V.2.6. Succès et insuccès des actions
menées par les projets
Les trois régions du Nord-Cameroun regroupent
l'essentiel du cheptel camerounais, qui représente une composante
importante de la production agricole nationale, équivalente aux cultures
d'exportation (coton, cultures vivrières vers le sud du pays et de la
sous-région). Cependant, la place de l'élevage est constamment
remise en cause notamment par la pression sur la terre exercée les
agriculteurs et source de conflits qui, dans une situation
socio-économique tendue, sont des facteurs de déstabilisation
majeurs.
Dans ce contexte, les objectifs des principaux projets
présentés, qui visaient à une meilleure intégration
de l'élevage et des éleveurs dans le développement local
à travers la structuration professionnelle et une démarche de
gestion négociée et de sécurisation de l'espace,
paraissent tout à fait pertinents. Dans l'ensemble, on peut relever que
ces projets ont réussi à :
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- initier un début d'adoption des cultures
fourragères et à améliorer encore modestement l'offre
fourragère ;
- produire des référentiels techniques pour la
construction des ouvrages hydrauliques (biefs, puits et mares) ;
- produire des démarches d'appui à la gestion
concertée des espaces et ressources naturelles au niveau local ;
- impulser une dynamique permettant l'émergence de GIC,
d'Unions Départementales et de Fédérations
d'éleveurs reconnues, renforçant ainsi les capacités des
éleveurs.
Le tableau V présente de façon synthétique
les actions qui ont réussi et celles qui ont eu moins de
succès.
Tableau V. Succès et insuccès des
actions menées par les projets de développement
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Succès
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Insuccès
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Sécurisation des pâturages
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- Beaucoup de réalisations qui répondent
à un besoin urgent
- Parcours sécurisés dotés de chartes
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- Difficultés d'inclure certains transhumants dans la
concertation - Risque de non-respect des accords à la fin du Projet
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Amélioration de l'offre fourragère
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- Référentiel existe et adapté dans la zone
de l'Adamaoua mais nécessite une recherche adaptative dans la zone semi-
aride
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- Difficultés d'insertion des cultures fourragères
annuelles et surtout pluriannuelles dans les systèmes agraires tant que
la vaine pâture n'est pas encadrée
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Sédentarisation et réduction de la transhumance
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Une dynamique de sédentarisation existe
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- Besoin de sensibilisation soutenue dans le long terme face aux
pesanteurs traditionnelles
- Succès dépend de l'espace disponible et de la
qualité de la concertation
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Aménagement des points d'eau pastoraux
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- Référentiel technique avéré et
forte demande
- Forte volonté et capacité contributrice
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Faible taux de réussite du fait d'un manque
concertation
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Soutien à l'élevage périurbain (lait et
embouche)
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- Développement encore modeste des cultures
fourragères
- Forte augmentation de la valeur ajoutée du lait
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Faible soutien aux activités d'embouche
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Source : CIRAD et GLG consultants (2013)
Cependant, les organisations d'éleveurs
présentent des faiblesses tant au niveau de leur fonctionnement, de leur
gouvernance qu'au niveau financier. Les organisations d'éleveurs sont
essentiellement le fait des producteurs Peul Fulbé avec une faible
participation des éleveurs mbororo, toujours réticents à
s'impliquer dans les débats locaux et les arènes de
négociation. Toutefois, ces derniers ont créés leurs
propres
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associations de développement surtout après la
vague d'insécurité qui les a frappés en 2007-2008. Plus
globalement, la démarche de gestion concertée n'a pas encore
permis d'aboutir à une sécurisation durable des espaces
pastoraux, notamment du fait de l'absence d'actions en matière
d'amélioration de la capacité productive de ces espaces. Aussi,
des contraintes doivent être levées afin d'apporter une
réponse globale et cohérente aux problèmes des
éleveurs et à la question sensible de la gestion de l'espace.
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