2.2.1.2. Portrait de l'emploi chez les immigrants
Au moment de s'insérer dans la vie économique
québécoise, les immigrants sont confrontés à divers
obstacles qui limitent les chances d'obtenir un emploi correspondant à
leur qualification et à leur expérience (Posca, 2016 ; Malambwe,
2017). Les contraintes liées à la reconnaissance des
diplômes étrangers et de l'expérience acquise à
l'étranger, les barrières linguistiques, les pratiques
discriminatoires et le racisme font partie de quelques-uns de ces obstacles
rencontrés par les immigrants (Posca, 2016 ; Malambwe, 2017 ; Castro
& Villeneuve, 2019). Par conséquent, ils sont
généralement désavantagés en ce qui concerne la
participation au marché du travail, tant sur le plan du taux d'emploi
que de la qualité de l'emploi (Malambwe, 2017 ; Posca, 2016). Ces
inégalités en termes de participation au marché du travail
sont plus prononcées chez les femmes immigrantes (Castro &
Villeneuve, 2019 ; Posca, 2016 ; Giroux & al., 2011). Les immigrants du
Québec affichent des taux d'emploi plus élevés que ceux
des immigrants du reste du Canada (Levert & Fakhoury, 2021). En 2020, le
taux d'emploi au Québec pour les personnes immigrantes était de
60,5%, contre environ 56,7% pour les autres immigrants canadiens (Levert &
Fakhoury, 2021). Le taux d'emploi des immigrants au Québec a toutefois
diminué puisqu'il était de 63,1% en 2019 (Levert & Fakhoury,
2021). Le taux de chômage chez les immigrants au Québec a
significativement augmenté en 2019-2020, passant de 7% à 10,7%
(Levert & Fakhoury, 2021). De plus, le taux de chômage chez la
population migrante du Québec en 2020 (10,7%) était
significativement plus élevé que chez la population née au
Canada (8,3%) (Levert & Fakhoury, 2021). Au sein des
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populations migrantes, les écarts en matière de
participation au marché du travail varient en fonction de la
durée de séjour au Québec (Levert & Fakhoury, 2021 ;
Posca, 2016). Les immigrants récents affichent
généralement des taux d'emploi plus faibles que les immigrants
établis (Levert & Fakhoury, 2021 ; Posca, 2016). En 2020, le taux
d'emploi chez les immigrants récents âgés de 15 à 64
ans était de 58,8% contre 70,8% chez les immigrants établis
(Levert & Fakhoury, 2021). De nombreuses personnes immigrantes sont
également en situation de surqualification professionnelle, car elles
occupent habituellement des emplois ne correspondant pas à leur niveau
de scolarité (Levert & Fakhoury, 2021 ; Malambwe, 2017 ; Posca,
2016). Les données récentes montrent que le taux de
surqualification de la population québécoise
générale était de 28,9% en 2020 (Levert & Fakhoury,
2021). Chez les immigrants, ce taux de surqualification (42,6%) était
plus élevé que chez la population née au Canada (24,9%)
(Levert & Fakhoury, 2021). En 2020, les femmes immigrantes au Québec
affichaient un taux de surqualification (43%) légèrement
supérieur à celui des hommes immigrants (42,2%) (Levert &
Fakhoury, 2021). Ces taux de surqualification sont plus élevés
chez les immigrants récents (Posca, 2016). En 2020, plus de 52,4% des
immigrants récents occupaient en effet un emploi pour lequel ils
étaient surqualifiés, contre 38,3% des immigrants de très
longue date (Levert & Fakhoury, 2021). Le tableau 1 montre parfaitement les
disparités dans les taux de surqualification chez les immigrants et le
reste de la population québécoise. Les immigrants sont
également plus nombreux à occuper des emplois de faible
qualité, particulièrement les femmes immigrantes (Malambwe, 2017
; Posca, 2016 ; Castro & Villeneuve, 2019).
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Le taux de chômage élevé des immigrants
ainsi que la faible qualité des emplois qu'ils occupent
généralement au pays augmentent significativement les risques de
transition nutritionnelle (Sia & al., 2019; Sanou & al., 2014; Stone,
2017). Des données suggèrent que l'alimentation traditionnelle
des immigrants sans emploi ou occupant un emploi précaire semble
évoluer très rapidement peu de temps après
l'arrivée au pays vers une alimentation d'une part plus riche en sucre,
en gras saturés et en gras transformés, et d'autre part plus
pauvre en fruits, légumes et fibres (Sia & al., 2019; Girard &
Sercia, 2014). Un statut d'emploi précaire chez l'immigrant semble
être associé à une réduction de
l'accessibilité à des aliments sains en quantité et en
qualité, ce qui est susceptible de conduire à une mauvaise
alimentation et augmenter ainsi le risque de développer des maladies
cardiovasculaires (Sia & al., 2019 ; Blanchet & al., 2018).
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