3-2-4- Les activités financières
Au sujet du financement du système tontinier en
Afrique, seuls les apports des membres permettent de les financer. Ces derniers
ne bénéficient d'aucun apport extérieur et sont presque
détachées du système financier officiel (Ependa, 2002).
Dans ces regroupements, il existe plusieurs services financiers auxquels
participent les membres. Il s'agit entre autres des activités de
collecte d'épargne et de redistribution de crédits
(épargne, investissement, emprunt, remboursement) et les caisses
populaires (secours, aide, assurance...). Les opérations
d'épargne et de crédit qui sont au fondement de l'association
concernent le financement pour l'investissement. Les caisses populaires de leur
côté représentent la solidarité et l'entraide.
v Les opérations d'épargne
L'épargne sert de nerf dans le développement
économique. Parmi les notions servant d'architecture aux
opérations d'épargne, la tontine occupe une place
résolument atypique. L'épargne assume en effet une promotion de
l'individu en lui fournissant un cadre de financement de ses besoins
individuels (Edimo, 1998). Véritable outil d'épargne et
d'investissement, les caisses d'épargne regroupe les dépôts
les plus importants. Elles permettent de faire face à des
dépenses imprévues ou à des investissements grâce
à leur système de prêt.
L'épargne est la clé des financements et des
investissements, elle rend possible l'investissement qui permet de créer
des revenus. L'épargne bien investie crée également un
processus de renforcement du capital et de reproductibilité de
l'épargne et donc un effet boule de neige qui entraine le financement et
l'investissement. Les motivations à l'épargne sont
diversifiées et nous retenons entre autres : les objectifs
spécifiques (chômage, les risques sociaux divers...) et les
objectifs précis (investissement, retraite, revenus
supplémentaires réguliers) (Jacquemot, 1993).
En somme, l'épargne dans l'association est
assurée par les versements constants des membres. Chaque membre a la
possibilité d'épargner en fonction de ses revenus et ce n'est
qu'en fin d'années que les montants totaux sont redistribués.
Cette épargne est soumise à une caisse de prêt et
bénéficie d'une bonne rémunération à travers
les intérêts générés. Les sommes
versées font partie intégrante des cotisations du jour de la
réunion et sont enregistrées dans le cahier des cotisations
devant les noms des membres épargnants. Les membres du bureau
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notamment le président, le trésorier et le
commissaire aux comptes, procèdent aux vérifications afin de
s'assurer de toutes conformités.
v Les opérations de crédit
Les AREC accordent des crédits aux membres sur le
principe des enchères. Au cours des enchères, après que
chaque membre ait versé ça contribution auprès du
trésorier, le secrétaire procède à la lecture des
noms des membres qui peuvent participer aux enchères. Ceux qui ont
déjà bénéficié du gros lot sont exclus en
vertu du principe de rotation. Le président ouvre alors la vente en
partant de la mise à prix statutaire et après obtention du gain,
le bénéficiaire désigne son avalise et ils signent
ensemble le registre pour le remboursement. En effet, l'obtention de la
cagnotte est soumise au paiement d'une prime d'enchère, assimilable aux
frais financiers payés dans le cadre d'un emprunt bancaire.
Réciproquement, les intérêts produits sont reversés
aux cotisants, notamment au travers des primes de fin de cycle, constituant
ainsi une rémunération de fin de l'épargne
effectuée (Issoufou, 1992). La diversité des durées de
crédits oblige à recourir aux méthodes classiques
d'actualisation financière pour évaluer ces taux. Elles
permettent en effet de calculer à partir des flux d'épargne ou
d'emprunt, le taux d'intérêt correspondant aux frais financiers
reçus ou versés.
Généralement ce sont des membres qui veulent
saisir des opportunités d'affaires et ceux qui veulent financer leur
affaire qui demandent des crédits. En cas de non remboursement, les
responsables de la tontine convoquent l'intéressé et son
avaliseur pour récupérer les fonds. Ils peuvent également
saisir une autorité familiale ou villageoise pour régler ce
problème dans le respect des coutumes (Soedjede, 1993).
v Les caisses populaires
Les caisses populaires sont des outils incontournables dans
les opérations de crédits. Elles servent de caisses d'assurance
sociale bien structurée. Elles sont encore appelées «
caisse de prévoyance » ou « caisse de secours
». Comme l'explique Parrot (1998), elles sont destinées
à protéger ou soutenir les membres de l'association ou des
personnes de leur entourage lors de certaines circonstances bien
définies à l'avance dans les règlements de l'association.
Elles couvrent ainsi financièrement les évènements heureux
(naissance, mariage, anniversaire, couronnement...) et les
évènements malheureux (accident, décès, maladie,
vol...). Les contributions sont annuelles et relativement faibles ainsi, chaque
membre doté d'une caisse de prévoyance est tenu de participer
à son financement. Dans le cadre d'un malheur par exemple tel que le
décès d'un proche d'un membre, ce dernier pourra
bénéficier d'une assistance matérielle et morale. L'aide
matérielle provient de la caisse de secours de tous les membres.
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Elle porte sur des éléments tels que : le
paiement des frais médicaux, le transport de la dépouille
mortelle jusqu'au village, l'achat du cercueil ou plus
généralement sur les frais d'obsèques. Lorsqu'il s'agit du
décès d'un membre du groupe, une partie des sommes pourra
être exceptionnellement être remise directement à la famille
du défunt. L'aide morale pour sa part implique une visite au malade ou
à la famille du défunt, une présence impérative aux
funérailles. Cet appui moral est obligatoire sous peine de sanctions
(Henri & al, 1991).
On retrouve également des caisses scolaires qui sont
une sorte d'épargne permettant aux parents de faire face aux
difficultés de la rentrée scolaire. Cette caisse est ouverte
à une période précise et est consommée en
début de rentrée scolaire. Tout comme une caisse d'épargne
elle génère des intérêts, et chaque membre qui y
souscrit reçoit sa mise de fonds.
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