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Le système tontinier dans le financement de l'entrepreneuriat pastoral jeune à  Yaoundé


par Jordan cedric MELI YIMDJI
Université de Yaoundé 1  - Master 2 2022
  

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1-2-1- Le model PULL et PUSH des motivations entrepreneuriales

v Le model Pull et l'entrepreneur opportuniste

Dans le model « Pull », Gilad et Levine considèrent que la création d'entreprise résulte d'un choix délibéré de personnes intéressés par l'activité entrepreneuriale ou d'une culture entrepreneuriale. Dans ce cas, l'individu qui prend l'initiative de créer une entreprise le fait de manière volontaire et délibérée, il peut donc être considéré comme un entrepreneur opportuniste qui recherche avant tout l'autonomie, l'indépendance. Il est également motivé par la recherche de gains économiques déterminé par sa capacité à identifier et à exploiter les opportunités d'affaires qui s'offrent à lui. L'opportunité se présente dans ce cas comme le principal facteur influençant l'entrepreneur « Pull ». Concernant l'opportunité, un entrepreneur de notre population d'étude nous avoue que :

Ce qui m'a motivé dans l'élevage c'est que, pendant des fins d'années j'ai beaucoup fait dans la vente des porcs pour des amis. Et au bout de deux ans trois ans j'ai vu que ça rapportait beaucoup d'argent et qu'ils s'en sortaient bien, voilà comment j'ai compris que pourquoi moi-même je ne peux pas aussi le faire c'est comme ça que je me suis vraiment lancé à mon niveau. (Entretien du 20 janvier 2022 avec Gérard de ADJAS à Abobo).

Elle fait référence à la faculté pour l'entrepreneur d'identifier un manque ou un besoin dans le marché et de combler ce besoin à travers de nouveaux produits ou services, de nouvelles marchandises, et de dégager des bénéfices supérieurs aux coûts de production de l'entrepreneur. En somme, l'entrepreneur opportuniste s'inscrit dans la logique de l'entrepreneur Schumpetérien motivé par la recherche de gains économiques et le désir d'indépendance.

v Le model Push et l'entrepreneur par nécessité

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Dans le model « Push », Gilad et Levine (1986) postulent que les individus qui se trouvent en situation de nécessité, voire de précarité sont contraints à créer leur entreprise par des facteurs externes et négatifs. Il peut s'agir entre autres : de la difficulté à trouver un emploi stable, le salaire médiocre, le travail non flexible ou encore l'insatisfaction au travail. Ces facteurs motivationnels se retrouvent chez les porteurs de projet en situation de discontinuité négative par rapport à la trajectoire de vie qu'ils se sont fixés. L'entrepreneur de type Push se présente comme un entrepreneur soumis à la contrainte, dans la mesure où l'ensemble des situations qui s'imposent à lui créée la nécessité de s'auto-employer (Gilad et Levine, cité par Nkakleu, 2016 : 8). Dans ces conditions, les individus motivés par les facteurs Push peuvent être considérés comme des exclus de la société, à cet effet ils cherchent à s'affirmer et à être reconnu de tous à travers la création d'entreprise. En somme les motivations des entrepreneurs contraints ou de nécessités résultent de deux dimensions : à savoir la motivation de nature économique qui résulte de la perte d'un emploi. Et la motivation de nature non économique qui provient de l'insatisfaction d'une vie professionnelle et du désir de s'auto-affirmer. En contexte camerounais, les entrepreneurs de nécessité se battent le plus au quotidien pour leur survie. Leur motivation principale à ce niveau provient de la nécessité de rechercher beaucoup d'argent pour prendre soin d'eux et assurer les charges familiales. Les propos d'un répondant en sont la parfaite illustration :

La situation économique déjà actuelle qui n'est pas du tout facile de joindre les deux bouts, parce que justement ce que tu peux avoir sur le plan professionnel parfois est insuffisant. Vue la conjoncture économique même déjà actuelle, et les charges qui ne sont pas du tout évident. (Entretien du 30 décembre 2021 avec Loïc d'EMERCOM à Oyom-Abang chapelle).

Les propos de cet enquêté traduisent tout simplement le désir des populations à faible revenu à faire face aux contraintes économiques. Le coût de vie et les contraintes familiales leurs amènent ainsi à trouver d'autres sources de revenus afin de s'en sortir au quotidien.

Au-delà des facteurs motivationnels de nature (Pull) et (Push) présentés comme agissant de façon exclusive sur les entrepreneurs volontaires et contraints. Les économistes tels que Gabarret et Vedel (2015) mettent en exergue une approche mixte des motivations entrepreneuriales constituées d'une part des facteurs motivationnels positifs et des facteurs négatifs, et d'autre part les facteurs motivationnels économiques et non économiques.

Gabaret et Vedel (2015) constatent que ce sont les facteurs négatifs en général (chômage, manque d'argent) qui déclenchent chez les individus la décision de création des

1-2-2- Les facteurs motivationnels négatifs et positifs/économiques et non économiques

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entreprises. Mais la combinaison de ces facteurs négatifs aux facteurs positifs (désir de travailler, désir d'augmenter son revenu) est à la base de la création d'entreprise. Les facteurs négatifs et positifs se situent sur un continuum qui associés aux motivations économiques et non économiques, aboutissent à plusieurs combinaisons qu'on peut qualifier de motivations mixtes.

Tableau 1 : Les dimensions de la motivation entrepreneuriale

Facteurs motivationnels

Négatifs

Positifs

Non-économiques

Manque de satisfaction

Désir de satisfaction

 

Désir d'indépendance

Économiques

Manque d'emploi

Désir de travailler

 

Désir d'augmentation de

revenu

 

Source : Gabarret et Vedel (2015 : 15).

Nkakleu (2016) s'inscrit dans cette logique dans une recherche portant sur les motivations des entrepreneurs aux pieds nus au Cameroun. Il ressort que les facteurs motivationnels des entrepreneurs sont à la fois économiques et non économiques, influencées par des facteurs positifs et négatifs.

v Les motivations économiques

Il s'agit entre autres de la perte d'emploi qui provoque le manque de ressources financières, le désir de gagner de l'argent, le désir d'épargner, le salaire insuffisant dans l'emploi occupé ou encore l'opportunité d'affaires. Les entrepreneurs aux pieds nus qui renvoient aux entrepreneurs informels ou de nécessités sont la plupart du temps confrontés à l'insatisfaction des besoins vitaux de bases. Ces besoins concernent généralement l'alimentation, la santé, le logement, l'éducation des enfants, le déplacement... en effet comme l'explique Nkalkleu, (2016 : 14), « c'est la recherche du bien-être qui favorise chez ces derniers la création de diverses activités de survie ». De même, ces motivations à entreprendre sont influencées par de nombreuses dimensions telles que :

Ø Le désir de faire quelque chose : il faut dire que l'exercice d'un métier est un impératif pour pouvoir vivre au quotidien.

Ø Sortir de la situation de sans emploi : entreprendre une activité permet non seulement de passer du statut de chômeur à travailleur, mais également de pouvoir s'occuper de son temps. Les affirmations d'un répondant en sont la preuve :

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Ce qui m'a motivé à développer mon activité, c'était le désir de s'occuper il fallait que j'aie une profession. Vous savez ce n'est pas facile de s'insérer dans la fonction publique donc il me fallait avoir une occupation, et il fallait également que je participe au développement à mon niveau (entretien du 27décembre 2021 avec Aristide à Tsinga).

Ø Devenir son propre patron : généralement, le fait pour un individu de créer sa propre affaire dans le but de sortir du statut de sans emploi fait de ce dernier son propre patron qui s'auto fixera des règles et des principes de fonctionnement.

v Les motivations non économiques

Les motivations non économiques sont pour Nkakleu (idem) essentiellement des motivations sociales qui peuvent être représentées en quatre (4) catégories. Il s'agit entre autres :

Ø L'aide de la famille, la satisfaction des besoins alimentaires des enfants, la scolarisation des enfants, la satisfaction des besoins personnels. Généralement, ces facteurs motivationnels sont communs aux hommes et aux femmes micro entrepreneurs dans l'univers camerounais qui recherche avant tout à satisfaire les besoins essentiels.

Ø La recherche d'indépendance et d'autonomie, la poursuite des études supérieures, la réalisation d'une passion, la poursuite d'un entrepreneur ayant réussi. En allant dans ce sens, un enquêté affirme :

Ce qui m'a réellement motivé a démarré mon activité entrepreneuriale je suis jeune étudiant avec mes différents diplômes, j'ai eu à faire les concours mainte fois et je n'ai pas réussi, et avec l'âge et avec le temps qui passe. J'ai voulu exercer quelque chose qui puisse me donner de quoi manger pour ne plus dépendre des parents » (entretien du 04 janvier 2022 avec Gérôme d'EMERCOM au camp-Sonel).

Tout comme les facteurs précédents, ils sont également communs aux hommes et aux femmes. Il est courant de voir dans les marchés et les villes camerounaises, des jeunes très jeunes micro entrepreneur de nécessité qui se lancent dans des petits commerces dans le but d'accumuler des bénéfices afin de pouvoir se payer la scolarité en période de rentrée scolaire. Certains encore le font dans le but de s'autonomiser dû à la faible offre d'emploi du secteur public.

Ø La troisième catégorie concerne des facteurs exclusivement liés aux femmes. Il s'agit notamment : la prise en charge de la grossesse par la femme, la souffrance dans le foyer conjugal, disposé de temps pour effectuer les tâches ménagères.

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La difficulté liée à la vie conjugale amène certaines femmes à s'autonomiser pour mieux prendre soin d'elles et du foyer dans un contexte ou l'époux ne joue pas toujours son rôle. Une jeune entrepreneure expliquait à cet effet que :

Ce qui m'a motivé c'est le fait déjà d'être une femme au foyer. Tu as la charge des enfants, tu as ton mari qui sort chaque jour pour travailler avec son travail son salaire et les enfants on ne parvenait pas toujours à joindre les deux bouts. Compte tenu de mon dynamisme, voilà pourquoi j'ai décidé de mettre sur pied de démarrer mon petit élevage (entretien du 28 décembre 2021 avec Simone d'EMERCOM à Nkolbisson-chapelle).

Ø La dernière catégorie concerne des facteurs liés essentiellement aux hommes qui sont motivé par le désir de quitter leur famille ou de quitter le pays.

Dans les sociétés patriarcales africaines et camerounaise, le garçon est généralement appelé à quitter la famille parentale pour s'autonomiser et fonder sa propre famille. L'absence d'emploi constitue la plupart du temps un frein à leur départ. Les pressions familiales, sociales et le poids de l'âge leur contraint souvent et à s'auto employer à travers des micros et petites entreprises dans divers secteurs d'activités, ceci dans le but de s'autonomiser et de fonder une famille.

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