2.2.1.3. Revenu des immigrants
En 2020, le revenu hebdomadaire moyen des personnes
immigrantes (983,31$) était inférieur à celui de la
population née au Canada (1011,29$) (Levert & Fakhoury, 2021).
Toutefois, les données provenant du Ministère de l'Immigration,
Francisation et
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Intégration indiquent que le revenu moyen des
immigrants a connu une importante hausse (+8,7%), comparativement à
celui des personnes nées au Canada (+6,2%) (Levert & Fakhoury,
2021). Cette croissance significative du revenu moyen des immigrants a permis
la réduction des inégalités salariales, de 5,2% en 2019
à 2,8% en 2020 (Levert & Fakhoury, 2021). En dépit de la
forte croissance observée ces dernières années, le revenu
moyen ou médian des immigrants reste toutefois en-deçà de
celui de la population née au Canada (Levert & Fakhoury, 2021 ;
Posca, 2016). Au sein des populations migrantes, les données
gouvernementales récentes indiquent une réduction des
inégalités salariales entre les femmes immigrantes et les hommes
immigrants du Québec (Levert & Fakhoury, 2021). En 2019-2020, on a
observé une croissance du revenu hebdomadaire moyen des femmes
immigrantes bien supérieure à celle des hommes immigrants, quelle
que soit la durée de résidence au Québec (Levert &
Fakhoury, 2021). Par ailleurs, des disparités de revenu sont
observées entre immigrants récents et immigrants établis
(Posca, 2016 ; Levert & Fakhoury, 2021). En 2020, comme le montre le
tableau 2, le revenu hebdomadaire moyen des immigrants récents
était significativement inférieur à celui des immigrants
établis (Levert & Fakhoury, 2021). On remarque que le revenu des
personnes immigrantes tend généralement à
s'améliorer au fur et à mesure que le séjour au
Québec se prolonge (Posca, 2016 ; Levert & Fakhoury, 2021). Il tend
ainsi à se rapprocher au fil des années de celui des personnes
nées au pays (Posca, 2016). Les immigrants récents sont
particulièrement plus nombreux à vivre sous le seuil du faible
revenu (Posca, 2016). En 2019, le ratio de faible revenu était plus
élevé chez les immigrants (10,7%) que chez les non-immigrants
(9,1%) (Institut de la statistique du Québec, 2022). En outre, le taux
moyen de faible revenu observé chez les personnes immigrantes varie
énormément en fonction de divers facteurs, entre autres, le
niveau de scolarité, le pays ou la région d'origine, le sexe et
l'âge des personnes (Posca, 2016).
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Les contraintes financières découlant de la
précarité des revenus des immigrants ont des conséquences
psychologiques, sociales et surtout nutritionnelles importantes chez une
proportion considérable des immigrants (Girard & Sercia, 2014). Sur
le plan nutritionnel, ces contraintes financières ont
particulièrement des répercussions sur l'approvisionnement
alimentaire (Girard & Sercia, 2014). L'étude de Girard et Sercia
(2014) montre que plus de 39% des immigrants ont des difficultés
à se procurer certains aliments essentiels au maintien d'une saine
alimentation, tels que les poissons, les fruits et les légumes frais de
bonne qualité et ce, en raison de limitations financières (Girard
& Sercia, 2014). Ces limitations financières ont des effets non
seulement sur la quantité et la qualité des aliments
achetés, mais aussi et surtout sur les manières de se procurer
ces aliments (Girard & Sercia, 2014). L'étude de Sercia et al.
(2018) montre d'une part que peu de temps après l'arrivée au
Québec, plus de 25% des immigrants consomment moins de fruits, de
légumes, de légumineuses et de produits laitiers, et 43% de ces
immigrants consomment moins de produits de la mer. D'autre part, les
données de l'étude montrent que la consommation des produits
alimentaires réputés nocifs pour la santé augmente chez
les immigrants peu de temps après l'installation au Québec
(Sercia & al., 2018). Plus de 30% des immigrants récents consomment
davantage de viande rouge, 40%
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consomment plus de desserts (mets sucrés), 35%
consomment plus de croustilles et 33% consomment plus de boissons gazeuses
sucrées (Sercia & al., 2018). L'étude de Girard et Sercia
(2014) mentionne également que plus de 10% des immigrants vivraient en
situation d'insécurité alimentaire. Une étude
pancanadienne publiée en 2017 mentionne que faute de moyens financiers,
les femmes immigrantes récentes renoncent généralement aux
aliments frais et abordables, qu'elles remplacent par des produits alimentaires
hautement transformés et financièrement plus accessibles (Stone,
2017). Toujours en raison de limitations financières, de nombreuses
femmes immigrantes récentes se voient contraintes de compléter
leur provision alimentaire avec des produits de basse qualité et de
faible valeur nutritionnelle provenant de banques alimentaires (Stone, 2017).
Le recours aux banques alimentaires peut toutefois s'avérer stigmatisant
et intrusif pour nombre d'immigrants qui estiment par ailleurs que ces banques
alimentaires ne tiennent généralement pas compte de la
diversité culturelle des cuisines (Stone, 2017).
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