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Les territoires de mobilité pastorale: Quelle mobilité dans un contexte de pression sur le territoire rural en zone soudano-sahélienne du Nord-Cameroun?


par Natali KOSSOUMNA LIBAA
Université Paul Valéry Montpellier III France - Habilitation à Diriger des Recherches 2014
  

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V.2.2. Formalisation écrite des transactions foncières individuelles

Les règles du foncier évoluent rapidement. Le droit du premier défricheur reste le droit prioritairement reconnu mais les reconstitutions historiques restent difficiles et leurs résultats sont souvent contestés. D'autre part, des conceptions différentes des droits apparaissent. Elles font référence à des modes de transmissions d'avant l'arrivée des populations musulmanes ou à des pratiques de partage égalitaire pour tous les ayants droits.

Les expériences de sécurisation foncière ont évolué. Elles ont d'abord favorisé la mise en application des lois concernant la propriété. La perception négative du droit de propriété, peu compatible avec les us, coutumes et pratiques actuelles, le manque de moyens de l'administration domaniale, le coût élevé de l'immatriculation et l'opposition des autorités traditionnelles ont conduit les projets à rechercher la "confortation" de pratiques sociales, par une stratégie de "petits papiers", document écrit, contractualisant les droits d'accès et d'usage. Le projet PAGEPA fait en sorte que les contrats ainsi conclus soient signés sur deux ou trois ans (l'accord oral étant habituellement d'un an).

En résumé, la question foncière est complexe et source de tensions qui peuvent dégénérer en conflits. L'approche doit être prudente et de qualité. Elle devra prendre en compte les intérêts des différentes autorités (administratives, traditionnelles et communales) et réussir à créer un consensus de pratiques, basés sur le retour d'expériences.

V.2.3. La planification concertée

L'ensemble des projets revendiquent une approche participative, partant de diagnostics participatifs au niveau des terroirs et des villages, diagnostics consolidés au niveau communal. Un diagnostic institutionnel est souvent effectué. Il met en évidence les processus de prise de décision et de résolution de conflits, toujours complexes.

La phase de planification est de la responsabilité de commissions de concertation. La composition des commissions varie mais elles traduisent la coexistence des autorités traditionnelles (lamibe, lawan), de l'administration (sous-préfecture et préfecture) et

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des collectivités territoriales. Le choix des membres des commissions est fait en concertation entre les communes et les projets. Les structures de concertation ont été officialisées par des arrêtés préfectoraux ou municipaux. Le travail a permis l'élaboration de Plan d'aménagement communal (POGT) ou de Plan d'Utilisation et Gestion du territoire (PDUGT) comportant un ensemble de cartes, une description des actions et un corpus de règles de gestion.

Les plans d'aménagements communaux ont fait l'objet d'approbation en Conseil municipal après restitution et prise en compte des retours des populations concernés. Une priorisation a été faite. Des requêtes en financement ont été rédigées.

Comme pour les démarches de sécurisation, les approches participatives au niveau des diagnostics villageois sont courantes. La qualité de leurs résultats dépend de la qualité de l'intervention et de la prise en compte des diagnostics précédents. La population n'adhère plus à des approches normatives, répétant pour la nième fois les mêmes exercices convenus. Le recours à la cartographie et au SIG est moins fréquent mais des compétences existent. L'agrégation, trop souvent quantitative, au niveau de la commune, des données villageoises appauvrit ou simplifie trop le diagnostic. Elle ne rend pas compte des dynamiques territoriales.

Par ailleurs, la démarche participative est moins maîtrisée dans les processus de planification. La participation des villageois se limite souvent au diagnostic et à la gestion des aménagements. La discussion et la définition des options stratégiques restent encore du domaine des services techniques et des autorités administratives, plus ou moins influencées par les élus, au niveau communal.

Les expériences n'analysent que partiellement la pertinence des actions planifiés (capacité à répondre aux enjeux). Elles prennent peu en compte la diversité des situations, les projets des acteurs individuels (producteurs) et collectifs (communautés, GIS, associations), la cohérence entre les actions. À cet égard, l'absence de typologie fine des producteurs au-delà de la catégorisation classique entre agriculteurs et éleveurs est révélatrice.

Les travaux des commissions sont d'ailleurs plus des travaux de validation de plans rédigés par des techniciens que des travaux d'élaboration proprement dite.

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