2.2.2. Facteurs de risque psychosociaux
De nombreuses preuves dans la littérature soutiennent
que les immigrants, particulièrement les immigrants récents,
vivent de manière disproportionnée la solitude et l'isolement
social (Sanou & al., 2014). La solitude et l'isolement social
représentent des facteurs de risque importants de transition
nutritionnelle (Sanou & al., 2014). De plus, le stress acculturatif ainsi
que d'autres enjeux liés à l'acculturation, tels que les
barrières linguistiques peuvent contribuer significativement aux
obstacles de communication, à l'insécurité
financière ainsi qu'à des mauvaises habitudes alimentaires (Sanou
& al., 2014; Stone, 2017).
2.2.2.1. Isolement social et solitude chez les
immigrants
De nombreuses personnes immigrantes font face à
l'isolement social et à la solitude à leur arrivée au
Canada en raison, notamment de perturbations de leurs réseaux sociaux.
Ces perturbations sont liées au processus migratoire, aux obstacles
rencontrés lors de la création des nouvelles relations sociales,
ainsi qu'à divers autres défis d'acculturation (Stick & al.,
2021; Iovino & al., 2023). Bien que souvent utilisés de façon
interchangeable, l'isolement social et la solitude représentent deux
concepts distincts quoique interreliés. L'isolement social fait
référence à une expérience objective
20
caractérisée par des contacts sociaux
limités et de faible qualité, tandis que la solitude renvoie
à une perception subjective désagréable
caractérisée par un sentiment d'insatisfaction vis-à-vis
des relations sociales entrevues par l'individu (Stick & al., 2021; Iovino
& al., 2023). L'isolement social et la solitude sont significativement
associés à des problèmes de santé physique et
mentale (Stick & al., 2021; Iovino & al., 2023). En effet, ils
représentent des facteurs de risque non négligeables des troubles
mentaux, tels que le stress chronique, les troubles dépressifs ou encore
les troubles anxieux (Stick & al., 2021; Iovino & al., 2023). Ils sont
également associés aux maladies cardiovasculaires, à
l'hypercholestérolémie, à l'hypertension
artérielle, à une mortalité accrue et à des
mauvaises habitudes alimentaires (Stick & al., 2021; Iovino & al.,
2023; Sanou & al., 2014). L'âge, le sexe, les défis
linguistiques, les différences culturelles, la discrimination et le
racisme constituent des déterminants majeurs de l'isolement social chez
les immigrants (Iovino & al., 2023). Les conditions, les circonstances et
les caractéristiques à l'origine du sentiment de solitude varient
d'une personne immigrante à une autre (Stick & al., 2021). En effet,
certaines personnes semblent satisfaites de leurs interactions sociales en
dépit de contacts sociaux limités, tandis que d'autres peuvent
éprouver de la solitude alors qu'elles possèdent un vaste
réseau social (Stick & al., 2021). Les données indiquent que
les immigrants sont plus nombreux à vivre de l'isolement social et de la
solitude, en comparaison aux personnes nées au Canada (Stick & al.,
2021; Iovino & al., 2023). Les immigrants, particulièrement les plus
récents, les plus âgés, les hommes et les non-blancs (non
occidentaux), peuvent éprouver des difficultés importantes
liées au processus d'acculturation au Canada, notamment un choc
culturel, des difficultés à trouver un emploi, des obstacles
linguistiques et des défis liés à la reconnaissance des
diplômes étrangers (Stick & al., 2021 ; Iovino & al.,
2023). Ces difficultés peuvent accroître le risque d'isolement
social et de solitude. Certains immigrants peuvent également
éprouver des difficultés à maintenir des liens sociaux, en
particulier dans les régions où les hivers sont longs et froids,
où la population est moins dense et les moyens de transport
limités (Stick & al., 2021). Toutefois, les enjeux
susmentionnés ont tendance à s'atténuer au fur et à
mesure que le séjour se prolonge au Canada et que les immigrants
reconstruisent leurs réseaux sociaux et établissement des
nouvelles relations (Stick & al., 2021). Ce qui a pour effet
d'atténuer le risque de solitude autodéclarée et
d'isolement (Stick & al., 2021).
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Les données suggèrent que l'isolement social et
la solitude peuvent exposer les individus qui y sont confrontés, en
particulier les aînés, à des mauvaises habitudes de vie,
incluant une mauvaise alimentation (Sanou & al., 2014; Luo & Hendryx,
2022; Besora-Moreno & al., 2020; Régimbal, 2020). L'association
entre l'isolement social et une alimentation de mauvaise qualité est en
outre médiée par divers autres facteurs socio-économiques
et psychosociaux (Luo & Hendryx, 2022; Sanou & al., 2014).
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