4.2.3. Transition nutritionnelle et dysglycémie
Au Canada, le diabète représente un
problème de santé publique dont les conséquences sur la
santé de la population et les services de santé sont non
négligeables (Adhikari & Sanou, 2012). En 2011, le diabète de
type 2 touchait environ 5% de la population générale canadienne
(Hyman & al., 2012). Au sein des communautés migrantes canadiennes,
la prévalence du diabète augmente rapidement et ce,
proportionnellement au temps écoulé depuis l'immigration au
Canada (Hyman & al., 2012). Les données suggèrent que la
prévalence du diabète chez les immigrants est comprise entre 1,2%
et 12% et qu'elle varie significativement selon les groupes ethnoculturels et
le pays d'origine (Adhikari & Sanou, 2012; Hyman & al., 2012). Les
immigrants et réfugiés récents non européens (non
occidentaux), particulièrement ceux d'Asie du Sud, des Antilles,
d'Amérique latine et de l'Afrique subsaharienne, semblent
connaître un fardeau de diabète deux à trois fois plus
élevé que celui de leurs homologues d'Europe occidentale ou
d'Amérique du Nord (Adhikari & Sanou, 2012; Hyman & al., 2012).
De plus, le risque de développer le diabète à un âge
plus jeune (moins de 40 ans) est plus élevé chez les immigrants
non occidentaux, notamment les Chinois, les Sud-Asiatiques et les Noirs, que
chez les immigrants occidentaux et les populations nées au Canada (Hyman
& al., 2012). Ces groupes ethnoculturels ont tendance à
développer le diabète à des niveaux inférieurs
d'indice de masse corporelle (Adhikari & Sanou, 2012). La prévalence
du diabète dans les populations migrantes canadiennes pourrait
représenter un indicateur précis permettant d'estimer l'ampleur
de la transition des personnes immigrantes vers un mode de vie canadien
(Adhikari & Sanou, 2012). Les immigrants ont tendance à
développer au fil du temps le diabète à des taux
similaires à ceux des personnes nées au Canada en raison
notamment des transformations dans les habitudes de vie incluant un style de
vie plus sédentaire et l'adoption d'un régime alimentaire
occidental riche en matières grasses (Adhikari & Sanou, 2012).
47
Les mécanismes biologiques par lesquels l'exposition
à un régime alimentaire occidental peut influencer la
santé cardiométabolique et favoriser le développement d'un
diabète de type 2 ne sont pas encore entièrement
élucidés et impliquent potentiellement de nombreuses interactions
entre divers composés des aliments ultra-transformés (Juul &
al., 2022). Ces aliments ultra-transformés dont les valeurs
nutritionnelles de même que les caractéristiques physiques et
chimiques ont été altérés lors du processus de
transformation peuvent influencer les comportements alimentaires, tels que le
moment et la fréquence de consommation, la quantité des portions
et le rythme alimentaire (Juul & al., 2022). Ces comportements alimentaires
peuvent avoir des effets potentiels sur l'apport énergétique et
la qualité de l'alimentation, et ainsi impacter le métabolisme du
glucose (Juul & al., 2022). Des études
épidémiologiques ont montré que chaque augmentation de 10%
d'aliments ultra-transformés dans l'alimentation avait un impact sur le
métabolisme du glucose et était associée à un
risque accru de 12 à 15% de diabète de type 2 (Juul & al.,
2022). En outre, certaines données ont montré également
que la consommation accrue d'aliments ultra-transformés était
associée à une proportion d'incidence du diabète de type 2
d'environ 53% (Juul & al., 2022). Par ailleurs, aucune association
statistiquement significative n'a été trouvée entre la
consommation d'aliments ultra-transformés et les mesures du
métabolisme du glucose chez les très jeunes enfants (Juul &
al., 2022).
|