V.3.5.2. Les initiatives de cogestion et les plateformes de
négociation
L'approche « co-gestion » a été ces
dernières années très fortement soutenue par les bailleurs
et les institutions en charge des programmes de conservation de la
biodiversité.
Un des principaux outils de la cogestion est le cadre de
concertation, mais la question de leur mise en oeuvre et de leur
légitimité et efficacité sur le terrain reste une
conception abstraite tant que les bailleurs et institutions en question ne lui
transfèrent pas un véritable pouvoir de décision. D'autre
part, ce cadre de concertation bute sur la question de la volonté
politique (souhaite-t-on réellement partager les prises de
décisions avec tous les acteurs en présence) et de la mauvaise
compréhension de l'approche cogestion par les professionnels de la
conservation.
En outre, le Nord-Cameroun connait d'importants
bouleversements dans sa dynamique démographique, socioéconomique
et son cadre de référence culturels et politiques. Cela induit de
manière récurrente un déséquilibre dans les
rapports de production entre les différents acteurs, compte tenu par
exemple de la sédentarisation des éleveurs, de
48 Ministère de la Forêt et de la
Faune.
203
l'accroissement démographique, des flux migratoires. Il
en résulte que les cadres de concertation constituent un espace de
négociation efficace à un temps « t » mais sont
rarement viables à long terme, comme le souligne, compte tenu de
l'évolution rapide du contexte démographique,
socioéconomique et politique. Il est ainsi important de prendre en
compte dans les cadres de concertation l'aspect dynamique des relations entre
acteurs et des modes de gestion des pâturages et des espaces
cultivés. Cela fait parfois référence à des
comportements tout à fait opportunistes de la part de certains individus
ou groupes d'intérêt, lesquels ne peuvent être pris en
compte dans les cadres de concertation qu'à condition d'adopter une
démarche souple incluant une évaluation continue du dispositif de
négociation adopté et des groupes d'intérêt
identifiés.
Une action concertée menant à la cogestion a
été suggérée par les institutions internationales
et le gouvernement du Cameroun (Tagueguim, 2010 ; Tsama, 2010) dans le cadre
d'une approche participative dans la gestion du parc. Dans un contexte de
croissance démographique et le manque de ressources, l'adhésion
de la population locale et même la population migrante aux politiques de
conservation devient difficile. Cela s'explique par le fait que les besoins de
la population locale ne sont pas pris en compte dans la création de
parcs. Dans le cas spécifique du Nord Cameroun, il a été
constaté que les questions de transhumance transfrontalière dans
son ensemble ne sont pas prévues. Les problèmes actuels
rencontrés dans ces parcs du fait de cette activité montrent que
tous ces éléments doivent être revisités.
|