I.2.2. Crise écologique
La crise écologique s'observe par la dégradation
des parcours naturels (la strate herbacée mais aussi arborée par
émondage excessif) du fait des aléas pluviométriques mais
surtout d'une trop grande charge en bétail, au moins dans les
régions Extrême-Nord et Nord. Sur le plan régional, les
ressources fourragères étant inégalement
12 Société Industrielle de Fabrication
d'Aliments du Bétail
13 Société Industrielle de
Transformation des Oléagineux du Nord
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réparties dans l'espace et dans le temps14,
seule la transhumance permet pour le moment aux éleveurs un transfert de
charge saisonnière entre zones. Les éleveurs constatent une forte
régression de la qualité des pâturages sur les parcours sur
la base de certains indicateurs qui leur permettent d'identifier les espaces
dégradés ou en voie de dégradation. Les éleveurs
sont sédentarisés sur de petits territoires dont la
capacité de charge est largement dépassée par le nombre
d'animaux dont ils ont la garde. Bien que les espaces cultivés et de
parcours soient gérés par les communautés
d'éleveurs avec une certaine sécurité15, la
surface mise en valeur est insuffisante pour assurer toutes les
activités d'élevage durant le cycle annuel. Vu les effectifs
recensés, la sédentarisation définitive de ces
éleveurs avec leurs troupeaux dans ces territoires s'avère
impossible même si on maintient l'accès à des parcours
extra villageois de proximité (dans les collines et le long des berges
de la Bénoué qui sont aussi convoitées par d'autres
éleveurs locaux). La culture fourragère ne pourrait pas apporter
un surplus d'alimentation suffisant à moins de recourir à des
systèmes de culture très intensifs, non compatibles avec les
moyens des éleveurs (irrigation pour une culture permanente,
fertilisation forte, clôture). Le recours à la transhumance ainsi
qu'aux parcours de proximité hors des territoires d'attache est
indispensable à l'entretien du bétail.
De plus, les inondations récurrentes dans la zone
provoquent de nombreuses mortalités des animaux et la dégradation
des parcours proches des lacs et des cours d'eau. Au début des
inondations, les ressources végétales pastorales ont
été fortement dégradées dans toute la zone
inondable comprise entre Lagdo et Pitoa. Les herbacées ont
été submergées et les animaux pâturant dans les
zones inondables ont eu du mal à brouter. Les espèces herbeuses
les plus dégradées sont : Nenuphar, Andropogon spp,
hypparhenia rufa, Mimosa pigra, Echinochloa pyramidalis, Cyperus spp.
Cette situation a eu pour conséquence le
déplacement des animaux dans des villages plus éloignés
exacerbant les conflits entre les agriculteurs et les éleveurs. Elle
a
14 Du fait du gradient de pluviométrie et de
date d'arrivée des pluies observé entre le nord et le sud de la
région du Nord.
15Si les enclaves des agriculteurs ne s'agrandissent
pas.
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également entraîné localement la surcharge
en bétail entrainant une dégradation de la
végétation et de la structure des horizons de surface qui devient
plus compacte et grossière.
Pendant la période de forte crue, les éleveurs
se sont rabattus sur les espèces ligneuses présentes sur les
parcours proches des territoires d'attache. Les espèces qui ont fait
l'objet d'émondage régulier sont Pterocarpus erinaceus,
Acacia sieberiana, Afzelia africana, Stereospermum kunthianum, Khaya
senegalensis, Daniella olivieri.
Les calendriers agricoles et des transhumances ont
été sérieusement perturbés. De nombreux
éleveurs ont transhumé sur de longues distances pour nourrir leur
bétail.
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