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Le système tontinier dans le financement de l'entrepreneuriat pastoral jeune à  Yaoundé


par Jordan cedric MELI YIMDJI
Université de Yaoundé 1  - Master 2 2022
  

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1-2-2- En Amérique

L'origine du système tontinier en Amérique pourrait se situer dans les sociétés traditionnelles de la côte nord-ouest américaine telles que la nouvelle Calédonie, le Trobriand et la Nouvelle-Guinée que Mauss qualifiait de société de don-échange (1924). Les tribus antiques indiennes qui y vivaient pratiquaient une forme archaïque de contrat appelé le Potlatch. Ce principe était une forme de contrat social entre deux individus ou un groupe d'individu fondé sur « la triple obligation de donner, rendre et recevoir » (Mauss, idem : 18). Les échanges transitaient autour des biens matériels et consommables tels que des maisons, des meubles et des denrées alimentaires. Par exemple, un agriculteur venait déposer ses produits devant la maison de son partenaire pêcheur, celui-ci à son tour après une grande pêche avait l'obligation de céder une partie de celle-ci à son ami agriculteur. Dans les sociétés Mélanésiennes pour leur part, un parent qui donnait sa fille en mariage, se voyait attribuer des richesses matérielles telles que des cauris, des perles, et autres objets de valeurs. Dans ce système, les biens et objets donnés n'étaient pas gratuits. En effet, Il s'agissait avant tout d'une prestation totale dans laquelle les individus en interactions avaient l'obligation de donner d'une part, de recevoir et de rendre d'autre part. En outre ces sociétés pratiquaient des échanges non marchands fondés sur la solidarité et la réciprocité. Il s'agissait d'un système de tontines qu'on pouvait qualifier de tontines de denrées, tontines immobilière, tontines d'entraide.

1-2-3- En Europe

D'après la thèse de Moulin (1903) le mot Tontine vient de son initiateur le banquier napolitain Lorenzo Tonti. Au XIIème siècle, en 1963, il proposa au cardinal Mazarin une combinaison d'emprunt fondée sur un principe nouveau. Il s'agissait d'un emprunt d'Etat en contrepartie de rentes viagères. À l'époque, Louis XIV roi de France demanda à Mazarin de réapprovisionner les caisses de l'Etat, c'est ainsi que le premier ministre sollicita le banquier napolitain afin de trouver une nouvelle méthode pour financer les caisses publiques. Lorenzo Tonti inventa un emprunt qui réunissait des épargnants pour recueillir et faire fructifier les

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cotisations des adhérents. Son procédé venait à point nommé à une époque où le royaume de France connaissait un véritable dépérissement du crédit de l'Etat. C'est ainsi qu'en novembre 1963, Mazarin fit paraitre un arrêt du conseil instaurant la première tontine royale, c'est dans ce sens qu'elle fut alors nommée. Cette année marqua pour ainsi dire, le début de l'histoire de la tontine6.

Après la défaite de Napoléon en Angleterre, la France dû verser un lourd tribut aux anglo-saxons. Ces indemnités de guerre se traduisaient par des titres de rente qui pesèrent lourd sur l'économie française. C'est alors que deux ingénieux français, Eugène Riffault, censeur de la banque de France et le général Fréderic Riffault, commandant de l'école polytechnique trouvèrent un moyen de racheter ces titres de créances, grâce à la tontine. Durant cette période, la tontine connue un véritable essor, et en 1844 sur ordonnance royale, les frères créaient « le conservateur de tontine ». Groupe vieux de près de 170 ans, le conservateur a su s'adapter pour affronter toutes les crises, et moderniser le produit pour le rendre intéressant au cours des décennies d'existence (La famille des 8, 2014). Ce principe a également existé en Angleterre où à partir de 1692, l'Angleterre fit de nombreuses applications du principe tontinier à ses emprunts publics. Mais, il a connu des dérives et fut interdit car, certains participants de tontines avaient décidé d'éliminer les autres associés de la tontine pour en récupérer une plus grande part7. Selon Pairault (1990), le terme semble avoir été utilisé pour la première fois par un juriste français en 1905, l'année même où une nouvelle loi sur les tontines fut promulguée en métropole. Les juristes ont fini par se rendre compte que dans les pays voisins, ces pratiques étaient les mêmes et donc une appellation commune serait beaucoup plus simple. Cette explication laisse cependant sans réponse à la question de savoir comment l'expression est passée du continent asiatique au continent africain.

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