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Le système tontinier dans le financement de l'entrepreneuriat pastoral jeune à  Yaoundé


par Jordan cedric MELI YIMDJI
Université de Yaoundé 1  - Master 2 2022
  

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1-2-4- En Afrique

Pour Semin (2007), le système tontinier en Afrique trouve son fondement dans les liens sociaux qui unissaient les membres. La pratique courante du système tontinier africain découle d'une monétarisation des habitudes de collectivisation dans les sociétés traditionnelles africaines. Il s'agissait dès lors de regroupements entre voisins ou entre personnes d'un même

6 Source : https://www.lafinancepourtous.com/?s=la+tontine consulté le 12 juin 2021.

7 Ce sujet fut abordé dans un roman de Robert Louis STEVENSON intitulé « un mort encombrant » et plus tard adapté au cinéma en 1966 dans le film « un mort en pleine forme ». Le scenario est simple deux jeunes gens se retrouvent les uniques survivants d'une tontine, s'ensuit des accidents de chemin de fer et autres péripéties. Plus récemment, la série à succès les Simpson y consacre un épisode, grand père Simpson et le trésor maudit.

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groupe d'âge, pour s'entraider mutuellement à tour de rôle lors des différents travaux (labour, récolte, restauration des toitures...).

Les systèmes tontiniers africains sont sans doute ceux qui ont étés le plus étudiés au cours de la décennie 80, ils sont présents dans la majeure partie des pays africains. C'est à partir de leur monétarisation que des écris mentionnant l'existence des réseaux tontiniers en Afrique sont apparus. C'est le cas en 1952 avec les travaux de Bascom sur « l'Esusu » au Nigéria qui serait apparu vers le milieu du XIXème siècle et dans les pays voisins où il est pratiqué couramment par les musulmans Yorubas. Puis au cours des années suivantes, de plus en plus d'informations sur ce type de pratique vont permettre de mieux connaitre les mécanismes tontiniers, et de s'apercevoir que les regroupements tontiniers existent en fait dans de très nombreux pays d'Afrique. Ce sont les pays d'Afrique de l'ouest qui feront d'abord l'objet d'études sur le système tontinier notamment le Benin, le Nigéria, le Sénégal, le Niger.

v Au Benin

Le Benin est probablement l'un des pays d'Afrique occidentale où le phénomène tontinier s'est particulièrement développé au XIXème siècle. Connu sous le nom de « Adjolou », pratiquement tous les hommes et toutes les femmes de plus de 18ans y participaient depuis des années (Gasse-Hellio, 2000). On y trouvait des tontines mutuelles ou tournantes qui sont des associations des personnes se connaissant bien et désireuse de se prêter et de s'emprunter un peu d'argent pendant un certain temps. Lorsque chacun percevait sa mise, le groupe se disloquait à moins que les participants décidèrent de recommencer une nouvelle fois (Lelart, 1989). Ces formes de tontines sont très pratiquées au bénin depuis leur apparition.

De même, une enquête réalisée par Gnansounou en 1989 sur les marchés de Cotonou à saint-michel faisait mention d'une autre forme de tontine : les tontines commerciales ou ambulantes. Dans cette forme, tout reposait sur un tontinier qui collectait périodiquement l'argent de ses clients et les remboursait à la date convenue. Cette forte pratique des tontines béninoise semblait provenir d'une réaction des populations aux programmes d'ajustement élaborés par le fond monétaire et la banque mondiale. Aujourd'hui plus de 60% de la population au Bénin recourent aux services du système tontinier pour financer des petits projets, acheter des biens et surtout régler des problèmes ponctuels (Hedi, 2016).

v Au Sénégal

Le système tontinier sénégalais tire ses origines des regroupements d'entraide basée sur le travail physique de groupe (labour, construction d'une maison...). Selon Nzeumen (1993), la monétarisation de ces derniers va se manifester en raison des difficultés d'accès des

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populations sénégalaises à faible revenus au crédit bancaire local calqué sur le model occident. L'influence de l'islam et l'importance des relations sociales auraient également influencé leur monétarisation (Dromain, 1989).

Une enquête réalisée en 1985 par le ministère sénégalais de l'habitait estimait à 89% le taux de participation aux AREC par les ménages sénégalais. De même, l'enquête ressort l'existence de trois types de tontines au Sénégal à savoir : la tontine financière pour la réalisation des projets à visé économique ; la tontine commerciale qui représente une caisse d'épargne utile aux vendeurs ; et la tontine mutuelle basé sur la distribution rotative de l'épargne entre les participants utile pour gérer les charges familiales.

Aujourd'hui, l'importance des AREC sénégalaise n'est plus à démontrer. L'existence et le succès du système tontinier au Sénégal doivent semble-t-il, être attribués à un phénomène d'exclusion relative d'une très large fraction des populations des circuits financiers modernes. Ainsi la force actuelle du système tontinier sénégalais réside dans leur mode d'organisation. Les caractéristiques du système culturel et économique environnant constituent également un point fort de ses regroupements (Lelart, 1990).

v Cameroun

Le Cameroun est incontestablement l'un des pays en Afrique centrale où la pratique des systèmes tontiniers est le plus répandu. Connu sur le non de « Djanguis », ils sont des pratiques extrêmement vielles et très âgées, un pur produit de la société camerounaise africaine. L'économiste camerounais Nzeumen (1988) situe leur origine au Cameroun dans les sociétés traditionnelles marquées par un esprit communautaire de solidarité et d'entraide réciproque. Le but de ces regroupements était la promotion de la sécurité sociale des membres, la recherche de la sécurité et de la promotion sociale des membres. Dans un contexte économique marqué par l'absence de structures de financements formels, il était question de réunir les ressources financières nécessaires au financement du développement de ces sociétés.

Dans leur forme primitive, ils ont tourné autour d'échange de travaux productifs et de denrées alimentaires. Les membres réunis sous le sceau de l'amitié se devaient mutuellement soutien et assistance. Leur monétarisation est apparue dans l'ouest-Cameroun avant la colonisation où les transactions se faisaient en cauris, en perle, en manilles ou en tringles de laiton (Henry et al. 1991). C'est au tournant des années 1980 avec la crise bancaire qui avait profondément affaibli le Cameroun que les systèmes tontiniers vont connaitre un essor considérable avec pour fondement la solidarité, le culte de l'effort, la réalisation de soi... qui ont contribué à leur pérennité. La tontine camerounaise tire aussi son origine de la période

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précédent la traite négrière, au cours de laquelle des formes de tontine ont pris naissance (Ngeubou et al. 2002).

Au Cameroun, c'est surtout dans la culture « Bamiléké » plus connu en langue vernaculaire sous le nom de « tchoua'ah » que la perception et l'importance du système tontinier est prépondérant. Comme le souligne Kemayou & al. (2011 : 169) « Leur importance est telle qu'il est presque difficile de voir cette communauté dans une région sans la pratique d'une tontine ». Cette pratique se transmet de père en fils et fait partie des richesses léguées en héritage. Ayant conservé leurs valeurs d'antan, elles se caractérisent aujourd'hui par une action de solidarité visant à aider un membre en difficulté ou financer les projets collectifs ou individuels. Ces regroupements sont désormais convoités par la majorité des hommes d'affaires et grands commerçants d'origine bamiléké qui y transitent des centaines de milles (Brillet, 2012).

Aujourd'hui le système tontinier est pratiqué en Afrique et au Cameroun par plusieurs catégories d'acteurs et sous diverses formes en fonction des besoins de ces derniers.

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