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Rapport de projet d'intervention - prévention des syndromes coronariens aigus chez les immigrants non européens du Québec à¢gés de 20 ans et plus


par Ghislain Muzinga Kasenda
Université Laval - M.Sc. Santé publique 2024
  

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4.1.1. Effets de la transition nutritionnelle sur le microbiote intestinal

Plus de 100 milliards de bactéries appartenant à des centaines d'espèces colonisent le tractus gastro-intestinal humain formant un écosystème complexe appelé microbiote intestinal (Becattini & al., 2016; Burcelin & al., 2013). Les différentes espèces bactériennes composant le microbiote intestinal se répartissent en plusieurs lignées couvrant plus de 90% de la population bactérienne totale, dont les Firmicutes, les Actinobacteria, les Proteobacteria, les Bacteroidetes et les Fusobacteria (Becattini & al., 2016). La répartition de ces groupes de bactéries le long du tractus gastro-intestinal varie en fonction de la disponibilité des nutriments et sous l'influence de différents microenvironnements (Becattini & al., 2016).

Souvent considéré comme un organe supplémentaire du fait de son rôle fondamental dans de nombreux processus physiologiques et pathologiques survenant chez l'humain, le microbiote intestinal exerce de nombreuses fonctions bénéfiques pour l'organisme (Becattini & al., 2016). En effet, certaines bactéries du microbiote permettent l'absorption des lipides par la conversion des acides biliaires primaires en acides biliaires secondaires (Becattini & al., 2016). Des bactéries commensales sont également impliquées dans la synthèse de certains micronutriments, tels que les vitamines et dans certaines réactions biochimiques de transformation des glucides complexes favorisant la modulation du système immunitaire (Becattini & al., 2016). Elles permettent par exemple la synthèse des vitamines B et K et sont également impliquées dans la fermentation des fibres végétales indigestes produisant ainsi des acides gras à chaîne courte dont le rôle est de nourrir les entérocytes ainsi que de moduler les fonctions immunitaires (Becattini & al., 2016). Le microbiote constitue l'acteur fondamental du développement intestinal en favorisant divers processus physiologiques, entre autres, la vascularisation, l'épaississement des villosités, l'élargissement de la muqueuse intestinale, la production de mucus, la prolifération des cellules et le maintien des jonctions serrées (Becattini & al., 2016). L'action du microbiote s'étend au-delà du tractus gastro-intestinal. Il influence

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le fonctionnement de la plupart des organes et systèmes du corps humain, incluant le cerveau, le système cardiovasculaire et le système immunitaire (Becattini & al., 2016; Jin & al., 2019).

Des études suggèrent qu'un régime alimentaire de type occidental caractérisé par une consommation accrue d'aliments ultra-transformés et riches en lipides, glucides, protéines et sel, est fortement associé à un déséquilibre du microbiote intestinal (Burcelin & al., 2013; Duru, 2022; Tang & al., 2019). Ce déséquilibre du microbiote intestinal appelé dysbiose intestinale pourrait donc survenir chez les populations migrantes non occidentales en transition nutritionnelle. Comme le montrent Burcelin et al. (2013) et Duru (2022), les transformations dans les habitudes alimentaires sont susceptibles d'induire une dysbiose intestinale pouvant contribuer au développement de l'obésité, des maladies métaboliques et de diverses autres maladies chroniques. Selon Duru (2022), le régime alimentaire occidental caractérisé d'une part par un apport insuffisant en nutriments favorables et d'autre part par un apport considérable en nutriments défavorables à la diversité du microbiote, contribue au développement d'un environnement inflammatoire spécifique dans le tractus digestif associé à une dysbiose de la muqueuse intestinale. Étant donné que les espèces bactériennes Firmicutes et Bacteroidetes représentent une proportion importante du microbiote intestinal, le rapport de concentration Firmicutes et Bacteroidetes est considéré comme un marqueur biologique de la dysbiose intestinale (Jin & al., 2019).

Des transformations dans le régime alimentaire, notamment vers un régime riche en matières grasses, induisent une dysbiose intestinale chez l'hôte (Burcelin & al., 2013). Cette dysbiose est responsable de la pullulation de bactéries susceptibles d'accroître la récupération énergétique et conduire à un excès énergétique dans l'organisme (Burcelin & al., 2013). Le déséquilibre du microbiote pourrait se traduire par une augmentation de l'absorption de molécules bactériennes hautement inflammatoires comme les lipopolysaccharides (Burcelin & al., 2013). Ces molécules susceptibles de déclencher un choc septique et une dilatation importante des vaisseaux sanguins, sont considérées comme responsables de l'initiation d'un processus inflammatoire métabolique pouvant conduire à une résistance à l'insuline, une infiltration des cellules immunitaires dans les tissus ainsi qu'à une stéatose hépatique (Burcelin & al., 2013). Une augmentation de la concentration sanguine des lipopolysaccharides a été rapportée chez les personnes dont

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le régime alimentaire était particulièrement riche en lipides (Burcelin & al., 2013). Une dysbiose intestinale pourrait également s'étendre à divers tissus de l'hôte causant une dysbiose tissulaire, car des études ont montré qu'une partie du microbiote intestinal pourrait être transloqué vers divers tissus de l'organisme (Burcelin & al., 2013). Ces bactéries transloquées vers les tissus sont ainsi reconnues par le système immunitaire avec comme conséquence l'initiation d'une réaction inflammatoire de type métabolique pouvant contribuer au développement du diabète de type 2, de l'obésité et de l'athérosclérose (Burcelin & al., 2013).

En définitive, les modifications aux habitudes alimentaires qui caractérisent le processus de transition nutritionnelle, représentent un moteur essentiel à la dysbiose intestinale et un risque accru de diverses maladies, notamment les maladies cardiovasculaires (Jaoui & al., 2014; Burcelin & al., 2013; Duru, 2022; Jin & al., 2019).

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