2.2.2.2. Stress d'acculturation
L'acculturation fait référence au processus par
lequel les nouveaux immigrants adoptent et s'adaptent à un nouvel
environnement social et culturel (Rosenthal & al., 2022). Pour faire face
aux enjeux liés à ce processus d'acculturation, les immigrants
utilisent généralement l'une ou l'autre des quatre
stratégies d'acculturation ci-après : l'assimilation,
l'intégration, la séparation et la marginalisation (Rosenthal
& al., 2022). L'assimilation se caractérise par la recherche d'une
interaction quotidienne avec la culture de la société d'accueil
(Rosenthal & al., 2022). L'intégration quant à elle renvoie
à la conciliation harmonieuse des pratiques culturelles de la
société d'accueil et du pays d'origine (Rosenthal & al.,
2022). La séparation se traduit par le maintien de l'identité
culturelle du pays d'origine et l'évitement d'une interaction avec la
culture de la société d'accueil (Rosenthal & al., 2022).
Enfin, la marginalisation fait référence à la perte de la
capacité et de l'intérêt d'interagir avec la culture
d'accueil et du pays d'origine (Rosenthal & al., 2022). Des études
suggèrent que l'intégration et l'assimilation représentent
les stratégies d'acculturation associées à une meilleure
gestion de la santé et à des comportements sains (Rosenthal &
al., 2022). L'acculturation entraîne en outre des changements dans
plusieurs dimensions du mode de vie des immigrants, incluant les habitudes de
vie et les pratiques alimentaires (Rosenthal & al., 2022). Ces changements
sont associés à une augmentation du niveau de stress (stress
d'acculturation) chez les immigrants et peuvent avoir des effets directs et
indirects sur la santé (Rosenthal & al., 2022).
Le stress d'acculturation résulte des efforts
déployés par la personne immigrante durant le processus
d'acculturation afin de minimiser les défis liés aux
différences culturelles avec la culture de la société
d'accueil (Drouin, 2020). Il constitue de ce fait une réponse aux
défis vécus positivement ou négativement par la personne
immigrante dans son
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adaptation culturelle (Drouin, 2020). En contexte de stress
acculturatif, la personne immigrante pourrait être amenée à
vivre de l'incertitude, de l'anxiété et de la dépression
(Drouin, 2020). Le stress d'acculturation se manifeste
généralement suivant un continuum en débutant par un
changement de comportement, suivi d'un état de stress acculturatif
à proprement parler et enfin d'un état de stress
psychopathologique (Drouin, 2020). Au stade de changement de comportement, la
personne immigrante s'adapte sans beaucoup de difficultés à son
nouvel environnement culturel et a tendance à ne pas percevoir les
expériences acculturatives comme problématiques (Drouin, 2020).
En ce qui concerne le stade de stress acculturatif, la personne immigrante
perçoit les expériences liées au processus d'acculturation
comme étant plus problématiques et a donc tendance à vivre
un plus grand stress face à son adaptation culturelle (Drouin, 2020).
Les personnes immigrantes se trouvant à ce stade parviennent
habituellement à s'adapter au nouvel environnement culturel,
étant donné que les défis rencontrés sont
perçus comme étant surmontables (Drouin, 2020). Finalement, lors
du stade de stress psychopathologique, les personnes immigrantes
concernées font face à une détresse significative et
à d'importantes difficultés adaptatives pour lesquelles elles
ressentent le besoin d'un soutien pour affronter ces difficultés
(Drouin, 2020). Fort heureusement, les données suggèrent que de
nombreux immigrants se retrouvent au stade de changement comportemental durant
leur processus d'acculturation (Drouin, 2020). Le stress acculturatif comme
enjeu d'acculturation peut avoir des conséquences
délétères sur la santé mentale des personnes
immigrantes, car il est susceptible d'accroître l'occurrence des troubles
mentaux (Drouin, 2020). Les données provenant de l'étude de
Sercia et al. (2018) indiquent que près de 70% des immigrants
déclarent se sentir stressés et estiment que ce stress a plus ou
moins un impact sur leur santé et leur bien-être. En outre, les
femmes immigrantes sont plus nombreuses à rapporter un niveau de stress
élevé et à vivre des épisodes de détresse
psychologique (Sercia & al., 2018). L'aggravation de la détresse
psychologique liée au stress acculturatif pourrait entraîner une
inadaptation chez les personnes concernées, particulièrement
lorsque les différences culturelles entre la société
d'accueil et celle d'origine sont importantes (Drouin, 2020), comme c'est le
cas pour les personnes immigrantes non occidentales au Canada. D'autre part,
des niveaux particulièrement élevés de stress acculturatif
sont associés à une consommation accrue d'aliments hautement
énergétiques et ultra-transformés, une faible consommation
de fruits et légumes, ainsi qu'une consommation accrue de plats
cuisinés (Popovic-Lipovac & Strasser, 2015). Ballon et al. (2015)
expliquent dans leur concept d'alimentation
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émotionnelle que la consommation de certains aliments
peut être modulée en réponse à un ressenti
émotionnel plutôt qu'à une sensation de faim ou de
satiété. Ainsi, suivant ce concept, le stress est
généralement associé à une consommation accrue des
produits alimentaires plus sucrés et gras (Ballon & al., 2015).
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