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Les territoires de mobilité pastorale: Quelle mobilité dans un contexte de pression sur le territoire rural en zone soudano-sahélienne du Nord-Cameroun?


par Natali KOSSOUMNA LIBAA
Université Paul Valéry Montpellier III France - Habilitation à Diriger des Recherches 2014
  

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I.2. Élevage soumis à plusieurs contraintes

Les systèmes d'élevage au Nord-Cameroun sont peu intensifiés (sauf certains élevages porcins) et reposent essentiellement sur les ressources des parcours naturels et la vaine pâture (les résidus des cultures)). On distingue une diversité de systèmes d'élevage de ruminants, des systèmes très extensifs (élevage transhumant sans aucune complémentation alimentaire), des semi-intensifs alliant l'activité pastorale à l'agriculture à des systèmes relativement intensifs (unité d'embouche et de production laitière). Ces systèmes d'élevage sont conduits en grande majorité par des producteurs Peul mais il convient de distinguer le groupe des Fulbé historiquement bien implanté Au Nord-Cameroun et celui des Mbororo dont le processus de sédentarisation a débuté dans les années 1990. Cette communauté est peu présente dans les instances communales, dans les groupements et fédérations et entretient peu de relations avec les projets et les services techniques.

Au Nord-Cameroun, le maintien de cet élevage de ruminants se heurte à la réduction de la surface des parcours du fait de leur mise en culture par une population d'agriculteurs en croissance continue. De plus, les usages des résidus de culture se diversifient (construction, combustible, plus rarement couverture du sol) même si le droit de vaine pâture demeure fortement ancré dans les campagnes : les éleveurs et leurs troupeaux ne sont plus les seuls bénéficiaires de cette ressource gratuite, les agriculteurs (et ceux devenus agro-éleveurs) souhaitent que leurs sols et leur bétail en bénéficient prioritairement. La crise de l'élevage s'observe à plusieurs niveaux (spatial, écologique, social et en terme de gouvernance) (Figure 4).

Écologique

- Non définition des charges sur les

espaces de parcours

- Dégradation des parcours naturels

- Aléas pluviométriques

- Sécheresse

- Inondations, nombreuses mortalités et

dégradation des parcours

- Difficulté de régénération des parcours

- Feux de brousse et dégradation du

couverts végétal

Spatiale

- Augmentation du cheptel bovin

- Réduction des espaces exclusivement réservés aux troupeaux

- Contraintes de mobilité à cause du rétrécissement des pistes à bétail

- Emboîtement des différents espaces de pâturage avec les espaces agricoles

- Zones de pâturage sécurisées mais non respectées et menacées par les feux de brousse

- Hydrauliques pastorales réalisées mais manque de suivi

- Des points d'eau insuffisants

- De nombreuses utilisation des résidus de récolte ignorées

CRISES DE L'ÉLEVAGE

Gouvernance

- Dualité des décideurs - Difficulté pour les éleveurs d'avoir les mêmes droits sur les territoires ruraux

- Dysfonctionnements et des gaspillages de ressources - Corruption et difficulté de pérennisation des espaces acquis - Marginalisation

- Isolement sociopolitique

Sociale

- Accroissement des conflits entre les éleveurs et les autres acteurs (agriculteurs, lobbies environnementaux)

- Conflits intergénérationnels au sein des communautés d'éleveurs

- Implication des bergers non issus des communautés d'éleveurs

- Paupérisation de nombreux éleveurs

- Manque de soutiens institutionnels et de capital social des associations

- Arrivée massives des éleveurs centrafricains chassés par les anti-balaka

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Figure 4. Facteurs à l'origine des crises de l'élevage au Nord-Cameroun I.2.1. Pressions sur l'espace pastoral

La crise spatiale se manifeste par la réduction des surfaces exclusivement réservées aux troupeaux et les contraintes à leur mobilité, qu'ils s'agissent des déplacements quotidiens de saison de pluies ou de la transhumance plus ou moins longue. Les incertitudes sur le foncier sont entretenues et exacerbées par les autorités traditionnelles qui n'hésitent pas à remettre chaque année en cause les règles d'accès à la terre. Cela, évidemment, pousse les Mbororo à déplacer chaque fois leurs sites d'installation ou à renégocier ceux sur lesquels ils sont installés. Il en est de même de la reconnaissance des zones attribuées aux pâturages (hurum) qui sont à la fois octroyées aux agriculteurs. Cela engendre des conflits, sources de revenus pour les chefferies lors des médiations.

Une quinzaine de zones de pâturage ont été sécurisée avec l'aide du projet de Gestion Sécurisée des Espaces Pastoraux (GESEP), mais ces zones sont menacées par feux de brousse. Une centaine d'hydrauliques pastorales sont réalisées par le Projet de

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Réhabilitation et de Création des Points d'Eau pour le Bétail (PRCPB) mais n'a pas donné satisfaction à cause d'un manque de suivi. Le Ministère de l'Élevage des Pêches et des Industries Animales (MINEPIA) a réalisé une vingtaine de points d'eau mais toujours insuffisante. De nombreuses utilisations possibles des résidus de récoltes sont ignorées des producteurs et peu d'entre eux tentent de récupérer, conserver et améliorer ces ressources pourtant non négligeables. Malgré cela, les résidus tel que les gousses d'arachide et de niébé, fanes de haricots et d'arachide, tige de mil, constituent l'essentiel de l'alimentation du bétail en saison sèche dans les zones Massa, Toupouri et Mousgoum. L'utilisation systématique de ces résidus est entravée par d'autres usages (combustibles, chaume, et la collecte eu égard à leur volume et à la distance avec les lieux d'habitations). Parmi les autres ressources alimentaires potentielles, on ne fait pas un usage adéquat des sous-produits agro-industriels comme le tourteau de coton et les sons. La SODECOTON produit le tourteau de coton (Nutribet), Coque, Provende. II faut signaler que l'obtention des tourteaux par des éleveurs est difficile. La SODECOTON a produit 3 225 tonnes de coque de graine de coton et les femmes de la région qui brassent la bière de mil produisent des quantités importantes de drèches qui sont vendues aux éleveurs de porcs et de petits ruminants. Les tiges de mil, les fanes d'arachide et de haricot sont couramment utilisées en saison sèche. En dehors de la SODECOTON, les particuliers dispose des industries de fabrication d'aliments de bétail (le SIFAB12, le SITRON13, etc.) qui fabrique le tourteau de coton, soja et d'arachide.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery