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Le système tontinier dans le financement de l'entrepreneuriat pastoral jeune à  Yaoundé


par Jordan cedric MELI YIMDJI
Université de Yaoundé 1  - Master 2 2022
  

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2- LES SECTEURS D'ACTIVITÉS DES ENTREPRENEURS AU CAMEROUN15

Les secteurs d'activités sont généralement regroupés par secteur économique caractérisé par les différentes activités qu'on peut insérer dans le secteur informel. Au Cameroun, l'on distingue ainsi le secteur primaire, le secteur secondaire et le secteur tertiaire.

Le secteur primaire pour sa part comprend plusieurs domaines d'activités. Il s'agit entre autres de l'agriculture qui est le principal moteur économique du pays, l'élevage et la pêche qui sont des activités importantes du pays, l'exploitation minière et l'exploitation forestière.

Le secteur secondaire regroupe les activités liées à la transformation des matières premières issues du secteur primaire. Il s'agit entre autres des industries agroalimentaires, les scieries, les métallurgies, la fabrication des biens de consommation légère et les textiles.

15Cette sous partie de notre travail a été inspirée à partir d'un article de 2021du groupe objectif-import-export : https://www.objectif-import-export.fr/fr/marches-internationaux/fiche-pays/cameroun/marche-principaux-secteurs, le 18 octobre 2021.

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Le secteur tertiaire quant à lui regroupe toutes les activités économiques qui appartiennent au secteur primaire, au secteur secondaire et divers types de services. Il s'agit notamment du transport, du commerce, de l'artisanat, la restauration.

Tableau 2 : Les indicateurs des secteurs d'activités au Cameroun en 2021

Répartition de

l'activité

économique par
secteur

Agriculture

Industrie

Services

Emploi par secteur (en % de l'emploi total

43,5

14,4

42,1

Valeur ajoutée (en % du PIB

15,2

25,0

51,6

Valeur ajoutée

(croissance annuelle en %)

1,1

3,4

-0,8

 

Source : consulté sur : http://www.objectif-import-export.fr, le 18 octobre 2021.

Au Cameroun, 90% des jeunes entrepreneurs se convertissent dans les activités du secteur tertiaire à vocation libérale (Kouete, 2020). On retrouve généralement des commerçants dépendants et indépendants, des artisans... ils exercent généralement ces activités dans un cadre informel. Certains encore exercent des activités du secteur primaire dans un cadre informel afin de pouvoir maintenir au quotidien. Le secteur informel représente le principal pourvoyeur d'emploi au Cameroun, de plus il comprend plusieurs particularités qui font sa force.

2-1- Le secteur informel

Le terme « secteur informel » a été employé pour la première fois dans le rapport d'une mission générale sur l'emploi menée par le bureau international du travail (BIT) en 1972 au Kenya. Il désignait alors un secteur non structuré en dehors des règlementations administratives.

Selon un rapport de l'UNESCO (2000), le secteur informel renvoie à des unités de production qui opèrent typiquement à petite échelle, avec un faible niveau d'organisation, avec une absence de division entre le travail et le capital entant que facteurs de production. En effet,

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l'objectif premier de ce secteur est de créer des emplois et d'engendrer des revenus pour les personnes concernées.

Au Cameroun, le secteur informel occupe une place prépondérante dans la création des richesses et des emplois. En effet, une étude de l'EESI (enquête sur l'emploi et le secteur informel) relève que le secteur informel génère 50% du PIB et contribuait à 29% des richesses nationales en 2005 (INS, 2005). En 2010, 89% des populations actives en font partie, soit 9,2millions de personnes essentiellement dans les métiers de l'agriculture et de l'artisanat (INS, 2010). Une étude plus récente de l'OIT (2017) fait état de ce que depuis une décennie, le secteur informel emplois 90% de la force active et assure la survie de nombreux travailleurs. En effet, depuis la crise économique des années 80, le secteur informel à durablement gagné de l'ampleur au point de devenir le principal pourvoyeur d'emploi urbain. Il serait passé de 88,2% en 1993 à 96,1% en 2001 avant de se stabiliser autour de 90% et 88% entre 2005 et 2014 (OIT, 2017). Le secteur informel promeut l'entrepreneuriat de subsistance et renforce les capacités d'adaptions des populations jeunes et adultes à faible revenus dans le tissu économique.

Le secteur informel est une économie issue des productions locales et vouer à satisfaire un marché restreint d'individus. Il permet à ceux qui l'exercent de satisfaire leurs besoins vitaux de base (nutrition, logement, santé) et ceux de leur famille. Kouete (2020), dans une recherche qui portait sur la place du secteur informel en contexte camerounais ressort 7 principales caractéristiques de ce secteur d'activité :

Ø Le non enregistrement administratif ;

Ø L'absence ou la faible réglementation de l'activité ;

Ø L'échelle relativement faible des activités et des capitaux mobilisés ;

Ø L'absence de local professionnel fixe ;

Ø L'évolution en marge des circuits organisés ;

Ø Le recours privilégier à la main d'oeuvre famille ;

Ø L'absence de dispositif de sécurité et de protection sociale.

L'institut national de la statistique (INS, 2010) au Cameroun pour sa part dégage trois principales caractéristiques du secteur informel : l'indépendance du promoteur c'est-à-dire, l'individu exerçant son activité est son propre patron et travaille à son propre compte ; l'absence d'enregistrement administratif, ici l'activité n'est pas enregistrée dans le cadre des fiscalités ; et enfin l'absence de comptabilité formelle.

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Le secteur informel camerounais est relativement ouvert à tout individu désirant entreprendre une activité génératrice de revenus. Le statut social et le niveau scolaire importe peu dans ce domaine. Seule la capacité à s'adapter et à écouler ses produits sont déterminants. Un rapport de l'OIT (2014 : 21) mentionne à ce sujet que « n'importe qui peut entamer une activité du secteur informel, parce qu'il s'agit d'activités qui ne requiert pas une formation élevée ni un capital important ». Concernant les secteurs d'activités, les rapports de l'INS (2005 & 2010) relèvent que le secteur informel est présent dans tous les secteurs d'activités notamment dans le secteur primaire et le secteur tertiaire. Pour ce qui est du secteur tertiaire, l'artisanat et le commerce semblent être en tête. On retrouve ici de diverses activités telles que la coiffure, la soudure, la menuiserie, le tissage, la couture fortement répandu le long des allées dans les villes camerounaises. Pour ce qui est du domaine du commerce, il apparait comme celui dans lequel on retrouve à la fois une multitude de catégories sociales à savoir : jeunes, adultes, hommes, femmes. Ils sont regroupés autour de petit commerce de gros et de détails tel que la vente des produits agro-alimentaire (vivre frais, produit de première nécessité) la friperie, les objets ménagers. Il concerne également l'offre des services notamment la restauration, les buvettes. Il arrive parfois que les populations du fait de la conjoncture économique exercent plusieurs activités à la fois tant dans le secteur primaire que tertiaire a la quête de ressources financières dans une dynamique de débrouillardise.

Concernant le secteur informel primaire, l'agriculture est le secteur dans lequel la grande majorité des jeunes exercent un emploi 92,0% (BIT, 2015). En milieu rural, les activités agricoles constituent la principale source de survie vouée d'une part à la consommation et d'autre part à la commercialisation. On y retrouve des cultures telles que le maïs, l'arachide, les pommes, les légumes, le plantain. À côté de ceux-ci il y'a d'autres cultures uniquement destinées à la vente tel que le cacao, et le café.

Par ailleurs, l'élevage s'impose actuellement dans l'économie camerounaise il participe ainsi à prêt de 165millions du PIB et procure des revenus autour de 30% aux populations rurales (Zakari, 2021). L'élevage connait aujourd'hui une nouvelle catégorie d'acteur en quête de revenus il s'agit entre autres des jeunes diplômés chômeurs qui n'ayant pas souvent accès aux services financiers formel se lancent dans l'entrepreneuriat pastoral. Il s'agit précisément des bovins, des caprins, des ovins, des porcins et des volailles. Le secteur des volailles et des porcins est très pratiqué par les entrepreneurs du fait de la forte demande dans le marché de consommation. Ces différentes activités varient selon la taille en fonction des ressources dont disposent les individus qui les exercent.

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2-2- Les différentes formes d'entreprises

Dans le monde du travail, il existe une multitude d'entreprises qui diffèrent le plus souvent selon leurs formes et leurs tailles. On retrouve généralement des entreprises individuelles ou micros entreprises, des très petites entreprises, des petites entreprises, les petites et moyennes entreprises et les grandes entreprises.

La classification des entreprises n'obéit pas qu'au seul critère de la taille et de l'effectif. D'autres facteurs tels que le secteur d'activité, le chiffre d'affaire, le statut juridique peuvent intervenir. L'entrepreneuriat informel se situe dans ces caractéristiques, bien qu'elle évolue dans la stricte illégalité, elle constitue au même titre que les autres un secteur visant la promotion de l'activité économique. Selon Baheke (2016), les petites entreprises ont une place considérable dans les pays en développement en matière de création d'emplois et de contribution à la création des revenus. De ce fait elles contribuent à la réduction du chômage et de la pauvreté.

La notion d'entrepreneuriat informel dans les pays en développement (PED) met en exergue deux types d'entrepreneurs du secteur informel (Berrou, 2014).

Ø Le premier groupe d'entrepreneur qui est très répandu est principalement constitué d'individus travaillant à leur propre compte dans des activités à faible niveau de capital. Il s'agit plus précisément de jeunes disposants de faibles savoirs faires et compétences entrepreneuriales (peu ou pas diplômé, peu qualifié), ils sont généralement motivés par la recherche de gain financier en contexte de pauvreté économique.

Ø Le second groupe d'entrepreneur qui est minoritaire est constitué d'entrepreneurs indépendants, il s'agit surtout des petits patrons de micro et petites entreprises. Les revenus des entrepreneurs de ces groupes sont largement supérieurs aux salaires minimums en vigueur dans les pays concernés. Dans ce cas, ils sont motivés par la saisie des opportunités de l'informalité qui se présentent à eux.

Au Cameroun, la question de l'informalité des petites entreprises est de plus en plus récurrente. Le choix est porté par la majorité des entrepreneurs sur les micros et les petites entreprises opérant essentiellement dans le secteur informel. Parmi les critères retenus pour définir les entreprises informelles, les plus couramment utilisés sont la taille de l'activité de l'entreprise, l'enregistrement auprès d'une organisation étatique et la tenue d'une comptabilité régulière (Baheke, 2016). On y retrouve des individus qui exercent de manière indépendante et à leur propre compte, ils produisent des biens et des services très proches des entreprises formelles à la seule différence que ces activités ne sont pas inscrites dans le système de fiscalité.

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Parmi ces entrepreneurs on distingue entre autres les commerçants, les artisans, les agriculteurs, les éleveurs (Bravo-Bouyssy, 2012). D'après la loi n° 2010/001 du 13 avril 2010 portant promotion des petites et moyennes entreprises (PME) au Cameroun, les entreprises sont classées sur le critère quantitatif à savoir le nombre de personnes employés, et les chiffres d'affaires que nous pouvons résumer sous forme de tableau

Tableau 3 : Critère de classification des entreprises au Cameroun

Type d'entreprise

Nombre d'employés

Chiffre d'affaire (hors taxe)

TPE

5 personnes maximum

= (15 000 000) quinze

millions de francs

PE

Entre (06) six et (20) vingt personnes

Entre (15) quinze et (100) cent millions de francs

Source : inspiré de Baheke (2016).

Le choix des entrepreneurs pour les micros et petites entreprises individuelles est plus contraint que volontaire. Ce choix est dû à l'existence de nombreuses barrières dans l'accès au crédit notamment formel (banques, microfinances). Dans les pays en développement, les barrières à l'accès au financement des activités entrepreneuriales font appels à d'autres sources de financement telles que l'épargne personnelle et les réseaux associatifs. Ils constituent généralement le principal moyen de démarrage des activités économiques (Zuin, 2004).

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2-3- L'accès au financement entrepreneurial

L'accès au crédit financier est indispensable pour tout individu désirant entreprendre une activité économique génératrice de bénéfices. Dans le but de booster l'insertion des jeunes et favoriser l'inclusion financière pour tous, l'Etat camerounais a fait de l'emploi depuis le début des années 2000 un axe majeur dans sa stratégie de développement et de lutte contre la pauvreté. Ceci s'est illustré à travers la mise sur pied d'une batterie d'acteurs institutionnels tels que le MINPMESSA, le MINJEC, le MINEPIA, le MINADER. Ces structures ayant pour but de former, d'encadrer et d'accorder des crédits aux potentiels entrepreneurs. Toutefois, ces initiatives n'ont pas réussi à promouvoir l'inclusion financière en faveurs de ces jeunes. Selon le PANEJ (2015) les difficultés d'accès au financement sont dues au manque général de produits financiers adaptés aux besoins des jeunes entrepreneurs, les taux d'intérêts, les coûts de transactions et les garanties exigées qui ne correspondent pas aux réalités sociales. Pour Edimo (1998) la recherche d'opportunité de financement par les entrepreneurs se concrétise à travers les réseaux sociaux (associations informelles de crédits, liens familiaux et amicaux) et les communautés d'appartenances. Ces réseaux constituent un déterminant essentiel du dynamisme des entrepreneurs informels tant dans les pays du nord que dans les pays du sud.

Au Cameroun, entrepreneurs informels s'orientent vers les réseaux associatifs de relations interpersonnelles fondés sous le prisme de l'économie sociale et solidaire. Il s'agit le plus souvent des systèmes de tontines qui permettent l'accès aux ressources financières (épargne, cotisation, emprunt) nécessaires à la mise en oeuvre des activités entrepreneuriales (Warnier, 1991). En guise d'illustration, un entrepreneur nous explique : « ce n'est pas facile de monter un dossier de financement pour aller voir l'Etat pour qu'on finance un projet. Non seulement ça met long alors qu'à la tontine c'est très facile vraiment ça booste nos activités, ça nous aide à nous réaliser nous-même et sa nous donne l'emploi » (entretien du 27décembre 2021 avec Aristide d'EMERCOM à Oyom-abang). Les propos de ce répondant témoignent donc l'importance des réseaux associatifs pour le financement des activités entrepreneuriales qui sont d'un apport non négligeable.

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