4.2. Transition nutritionnelle et syndrome
métabolique
Le syndrome métabolique désigne un ensemble de
facteurs de risque, notamment l'obésité, la dyslipidémie,
la dysglycémie et l'hypertension artérielle, qui accroissent les
risques de développer une maladie cardiovasculaire (Huang, 2009). Ces
facteurs de risque cardiovasculaire composant le syndrome métabolique
sont interdépendants et partagent des médiateurs, des
mécanismes et des voies biologiques sous-jacents (Huang, 2009). Les
transformations des habitudes alimentaires des populations migrantes non
occidentales résultant de la transition vers un régime
alimentaire occidental sont associées à un risque accru de
syndrome métabolique (Rakugi & Ogihara, 2005; Parackal, 2017; Dayi
& Ozgoren, 2022; Angelico & al., 2023; Sanou & al., 2014).
4.2.1. Transition nutritionnelle et surcharge
pondérale
En 2018, 63,1% des Canadiens âgés de 18 ans et
plus ont rapporté être en situation de surpoids ou
d'obésité (Statistique Canada, 2019). Au Canada, le surpoids et
l'obésité sont considérés comme une
épidémie et représentent un enjeu majeur de santé
publique. Ils font partie intégrante du syndrome métabolique et
constituent des facteurs de risque importants des syndromes coronariens aigus
(Lytvyak & al., 2022; Katta & al., 2021).
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Les immigrants récents et principalement les non-blancs
(non occidentaux) semblent être moins touchés par cette
problématique de surcharge pondérale à leur arrivée
dans le pays d'accueil (Delavari & al., 2013). De nombreux immigrants font
généralement l'objet d'un gain de poids malsain durant les 10
à 15 années suivant l'établissement dans le pays d'accueil
(Delavari & al., 2013). Cette prise de poids progressive et malsaine n'est
pas uniforme dans tous les groupes d'immigrants et semble varier en fonction de
facteurs comme l'âge au moment de la migration, le sexe, l'origine
ethnique ainsi que le temps écoulé depuis l'arrivée dans
le nouveau pays (Delavari & al., 2013). Par exemple, les femmes immigrantes
noires présenteraient un risque accru de développer de
l'obésité ou du surpoids comparativement aux femmes immigrantes
blanches (occidentales) (Delavari & al., 2013). Diverses autres
études ont montré d'une part des associations positives entre le
temps écoulé depuis l'arrivée dans le pays d'accueil et la
prise de poids, et d'autre part des associations négatives entre
l'âge des immigrants au moment de leur arrivée dans le pays
d'accueil et la surcharge pondérale (Delavari & al., 2013). Ce gain
de poids malsain observé après la migration est notamment
lié à la transition nutritionnelle (Delavari & al., 2013).
D'après Delavari et al. (2013), cette transition nutritionnelle
s'effectue également dans les pays à bas et moyen revenu
d'où proviennent un grand nombre de migrants d'Amérique du Nord.
Au sein des populations migrantes, la transition nutritionnelle s'effectue
assez rapidement, sur des mois ou quelques années, et non sur des
décennies comme c'est le cas dans leurs pays d'origine (Delavari &
al., 2013).
Les aliments et boissons ultra-transformés fortement
présents dans l'alimentation de type occidental contribuent à
l'augmentation de l'apport énergétique global, car ils
fournissent de grandes quantités de glucides libres et de gras
saturés et trans (Martí Del Moral & al., 2021; Nardocci &
al., 2019). Hall & al. (2019) suggèrent que ces aliments
possèdent certaines propriétés orosensorielles pouvant
conduire à une surconsommation ainsi qu'à un retard dans la
signalisation physiologique de la satiété avec comme
conséquence une augmentation du poids corporel au fil du temps. Cette
augmentation progressive du poids corporel causée par la surconsommation
de ces aliments à densité énergétique
élevée résulte entre autres des excès caloriques,
des échecs dans la régulation de la balance lipidique et de
certaines réactions inflammatoires liées à la dysbiose
intestinale (Bergouignan & al., 2010; Burcelin & al., 2013). Cependant,
la prise de poids n'est pas uniquement liée à l'alimentation.
Elle est aussi associée à d'autres facteurs, en particulier les
comportements sédentaires (Sercia & al., 2018).
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