2- LES SECTEURS D'ACTIVITÉS DES ENTREPRENEURS AU
CAMEROUN15
Les secteurs d'activités sont
généralement regroupés par secteur économique
caractérisé par les différentes activités qu'on
peut insérer dans le secteur informel. Au Cameroun, l'on distingue ainsi
le secteur primaire, le secteur secondaire et le secteur tertiaire.
Le secteur primaire pour sa part comprend plusieurs domaines
d'activités. Il s'agit entre autres de l'agriculture qui est le
principal moteur économique du pays, l'élevage et la pêche
qui sont des activités importantes du pays, l'exploitation
minière et l'exploitation forestière.
Le secteur secondaire regroupe les activités
liées à la transformation des matières premières
issues du secteur primaire. Il s'agit entre autres des industries
agroalimentaires, les scieries, les métallurgies, la fabrication des
biens de consommation légère et les textiles.
15Cette sous partie de notre travail a
été inspirée à partir d'un article de 2021du groupe
objectif-import-export :
https://www.objectif-import-export.fr/fr/marches-internationaux/fiche-pays/cameroun/marche-principaux-secteurs,
le 18 octobre 2021.
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Le secteur tertiaire quant à lui regroupe toutes les
activités économiques qui appartiennent au secteur primaire, au
secteur secondaire et divers types de services. Il s'agit notamment du
transport, du commerce, de l'artisanat, la restauration.
Tableau 2 : Les indicateurs des secteurs
d'activités au Cameroun en 2021
Répartition de
l'activité
économique par secteur
|
Agriculture
|
Industrie
|
Services
|
Emploi par secteur (en % de l'emploi total
|
43,5
|
14,4
|
42,1
|
Valeur ajoutée (en % du PIB
|
15,2
|
25,0
|
51,6
|
Valeur ajoutée
(croissance annuelle en %)
|
1,1
|
3,4
|
-0,8
|
|
Source : consulté sur :
http://www.objectif-import-export.fr,
le 18 octobre 2021.
Au Cameroun, 90% des jeunes entrepreneurs se convertissent
dans les activités du secteur tertiaire à vocation
libérale (Kouete, 2020). On retrouve généralement des
commerçants dépendants et indépendants, des artisans...
ils exercent généralement ces activités dans un cadre
informel. Certains encore exercent des activités du secteur primaire
dans un cadre informel afin de pouvoir maintenir au quotidien. Le secteur
informel représente le principal pourvoyeur d'emploi au Cameroun, de
plus il comprend plusieurs particularités qui font sa force.
2-1- Le secteur informel
Le terme « secteur informel » a
été employé pour la première fois dans le rapport
d'une mission générale sur l'emploi menée par le bureau
international du travail (BIT) en 1972 au Kenya. Il désignait alors un
secteur non structuré en dehors des règlementations
administratives.
Selon un rapport de l'UNESCO (2000), le secteur informel
renvoie à des unités de production qui opèrent typiquement
à petite échelle, avec un faible niveau d'organisation, avec une
absence de division entre le travail et le capital entant que facteurs de
production. En effet,
65
l'objectif premier de ce secteur est de créer des
emplois et d'engendrer des revenus pour les personnes concernées.
Au Cameroun, le secteur informel occupe une place
prépondérante dans la création des richesses et des
emplois. En effet, une étude de l'EESI (enquête sur l'emploi et le
secteur informel) relève que le secteur informel génère
50% du PIB et contribuait à 29% des richesses nationales en 2005 (INS,
2005). En 2010, 89% des populations actives en font partie, soit 9,2millions de
personnes essentiellement dans les métiers de l'agriculture et de
l'artisanat (INS, 2010). Une étude plus récente de l'OIT (2017)
fait état de ce que depuis une décennie, le secteur informel
emplois 90% de la force active et assure la survie de nombreux travailleurs. En
effet, depuis la crise économique des années 80, le secteur
informel à durablement gagné de l'ampleur au point de devenir le
principal pourvoyeur d'emploi urbain. Il serait passé de 88,2% en 1993
à 96,1% en 2001 avant de se stabiliser autour de 90% et 88% entre 2005
et 2014 (OIT, 2017). Le secteur informel promeut l'entrepreneuriat de
subsistance et renforce les capacités d'adaptions des populations jeunes
et adultes à faible revenus dans le tissu économique.
Le secteur informel est une économie issue des
productions locales et vouer à satisfaire un marché restreint
d'individus. Il permet à ceux qui l'exercent de satisfaire leurs besoins
vitaux de base (nutrition, logement, santé) et ceux de leur famille.
Kouete (2020), dans une recherche qui portait sur la place du secteur informel
en contexte camerounais ressort 7 principales caractéristiques de ce
secteur d'activité :
Ø Le non enregistrement administratif ;
Ø L'absence ou la faible réglementation de
l'activité ;
Ø L'échelle relativement faible des
activités et des capitaux mobilisés ;
Ø L'absence de local professionnel fixe ;
Ø L'évolution en marge des circuits
organisés ;
Ø Le recours privilégier à la main d'oeuvre
famille ;
Ø L'absence de dispositif de sécurité et de
protection sociale.
L'institut national de la statistique (INS, 2010) au Cameroun
pour sa part dégage trois principales caractéristiques du secteur
informel : l'indépendance du promoteur c'est-à-dire, l'individu
exerçant son activité est son propre patron et travaille à
son propre compte ; l'absence d'enregistrement administratif, ici
l'activité n'est pas enregistrée dans le cadre des
fiscalités ; et enfin l'absence de comptabilité formelle.
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Le secteur informel camerounais est relativement ouvert
à tout individu désirant entreprendre une activité
génératrice de revenus. Le statut social et le niveau scolaire
importe peu dans ce domaine. Seule la capacité à s'adapter et
à écouler ses produits sont déterminants. Un rapport de
l'OIT (2014 : 21) mentionne à ce sujet que « n'importe qui peut
entamer une activité du secteur informel, parce qu'il s'agit
d'activités qui ne requiert pas une formation élevée ni un
capital important ». Concernant les secteurs d'activités, les
rapports de l'INS (2005 & 2010) relèvent que le secteur informel est
présent dans tous les secteurs d'activités notamment dans le
secteur primaire et le secteur tertiaire. Pour ce qui est du secteur tertiaire,
l'artisanat et le commerce semblent être en tête. On retrouve ici
de diverses activités telles que la coiffure, la soudure, la menuiserie,
le tissage, la couture fortement répandu le long des allées dans
les villes camerounaises. Pour ce qui est du domaine du commerce, il apparait
comme celui dans lequel on retrouve à la fois une multitude de
catégories sociales à savoir : jeunes, adultes, hommes, femmes.
Ils sont regroupés autour de petit commerce de gros et de détails
tel que la vente des produits agro-alimentaire (vivre frais, produit de
première nécessité) la friperie, les objets
ménagers. Il concerne également l'offre des services notamment la
restauration, les buvettes. Il arrive parfois que les populations du fait de la
conjoncture économique exercent plusieurs activités à la
fois tant dans le secteur primaire que tertiaire a la quête de ressources
financières dans une dynamique de débrouillardise.
Concernant le secteur informel primaire, l'agriculture est le
secteur dans lequel la grande majorité des jeunes exercent un emploi
92,0% (BIT, 2015). En milieu rural, les activités agricoles constituent
la principale source de survie vouée d'une part à la consommation
et d'autre part à la commercialisation. On y retrouve des cultures
telles que le maïs, l'arachide, les pommes, les légumes, le
plantain. À côté de ceux-ci il y'a d'autres cultures
uniquement destinées à la vente tel que le cacao, et le
café.
Par ailleurs, l'élevage s'impose actuellement dans
l'économie camerounaise il participe ainsi à prêt de
165millions du PIB et procure des revenus autour de 30% aux populations rurales
(Zakari, 2021). L'élevage connait aujourd'hui une nouvelle
catégorie d'acteur en quête de revenus il s'agit entre autres des
jeunes diplômés chômeurs qui n'ayant pas souvent
accès aux services financiers formel se lancent dans l'entrepreneuriat
pastoral. Il s'agit précisément des bovins, des caprins, des
ovins, des porcins et des volailles. Le secteur des volailles et des porcins
est très pratiqué par les entrepreneurs du fait de la forte
demande dans le marché de consommation. Ces différentes
activités varient selon la taille en fonction des ressources dont
disposent les individus qui les exercent.
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2-2- Les différentes formes
d'entreprises
Dans le monde du travail, il existe une multitude
d'entreprises qui diffèrent le plus souvent selon leurs formes et leurs
tailles. On retrouve généralement des entreprises individuelles
ou micros entreprises, des très petites entreprises, des petites
entreprises, les petites et moyennes entreprises et les grandes entreprises.
La classification des entreprises n'obéit pas qu'au
seul critère de la taille et de l'effectif. D'autres facteurs tels que
le secteur d'activité, le chiffre d'affaire, le statut juridique peuvent
intervenir. L'entrepreneuriat informel se situe dans ces
caractéristiques, bien qu'elle évolue dans la stricte
illégalité, elle constitue au même titre que les autres un
secteur visant la promotion de l'activité économique. Selon
Baheke (2016), les petites entreprises ont une place considérable dans
les pays en développement en matière de création d'emplois
et de contribution à la création des revenus. De ce fait elles
contribuent à la réduction du chômage et de la
pauvreté.
La notion d'entrepreneuriat informel dans les pays en
développement (PED) met en exergue deux types d'entrepreneurs du secteur
informel (Berrou, 2014).
Ø Le premier groupe d'entrepreneur qui est très
répandu est principalement constitué d'individus travaillant
à leur propre compte dans des activités à faible niveau de
capital. Il s'agit plus précisément de jeunes disposants de
faibles savoirs faires et compétences entrepreneuriales (peu ou pas
diplômé, peu qualifié), ils sont généralement
motivés par la recherche de gain financier en contexte de
pauvreté économique.
Ø Le second groupe d'entrepreneur qui est minoritaire
est constitué d'entrepreneurs indépendants, il s'agit surtout des
petits patrons de micro et petites entreprises. Les revenus des entrepreneurs
de ces groupes sont largement supérieurs aux salaires minimums en
vigueur dans les pays concernés. Dans ce cas, ils sont motivés
par la saisie des opportunités de l'informalité qui se
présentent à eux.
Au Cameroun, la question de l'informalité des petites
entreprises est de plus en plus récurrente. Le choix est porté
par la majorité des entrepreneurs sur les micros et les petites
entreprises opérant essentiellement dans le secteur informel. Parmi les
critères retenus pour définir les entreprises informelles, les
plus couramment utilisés sont la taille de l'activité de
l'entreprise, l'enregistrement auprès d'une organisation étatique
et la tenue d'une comptabilité régulière (Baheke, 2016).
On y retrouve des individus qui exercent de manière indépendante
et à leur propre compte, ils produisent des biens et des services
très proches des entreprises formelles à la seule
différence que ces activités ne sont pas inscrites dans le
système de fiscalité.
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Parmi ces entrepreneurs on distingue entre autres les
commerçants, les artisans, les agriculteurs, les éleveurs
(Bravo-Bouyssy, 2012). D'après la loi n° 2010/001 du 13 avril 2010
portant promotion des petites et moyennes entreprises (PME) au Cameroun, les
entreprises sont classées sur le critère quantitatif à
savoir le nombre de personnes employés, et les chiffres d'affaires que
nous pouvons résumer sous forme de tableau
Tableau 3 : Critère de classification des
entreprises au Cameroun
Type d'entreprise
|
Nombre d'employés
|
Chiffre d'affaire (hors taxe)
|
TPE
|
5 personnes maximum
|
= (15 000 000) quinze
millions de francs
|
PE
|
Entre (06) six et (20) vingt personnes
|
Entre (15) quinze et (100) cent millions de francs
|
Source : inspiré de Baheke (2016).
Le choix des entrepreneurs pour les micros et petites
entreprises individuelles est plus contraint que volontaire. Ce choix est
dû à l'existence de nombreuses barrières dans
l'accès au crédit notamment formel (banques, microfinances). Dans
les pays en développement, les barrières à l'accès
au financement des activités entrepreneuriales font appels à
d'autres sources de financement telles que l'épargne personnelle et les
réseaux associatifs. Ils constituent généralement le
principal moyen de démarrage des activités économiques
(Zuin, 2004).
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2-3- L'accès au financement
entrepreneurial
L'accès au crédit financier est indispensable
pour tout individu désirant entreprendre une activité
économique génératrice de bénéfices. Dans le
but de booster l'insertion des jeunes et favoriser l'inclusion
financière pour tous, l'Etat camerounais a fait de l'emploi depuis le
début des années 2000 un axe majeur dans sa stratégie de
développement et de lutte contre la pauvreté. Ceci s'est
illustré à travers la mise sur pied d'une batterie d'acteurs
institutionnels tels que le MINPMESSA, le MINJEC, le MINEPIA, le MINADER. Ces
structures ayant pour but de former, d'encadrer et d'accorder des
crédits aux potentiels entrepreneurs. Toutefois, ces initiatives n'ont
pas réussi à promouvoir l'inclusion financière en faveurs
de ces jeunes. Selon le PANEJ (2015) les difficultés d'accès au
financement sont dues au manque général de produits financiers
adaptés aux besoins des jeunes entrepreneurs, les taux
d'intérêts, les coûts de transactions et les garanties
exigées qui ne correspondent pas aux réalités sociales.
Pour Edimo (1998) la recherche d'opportunité de financement par les
entrepreneurs se concrétise à travers les réseaux sociaux
(associations informelles de crédits, liens familiaux et amicaux) et les
communautés d'appartenances. Ces réseaux constituent un
déterminant essentiel du dynamisme des entrepreneurs informels tant dans
les pays du nord que dans les pays du sud.
Au Cameroun, entrepreneurs informels s'orientent vers les
réseaux associatifs de relations interpersonnelles fondés sous le
prisme de l'économie sociale et solidaire. Il s'agit le plus souvent des
systèmes de tontines qui permettent l'accès aux ressources
financières (épargne, cotisation, emprunt) nécessaires
à la mise en oeuvre des activités entrepreneuriales (Warnier,
1991). En guise d'illustration, un entrepreneur nous explique : « ce
n'est pas facile de monter un dossier de financement pour aller voir l'Etat
pour qu'on finance un projet. Non seulement ça met long alors
qu'à la tontine c'est très facile vraiment ça booste nos
activités, ça nous aide à nous réaliser
nous-même et sa nous donne l'emploi » (entretien du
27décembre 2021 avec Aristide d'EMERCOM à Oyom-abang). Les propos
de ce répondant témoignent donc l'importance des réseaux
associatifs pour le financement des activités entrepreneuriales qui sont
d'un apport non négligeable.
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