V.3.5. Consensus à rechercher autour des aires
protégées
V.3.5.1. Le rôle des acteurs locaux dans la
gestion de la mobilité des animaux dans les parcs
Le rôle des chefs traditionnels dans la gestion des
parcs de la région du Nord a toujours été ambigüe
(Djamen Nana, 2008). Le fait que les chefs traditionnels soient
47 Les autorités coutumières sont des
autorités locales ayant, de par l'histoire et selon les normes locales,
un pouvoir sur les hommes et/ou sur les territoires et les ressources
naturelles qu'ils comportent. Leur légitimité est le plus souvent
issue de l'histoire et du peuplement, mais leur rôle ou leur processus de
désignation ont pu être profondément transformés par
l'intervention de l'État, pendant la colonisation et après
Benkahla et Hochet (2013).
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en majorité musulmans peut justifier leur
tolérance vis-à-vis des éleveurs transhumants,
eux-mêmes de cette religion. Ils savent néanmoins que les parcs
sont considérés comme des biens de l'État et ils n'ont
donc aucune raison de participer à sa gestion. C'est ce qui explique
leur nature lointaine et la négligence qu'ils ont toujours eu dans sa
gestion. Leur intégration récente dans la commission de gestion
des parcs peut-être une meilleure solution pour les impliquer de
manière plus engagée. Par ailleurs, le Sarki Saanou,
Ministre de l'élevage dans l'administration traditionnelle, n'est pas
impliqué dans la gestion du parc alors qu'il est bien informé sur
les questions de transhumance.
En ce qui concerne les projets et programmes de
développement en faveur des populations locales, leur action en faveur
de la politique de conservation est mitigée. Dans une étude
réalisée dans la région du Nord sur le mouvement du
bétail, Djamen Nana (2008) a mentionné la position contradictoire
de ces acteurs. Ces derniers malgré leur compréhension et leur
acceptation des politiques de conservation sollicitent la mise en place
d'actions concertées pour améliorer les conditions des
populations locales afin de susciter leurs intérêts pour les
actions de conservations. Le déséquilibre qui existe entre les
missions de développement et la gestion de sites de conservation comme
les parcs dans le Nord est tellement criard, selon les projets et programmes de
développement. Il s'impose l'obligation d'associer obligations de
développement et nécessité de conservation dans et autour
des parcs. Dans un contexte de rareté des ressources, de pression
démographique et de faible rôle de l'Etat, est-il possible de
demander plus de vigilance de la part des acteurs intermédiaires ?
En plus, en matière des politiques étatiques
d'aménagement du territoire national, le MINEPIA peut être
considéré comme un maillon faible. Il a été
toujours ignoré au cours du processus de création d'aires
protégées en particulier les parcs nationaux. Malheureusement,
jusqu'aujourd'hui, il y a eu peu ou pas de changement dans cette carence
administrative. Le micro projet intercommunal pour le suivi de la
matérialisation des zones de pâturage et des pistes à
bétail a constaté que la création, l'extension et le
maintien des parcs nationaux dans le Nord, est de la seule
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responsabilité du MINFOF48. La
création de parcs nationaux réduit les pâturages et se fait
sans la consultation du service en charge de l'élevage et la gestion des
terres de pâturage. Les autorités en charge du MINEPIA n'ont
d'ailleurs rien à dire lorsqu'on leur demande ce qu'ils pensent des
incursions des éleveurs transhumants dans les parcs parce qu'ils ne sont
pas impliqués dans sa gestion. Ainsi, la contribution technique de
MINEPIA dans la gestion des activités des éleveurs transhumants
dans les parcs nationaux du Nord Cameroun ne peut pas être
sous-estimée et négligée. Aucune action concertée
solide ne peut être effectuée sur cette question sans la mise
à contribution du MINEPIA.
Par ailleurs, les acteurs locaux se sentent bousculés
dans cette zone : les autochtones qui revendiquent la propriété
des zones du parc, les migrants qui exploitent les ressources ainsi que les
éleveurs transhumants qui sont des exploitants saisonniers. Chacun
rejettent la responsabilité sur l'autre pour le non-respect des lois
mise en place.
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