l'espace local comme système nous utilisons la définition de Rosnay qui décrit le système comme un ensemble d'éléments en interaction dynamique, organisé en fonction d'un but.

Il était donc question pour nous de savoir si l'organisation systémique mise en place dans la sous-préfecture de Hiré, autour de l'activité aurifère, est faite dans le but d'aboutir à un développement local.

Comme nous l'avons écrit plus haut, le développement local peut s'inscrire dans une approche d'analyse systémique ayant pour point de référence l'activité d'exploitation de l'or. Le concept de développement local a une portée géographique. Le développement local se définit à partir d'une base territoriale. Cette base territoriale dans le cadre de cette étude peut être le champ géographique des activités d'exploitation de l'or dans la région de Hiré. Cet espace géographique comprend la ville de Hiré, son espace rural et administratif commune et sous-préfecture et les populations qui y habitent et qui sont plus ou moins influencées par l'activité d'exploitation de l'or. Cet espace est pris comme le niveau d'organisation territoriale où

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s'établissent les relations entre d'une part le tissu social constitué par les communautés rurales urbaines et d'autre part les fonctions administratives primaires, les fonctions économiques liées à l'or ou influencées par son activité et les services de base et la qualité de la vie. L'analyse du développement local qui demande une pluralité de niveau d'action qui constitue l'une de ses caractéristiques essentielles se fonde sur des notions de participation, de partenariat et de contractualisation, de relation, d'impact, d'administration entre les activités d'exploitation de l'or et les différents éléments de la région. Nous voulons saisir alors la relation systémique entre les activités d'exploitation de l'or dans le processus de changement capable de faire passer le territoire de Hiré en tant que réalité économique, sociale institutionnelle d'un état à un autre.

Le développement local, est une approche systémique spatiale qui prend en compte la population, un territoire donné comme espace de vie de cette population et un ensemble d'activités économiques, politiques et sociales. Les relations complexes et encadrées dans cet espace sont faites de sorte que les activités économiques se mettent en adéquation avec l'amélioration de la qualité de la vie des populations dans le respect de leur environnement (figure 1).

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Figure 1 : modèle de production du développement local

Développement local

Social

Environnemental

Humain

Économique

Agriculture

 

Classification
sociale

 

Effectif de la
population

 

Diversité de la
biodiversité

 
 
 
 
 

Emploi à la
mine

Brassage
ethnique

Composante
ethnique

Pollution
atmosphérique

 
 
 
 

Orpaillage

Respect des us
et coutumes

Dégradation de la
qualité et de la
quantité de l'eau

 
 
 

Croissance
des activités
informelles

 

Cohésion
sociale

Santé des
populations

V. 2. Définition des variables de recherche

Les variables de l'étude sont les informations recherchées pour conduire ce travail. Elles ont été collectées en des endroits précis qui déterminent nos unités d'observations. Ces unités sont appréhendées à différentes échelles d'analyse. Ce sont des informations qualitatives et quantitatives collectées et qui permettent d'atteindre nos objectifs. Elles ont été scindées en trois grands groupes relativement aux objectifs de l'étude.

V.2.1. Variables descriptives de la structure spatiale des formes d'activité aurifère

Ces variables sont relatives à l'objectif 1 qui est de décrire la distribution spatiale des formes d'activité aurifère dans la sous-préfecture de Hiré.

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Il s'agit de faire ressortir les informations qui nous permettent de localiser les sites d'exploitation aurifère. Elles prennent en compte les données relatives à la géologie de la localité et à l'historique de l'activité. En nous servant des cartes géologiques au 1/50 000ème de la Côte d'Ivoire et de la région, nous avons pu identifier les indices qui favorisent la richesse en or de cette zone. De plus, une description des différents types d'exploitation aurifère éclaire sur les incidences de ceux-ci le cadre de vie des populations.

Dans cette partie, trois grandes distinctions ont été faites ; il s'agit des variables relatives à la description de la localisation des sites d'extraction et de traitement aurifère, des variables descriptives de l'activité d'orpaillage et de celles descriptives de l'activité minière industrielle.

V.2.1.1. Variables descriptives de la localisation des sites d'extraction et de traitement aurifère

La description des sites d'extraction et d'exploitation aurifère passe par la connaissance des caractéristiques naturelles du milieu (topographie ; type de sol ; composition géologique) qui déterminent la localisation des indices du minerai et le choix des points de concentration. Le mode d'appropriation foncière des acteurs pour les différents types d'exploitation aurifère est déterminant pour la localisation des sites. On aura donc des variables qualitatives comme : l'achat, le don, le leg, la location, le gage, le planté-partagé, etc.

V.2.1.2. Variables descriptives de l'activité d'orpaillage

Pour la description de l'activité d'orpaillage, la localisation des sites est primordiale. Elles permettent d'identifier la logique d'installation de ces sites. Les procédés d'extraction, de traitement et de commercialisation sont également indispensables pour une meilleure connaissance de l'activité. Les procédés de stockage des débris et résidus issus de cette activité permet de distinguer l'orpaillage de l'activité industrielle.

La description du produit de l'orpaillage et la description de la contractualisation des sites d'orpaillage sont nécessaires pour mieux apprécier cette activité.

V.2.1.3. Variables descriptives de l'activité minière industrielle

Contrairement aux autres activités, les sites d'extraction minière ne résultent pas du choix stratégique d'une firme mais de la position du minerai. C'est la présence du minerai qui impose la construction de l'usine de traitement. Au niveau de l'exploitation minière industrielle les sites d'extraction sont contenus dans les permis d'exploitation accordés aux sociétés minières, les indicateurs se rapportant au site ont été sélectionnés.

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Il s'agit entre autres, des unités topographiques et géologiques constituant l'assiette des dits sites, du géo-référencement des sites d'extraction et des images satellitales de la localité à différentes dates. Cela a permis de localiser les zones d'exploitation industrielle. C'est dans ce sens que le niveau d'altitude, la morphologie et la composition géologique des sites ont été documentés.

Aussi, la description des caractéristiques des sites, du mode d'extraction et des procédés de filtration, est-elle nécessaire pour mieux décrire l'activité industrielle de l'or.

V.2.2 Variables relatives aux changements apportés par l'exploitation de l'or en rapport avec le cadre de vie

Les variables sont relatives aux changements apportés par l'exploitation aurifère concernent les avantages socio-économiques de l'exploitation minière ainsi que celles relatives aux opportunités de développement. Elles ont permis d'apprécier la dynamique impulsée par l'activité minière et l'orpaillage au niveau socioéconomique du cadre de vie, des infrastructures et des équipements.

V.2.2.1 Variables descriptives de l'apport de l'activité de l'or en termes d'emplois et revenus

? Variables descriptives des emplois dans l'activité minière industrielle

Le nombre de postes offerts aux populations locales et la qualité de ceux-ci dans les mines industrielles permettent d'apprécier la contribution de l'exploitation industrielle de l'or à la réduction du taux de chômage des jeunes. L'évolution des employés locaux de la mine et leur classification selon l'âge et le sexe sont importants pour décrire la politique de l'entreprise en matière d'emploi de la population locale et en matière de la question de genre.

La masse salariale de ces employés est également importante car elle permet de mieux apprécier le poids de ces emplois et de leurs incidences sur le niveau de vie des populations. A l'intérieur de ces employés locaux, une répartition par ethnie et par village des employés a permis de connaitre l'incidence de la présence de la compagnie minière sur la réduction du chômage dans la sous-préfecture.

? Variables descriptives des emplois dans l'orpaillage

Pour l'étude de l'apport de l'activité de l'or en termes d'emplois et de revenus, les variables relatives à la description des emplois dans l'orpaillage sont d'une importance capitale. Ces variables portent sur le nombre de personnes employées par la section de l'orpaillage. Une

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répartition par nationalité, ethnie, sexe et âge des orpailleurs permettra de connaitre le genre et la tranche d'âge la plus concernée par l'orpaillage. La classification des types d'emploi dans l'activité ainsi que les revenus qui en découlent permettent également d'apprécier le poids économique de cette activité. Il a été, en outre, décidé de s'intéresser aux types d'investissement dans l'orpaillage.

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