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Les territoires de mobilité pastorale: Quelle mobilité dans un contexte de pression sur le territoire rural en zone soudano-sahélienne du Nord-Cameroun?


par Natali KOSSOUMNA LIBAA
Université Paul Valéry Montpellier III France - Habilitation à Diriger des Recherches 2014
  

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V.3.3.1. Lieux de concertation à privilégier : le territoire villageois et la commune

Des structures de concertation seront identifiées parmi les structures déjà existantes au niveau de la commune (les comités communaux de concertation sur les ressources agro-pastorales) et des territoires villageois (les comités villageois) d'intervention :

- Le territoire village est le lieu de la délimitation, de l'affectation des terres et de la programmation. La délimitation définit et fixe des espaces. L'affectation propose une vocation en fonction des ressources et des occupations actuelles. Elle précise des règles d'utilisation. La programmation choisit, localise et spatialise les interventions et les investissements.

- Les communes sont probablement les échelons politiques pouvant le plus aisément rapprocher légalité étatique et légitimité locale. Autorités locales reconnues par l'État, elles peuvent faire le lien entre administrations publiques et autorités coutumières. Les élus locaux sont censés être plus proches des populations et être garants d'une meilleure prise en compte des pratiques et des droits locaux existants. La commune est ainsi le niveau de l'orientation et des directives. C'est aussi le niveau de la validation institutionnelle (dans une perspective d'harmonisation des décisions des différentes autorités) et du suivi-

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évaluation/contrôle/capitalisation. La validation passe par des actions d'enregistrement qui préfigurent des outils tels que plans locaux d'occupation des sols, des schémas de cohérence, des registres fonciers, des cadastres. C'est enfin le lieu de mise en cohérence, aussi par des investissements communaux. Le niveau communal gère ainsi les questions et espaces inter-villageois et intercommunaux (couloir de transhumance par exemple). La commune42, en tant que collectivité territoriale, a donc le droit de prendre des arrêtés s'imposant à tous, ce qui donne une valeur légale aux conventions locales et les rend « opposables aux tiers », c'est-à-dire applicables à des acteurs qui n'en ont pas été partie prenante. Ces arrêtés peuvent porter sur tout ou partie du territoire communal.

Les instances de concertation devront prendre en compte la coexistence des autorités administratives, traditionnelles et territoriales, dont les pouvoirs sont reconnus par la loi. Les conditions d'une gouvernance des collectivités locales restent donc largement à inventer. Les revendications de la société civile et la culture de la participation que portent les projets modifient aussi les conditions de cette gouvernance. Un des enjeux de la démarche sera l'émergence de nouvelles formes de gouvernance43 qui garantissent à la fois le dialogue social et des modalités de reconnaissance institutionnelle, pouvant orienter dans le futur des textes réglementaires.

Le résultat de la concertation sera l'élaboration des plans d'utilisation, de gestion et d'amélioration des ressources agro-pastorales largement diffusé parmi les populations concernées et faisant l'objet d'un consensus local.

42 La commune peut-être une instance de pérennisation des décisions et des actions de concertation autour des territoires de mobilité pastorale. Les conventions appuyées par les projets et programmes ont présenté des limites. Elles restent fragiles et fortement dépendantes des structures des projets qui souvent soutiennent entièrement le coût des interventions. Les instances mises en place disparaissent souvent avec la fin desdits projets.

43 La gouvernance est une démarche de concertation et de prise de décision, qui implique de façon responsable les acteurs ou les populations concernées par les politiques de développement durable et leurs plans d'actions.

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V.3.3.2. Problématique de l'inclusion des transhumants dans le processus de concertation

La question de l'inclusion des transhumants dans la concertation est centrale. À partir d'une typologie sommaire, on peut distinguer :

- les transhumants dépendant d'un village ou campement qui pourront être insérés dans les négociations d'abord villageoises, puis communales et enfin intercommunales.

- les transhumants n'ayant pas de territoires d'attache mais organisant des transhumances régulières qui pourront participer aux négociations aux mêmes niveaux, en choisissant des dates adaptées.

- Enfin pour les transhumants irréguliers, l'inclusion dans les cadres de concertation locale est problématique. Il s'agira plutôt pour eux de définir des règles, de les porter à leur connaissance, via les contacts avec les chefs traditionnels de premier niveau, avant l'entrée dans le territoire, et de suivre le respect de ces règles, via les autorités administratives.

V.3.3.3. Choix du renforcement institutionnel des communes dans le cadre de la décentralisation

Le renforcement des compétences (en tant que capacité à agir des communes) sera conçu comme un accompagnement des acteurs, en répondant aux besoins apparaissant au cours du processus. Cette volonté d'accompagnement consistera à doter les communes des moyens et outils pour favoriser le "travail ensemble", à la fois au sein des commissions de concertations et des équipes techniques.

L'accompagnement se fera principalement par la formation qui répondra aux différents besoins du processus : besoin d'analyse de la complexité des situations foncières, des enjeux de sécurisation foncière et des exigences d'intensification de la mise en valeur ; besoin de compétences techniques pour accompagner les processus de concertation.

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