4.2.2. Transition nutritionnelle et dyslipidémie
Les études traitant directement des liens entre la
transition nutritionnelle en contexte migratoire et les dyslipidémies
sont quasi-inexistantes. Cependant, comme nous l'avons mentionné
précédemment, la transition nutritionnelle en contexte migratoire
est associée à une surconsommation d'aliments
ultra-transformés et donc hautement énergétiques. Or, ces
aliments sont susceptibles d'induire des échecs dans le processus de
régulation de la balance lipidique menant ainsi des dyslipidémies
(Bergouignan & al., 2010). De plus, une étude portant sur
différents groupes de population en transition nutritionnelle a
montré que le risque de présenter des valeurs
dyslipidémiques était significativement plus élevé
chez les immigrants non européens présents dans les pays
occidentaux que chez les personnes nées en Occident (Wändell,
2013).
Les dyslipidémies font référence à
des troubles lipidiques caractérisés par des concentrations
sériques anormales des triglycérides, de cholestérol ou
des deux (Berberich & Hegele, 2022). Les dyslipidémies sont
associées au syndrome métabolique et constituent par
conséquent un important facteur de risque d'athérosclérose
et de maladie coronarienne (Berberich & Hegele, 2022).
L'hypercholestérolémie représente la forme de
dyslipidémie la plus courante en milieu clinique et elle se
caractérise par un taux anormalement élevé de
cholestérol de lipoprotéines à faible densité et
anormalement bas de cholestérol de lipoprotéines à haute
densité (Berberich & Hegele, 2022). Le cholestérol de
lipoprotéines à faible densité est considéré
comme nuisible pour la santé tandis que le cholestérol de
lipoprotéines à haute densité est considéré
comme sain (Statistique Canada, 2021). Selon les données recueillies
entre 2016 et 2019 par Statistique Canada dans son Enquête canadienne sur
les mesures de la santé, 28% des Canadiens âgés de 18
à 79 ans présentaient une hypercholestérolémie et
la prévalence variait en fonction de l'âge (Statistique Canada,
2021). La prévalence de l'hypercholestérolémie avoisinait
les 60% chez les 60 à 79 ans alors qu'elle était de 34% chez les
40 à 59 ans (Statistique Canada, 2021). On a également
observé des différences entre les sexes. La prévalence de
l'hypercholestérolémie était significativement plus
élevée chez les hommes de 18 à 79 (34%) que chez les
femmes de la même tranche d'âge (22%) (Statistique Canada, 2021).
Au niveau des groupes ethniques, la fréquence de
l'hypercholestérolémie est significativement plus
élevée chez les Canadiens d'origine africaine que dans les autres
groupes (Berberich & Hegele, 2022). Compte tenu de l'effet de l'immigrant
en santé
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observé chez les immigrants récents, nous
pouvons supposer que la proportion d'immigrants présentant des niveaux
nuisibles de cholestérol est plus faible chez les immigrants
récents que chez les immigrants établis. La prévalence
d'hypercholestérolémie chez les adultes immigrants de longue date
devrait ainsi, si l'on se fie aux tendances relatives à l'amenuisement
progressif de l'effet de l'immigrant en santé, se rapprocher voire
dépasser celle de la population née dans le pays d'accueil.
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