1- LA PROBLÉMATIQUE DE L'INCLUSION FINANCIÈRE
EN AFRIQUE ET AU CAMEROUN
L'accès au financement est un enjeu majeur pour le
développement d'une économie. Il permet aux individus de
développer des projets et de s'insérer dans la
société, aux entreprises de s'investir, d'innover et d'embaucher,
et à l'économie dans son ensemble de fonctionner. Les pays
africains sont particulièrement confrontés aux difficultés
d'accès aux ressources financières pour entreprendre une
activité économique. « En Afrique 70% de la population
sont des individus à faibles revenus vivant en dessous du seuil de
pauvreté » (Zins, 2017). Ce seuil de pauvreté
dramatique constitue un frein pour ces derniers dans l'accès au
crédit de financement formel en vue d'améliorer leurs conditions
de vies déplorables. Cette difficulté explique l'insertion de
cette couche de la population vers des circuits de financements
parallèles
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qui témoignent ainsi de leur recherche du
bien-être. De cette situation se dégage donc un des grands enjeux
du continent qui est l'inclusion financière.
1-1- La notion d'inclusion financière
L'inclusion financière désigne pour la Banque
mondiale (2014) la possibilité pour les individus et les entreprises
d'accéder à moindre coût à toute une gamme de
produits et de services financiers nécessaires et adaptés
à leurs besoins de financement. Elle concerne les services tels que
l'épargne, le crédit et les assurances proposés par des
acteurs fiables et responsables. L'accès à un compte
d'opérations courantes constitue généralement la
première étape dans ce processus. Tadjudje (2016) va dans le
même sens, en la désignant comme l'offre des services financiers
et bancaires de base à faible coût pour des individus en
difficultés. Pour Yong Kim, l'accès aux services financiers
pourrait être une passerelle pour sortir de la pauvreté,
d'où l'importance d'offrir ce service au plus grand nombre. On dit ainsi
d'une personne qu'elle est incluse financièrement lorsqu'elle a un
compte en banque, la capacité de souscrire à une épargne,
de contracter un prêt et la possibilité de recourir à des
services bancaires.
1-1-1- Quelques indicateurs de l'inclusion
financière en Afrique
L'accès aux services financiers est avant tout
déterminé par le niveau de développement
économique. En Afrique subsaharienne, l'accès aux services
financiers formels dans la zone Franc est de 4%. La part de la population de
plus de 15ans disposant d'un compte bancaire dans une institution
financière formelle s'élève à 24% en 2011 contre
90% pour les pays les plus avancés (Guerineau et Jacolin, 2014).
Les indicateurs de l'inclusion financière en Afrique
sont tous inférieurs à la moyenne mondiale. D'après Zins
(2017) 35% de la population dispose d'un compte en banque, 15,4% épargne
dans une institution financière, 6,7% dispose d'un crédit
auprès d'un institut de financement, concernant le recourt au
crédit, 51,6% de la population africaine ont accès à un
prêt bancaire. De tels chiffres démontrent la faiblesse de
l'inclusion financière en Afrique et la préférence des
acteurs pour le financement parallèle à travers l'épargne
et le crédit. L'éducation et le revenu augmentent la
probabilité d'être inclus financièrement, le genre et
l'âge ont également une influence quelconque.
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1-1-2- Les enjeux de l'inclusion financière en
Afrique.
Le financement constitue un enjeu majeur tant pour l'Etat que
pour le secteur privé. En effet, il favorise l'épargne et
l'accumulation du capital et assure une allocation optimale des capitaux. Le
développement financier peut favoriser une accélération de
la croissance et une réduction de la pauvreté. Ce
développement passe par la réduction des contraintes
d'accès au crédit formel, l'amélioration de
l'investissement à long terme, et donc de la croissance
économique (Maimbo & al, 2011).
La promotion de l'inclusion financière comporte donc
deux défis complémentaires. D'une part, le développement
du secteur financier formel afin de favoriser la croissance des crédits
à long terme. Cela entrainerait ainsi la réallocation graduelle
du crédit aux ménages et aux PME en favorisant l'investissement
productif. D'autre part, la prise en compte des contraintes économiques
spécifiques aux ménages et aux PME dans les pays en
développement, ainsi que les solidarités financières
traditionnelles (Guérineau & Jacolin, 2014).
Pour le fond monétaire international, l'inclusion
financière permet à l'échelle microéconomique de
financer des projets personnels ou professionnels (FMI, 2016). L'individu ayant
un accès facile aux ressources peut ainsi investir dans des projets
d'avenir, ce qui à terme, bénéficie à l'ensemble de
l'économie. À l'échelle d'une entreprise, l'inclusion
financière permet de faciliter les activités et les
procédures, comme par exemple le versement des salaires ou le paiement
des fournisseurs. À l'échelle de l'Etat, l'inclusion
financière permet un meilleur contrôle et une
réglementation des activités économiques, ce qui facilite
le paiement des impôts ou le versement des subventions. Cependant, de
nombreux individus en Afrique rencontrent des difficultés lorsqu'il
s'agit de récolter des fonds, et tout particulièrement lorsqu'il
s'agit de la levée des fonds formels. En effet, la part du
système financier informel est encore importante (Bekolo-Ebe, 1996).
L'inclusion financière se heurte souvent à la finance informelle,
mêmes si les deux systèmes ne sont pas incompatibles dans une
même économie.
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