1-1-3- Les barrières à l'inclusion
financière en Afrique
Lorsqu'on parle de barrière à l'inclusion
financière, il s'agit des difficultés auxquelles la population
africaine est confrontée lorsqu'il s'agit de l'accès à la
finance formelle. Il s'agit d'un ensemble de facteurs involontaires qui
constituent un frein à l'accès aux ressources
financières.
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Les barrières involontaires proviennent le plus souvent
des facteurs subis qui excluent une population. L'exclusion se fait
plutôt du côté de l'offre de services financiers. La
barrière la plus importante en Afrique est la même qu'au niveau
global. Il s'agit entre autres : du manque de moyens financiers (70,8%), la
distance avec la banque trop importante (25,6%), le coût trop
élevé (27, 7%) et le manque de garanties (21,5%) (Klapper et al,
2012). Ces éléments sont les principaux facteurs de l'exclusion
financière involontaire auxquels font face les couches sociales à
faible revenus.
Par ailleurs, d'autres facteurs très importants
influençant l'exclusion financière en Afrique peuvent se situer
au niveau microéconomique. À cet effet, Weil et Zins (2016) se
sont penchés sur cet aspect de la question pour mieux saisir les
facteurs de l'exclusion financière en Afrique. Ils ont pu dégager
deux principaux facteurs que sont : l'éducation et le revenu.
v L'éducation
Concernant l'éducation, la probabilité qu'une
personne ayant suivi un enseignement tertiaire ait un compte en bancaire
augmente de 44%, qu'elle dispose d'une épargne formelle de 31,9% et
qu'elle contracte un crédit dans une banque de 10,1%. Mais lorsqu'une
personne n'a pas eu un enseignement poussé au cours de sa vie, sa
probabilité d'avoir un compte bancaire est de 3%.
v Le revenu
Le manque de moyens financiers les coûts de
transactions trop élevés, le manque de garanties sont des
obstacles qui contribuent à exclusion des couches sociales
défavorisées des services bancaires. L'accès au
financement formel est donc un enjeu majeur pour le développement du
continent. L'inclusion financière en Afrique subsaharienne comme en zone
franc est caractérisée par un accès limité des
ménages ou des TPE au secteur financier formel et par l'importance des
réseaux informels dans l'accès au crédit (Guillaumont
& al, 2013).
1-1-4- L'inclusion financière au Cameroun : bref
état des lieux
Selon un rapport du Centre de recherche pour le
développement international (CRDI, 2019) au Cameroun, moins de 20% des
hommes et 10% des femmes disposent d'un compte auprès d'une institution
financière formelle. L'institution de financement étant les
banques traditionnelles, et les institutions de microfinances, ils ne
facilitent pas l'accès aux crédits aux PME pour assurer
suffisamment leur croissance. Au moins 8millions de camerounais vivent en
dessous du seuil de pauvreté, avec moins de 931 FCFA par jour. Une
enquête réalisée par l'INS
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(2014) faisait ressortir que 40% de la population sont
pauvres, soit 8.088.876 de personnes vivent en dessous du seuil de
pauvreté qui est de 339.715FCFA par équivalent-adulte et par
an14. Il s'agit des personnes qui ne sont pas capable de satisfaire
leurs besoins essentiels, à savoir se nourrir et subvenir aux besoins
sociaux de base. Cette ampleur des choses permet donc de constater que les
barrières à l'inclusion financière sont le plus souvent
subies par les populations camerounaises.
L'exclusion involontaire des populations à faibles
revenus fait apparaitre l'importance du secteur informel et des TPE au
Cameroun. En effet les distributeurs de crédits informels les plus
importants demeurent la famille, les proches et les réseaux associatifs
avec 70% des emprunteurs. Le recours aux réseaux de relations
personnelles est encore plus fréquent en Afrique subsaharienne et en
zone franc avec 85% des emprunteurs (Guérineau et Jacolin, 2014).
L'usage des réseaux de financements informels témoigne de la
volonté des couches sociales à faible revenu à avoir
accès aux ressources économiques pour le financement.
L'accès aux ressources permet ainsi d'entreprendre une activité
économique génératrice de revenus au quotidien, de
satisfaire les besoins sociaux de base (nutrition, logement, santé,
bien-être...) et par ailleurs, mieux s'insérer dans la
société. Comme le souligne un répondant :
Tout le monde n'est pas le bienvenu dans le
système des banques. Les tontines sont aussi pour nous des sortes de
petites banques qui nous permettent aussi nous, qui avons des
difficultés d'inclusion financière à avoir des petites
ressources financières, pour aussi réaliser nos projets
économiques (propos recueillis le 11 janvier 2022 avec Jean-Daniel
d'EMERCOM à Nkolbisson derrière l'institut).
Cette volonté d'insertion dont fait preuve ces
individus traduit leurs besoins d'autonomisation qui est influencé par
de nombreuses sources de motivations nécessaire à toutes
activités entrepreneuriales.
1-2- Les motivations à l'entrepreneuriat des
couches sociales à faible revenus
La littérature dominante sur la motivation
entrepreneuriale présente une conception mixte : la motivation
fondée sur la volonté et la motivation fondée sur la
nécessité. La première fondée sur la volonté
s'inscrit dans la tradition de l'entrepreneur Schumpétérien
(1934) pour qui les motivations sont fondées sur l'exploitation
d'opportunités d'affaires. La seconde fondée la
nécessité considère que la motivation se traduit par le
développement des activités de subsistances (De Miras, 1982).
Transposée dans le champ de l'entrepreneuriat, la motivation
14 Source :
https://www.investiraucameroun.com/index.php/gouvernance/1212-11865-au-moins-8-millions-de-camerounais-vivent-en-dessous-du-seuil-de-pauvrete-avec-moins-de-931-fcfa-par-jour,
consulté le 17septembre 2021.
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représente une force positive ou négative, qui
pousse un individu à se lancer dans la création d'une
organisation et en particulier d'une entreprise. Plusieurs travaux dans le
domaine de la science de gestion et de la science économique se sont
intéressés sur la nature des motivations entrepreneuriales.
Les premiers travaux sont ceux de Gilad et Levine (1986) qui
considèrent que, les motivations d'un individu à la
création d'une entreprise peuvent êtres au choix ou de contrainte.
De ce fait, ils distinguent deux champs théoriques sur les motivations
entrepreneuriales à savoir le model « PULL »
fondé sur l'opportunité et le model « PUSH »
fondé sur la nécessité. L'opportunité faisant
référence à la découverte d'une occasion d'affaire
et la nécessité quant à elle correspond à une
absence d'alternatives.
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