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Les territoires de mobilité pastorale: Quelle mobilité dans un contexte de pression sur le territoire rural en zone soudano-sahélienne du Nord-Cameroun?


par Natali KOSSOUMNA LIBAA
Université Paul Valéry Montpellier III France - Habilitation à Diriger des Recherches 2014
  

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V.3.1. La phase d'identification et de formulation

Il s'agit d'arriver à une compréhension partagée du problème en partant d'un problème particulier à un enjeu collectif. Un problème peut être ressenti par un acteur ou un groupe d'acteurs, sans être forcément partagé. Avant d'engager une négociation, il faut affiner la compréhension du problème et éclairer les différentes positions. L'enjeu est de passer d'un problème ressenti par certains groupes à un problème suffisamment partagé pour qu'il soit pris en charge par des autorités ou porté par un nombre suffisant d'acteurs. Le problème doit devenir un enjeu public ou collectif (Benkahla et Hochet, 2013). Les problèmes et les enjeux à prendre en compte pendant la phase d'identification et de formulation au Nord-Cameroun sont divers :

- En premier lieu, il n'existe pas au sein des instances d'exploitation et de gestion des territoires de mobilité (villages, communes), des comités de concertation, reconnus et fonctionnels de façon participative et inclusive. Ces comités seront, dans la mesure du possible, identifiés à partir des structures déjà existantes mises en place par les projets précédents ;

- En second lieu, les communes d'intervention ne sont pas dotées d'un plan de zonage. Or, il est déterminant de doter les territoires villageois d'un plan d'utilisation des terres délimitant les espaces pastoraux et agricoles, de règles de gestion de ces espaces et d'un plan d'amélioration du terroir ; ces plans et règles devront être connus des intéressés et appliqués ;

41 La "sécurisation foncière est entendue comme étant l'ensemble des processus, actions et mesures de toute nature, visant à permettre à l'utilisateur et au détenteur de terres rurales de mener efficacement leurs activités productives, en les protégeant contre toute contestation ou trouble de jouissance de leurs droits (Définition retenue au Burkina Faso dans le cadre de la loi d'orientation agricole).

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- Troisièmement, il subsiste une précarité des droits fonciers et une pluralité des normes de référence. En même temps, ces droits fonciers ne sont pas enregistrés au sein des communes. Souvent, règles coutumières et règles étatiques se confrontent. Les unes et les autres ont leur source de légitimité (la tradition, l'histoire, les autorités coutumières, une certaine conception de la communauté et de son rapport à son territoire d'un côté ; l'État, la citoyenneté nationale, la rationalité technique, de l'autre). Elles renvoient à des principes de justice, d'équité, qui ne sont pas les mêmes. Dès lors que des règles différentes coexistent, on ne sait plus lesquelles doivent s'appliquer. Ceux qui voient leurs intérêts contraints par un type de règles vont les contester en s'appuyant sur les autres, en tentant de mobiliser l'appui des autorités qui les incarnent. Des règles contradictoires, c'est comme pas de règles du tout. Dès lors, négocier les principes à partir desquels gérer telle ou telle ressource, telle ou telle portion du territoire, est un préalable ;

- Enfin, il reste à améliorer les outils stratégiques et réglementaires pour une meilleure gestion des ressources agro-pastorales à différent niveau (villageois, communal, régional). En effet, des carences et faiblesses subsistent après la mise en place des instances de régulation. Qu'elles soient étatiques, coutumières, communales ou liées à des comités de gestion issus de projets, les instances censées gérer les ressources naturelles, arbitrer les conflits, édicter et mettre en oeuvre des sanctions, rencontrent fréquemment de nombreuses difficultés à exercer leur rôle de façon neutre et efficace.

Somme toute, il faut partir d'un problème perçu à un problème partagé. En effet, la construction d'un réseau d'acteurs conduit souvent en parallèle à une évolution de la formulation du problème. La perception du problème évolue en effet en fonction des débats et des discussions pour plusieurs raisons : i) les points de vue que chacun défend permettent de mieux prendre en compte la diversité des enjeux et des intérêts en présence ; ii) la connaissance du problème se précise, car chacun apporte son expertise propre ; iii) les débats et argumentations de chacun peuvent aussi remettre en

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cause certaines idées reçues et conduire à poser les questions de manière différente Benkahla et Hochet (2013).

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery