Conclusion
Les territoires de mobilité pastorale au Nord-Cameroun
ont été l'objet d'intérêt pour de nombreux projets
de développement. Ils ont essayé de mettre en place des actions
et de nombreuses interventions aux résultats mitigés en
matière de concertation et de sécurisation foncière :
délimitations foncières des villages, des zones pastorales et des
couloirs de transhumance ; formalisation écrite des transactions
foncières individuelles ; la planification concertée... De
manière générale, les objectifs des principaux projets
visaient une meilleure intégration de l'élevage et des
éleveurs dans le développement local à travers la
structuration professionnelle et une démarche de gestion
négociée et de sécurisation de l'espace ; ce qui
était tout à fait pertinent. Ces projets ont à leur actif
la production des démarches d'appui à la gestion concertée
des espaces et ressources naturelles au niveau local. Cependant, des
difficultés sont apparues pour inclure certains transhumants dans la
concertation et le non-respect des accords à la fin des projets qui
supportaient entièrement le coût des opérations. Il en est
de même des faiblesses au niveau des organisations d'éleveurs en
ce qui concerne leur fonctionnement, leur gouvernance et le financement. Ces
organisation ont en effet une faible participation et sont toujours
réticents à s'impliquer dans les débats locaux et les
arènes de négociation.
Partant des limites et insuccès des actions
menées, nous avons proposé une démarche innovante qui
capitalise les acquis de ces projets (démarches et comités de
concertation) et propose un processus de décision qui prend en compte
plusieurs étapes
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et s'appuie sur un contexte spatial local permanent (villages
et communes). Les villages sont en effet le lieu où vivent tous les
acteurs qui utilisent les territoires de mobilité pastorale et où
une certaines cohésion sociale peut être une base à la
négociation et la concertation. Quant à la commune, elle est dans
un processus de décentralisation, certes inachevée mais
déjà assez avancée pour lui permettre de s'approprier les
initiatives de concertation spatiale. Cette option spatiale est motivée
par le fait que l'une des raisons des échecs des projets de
développement en matière de concertation spatiale était sa
durée limitée dans le temps et son manque d'encrage
institutionnel dans la pérennité. La commune qui est une
entité locale pérenne pourrait ainsi intégrer dans son
programme et son budget les actions de concertation autour des territoires.
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