IV.4.3. Mouvements des animaux dans les parcs
La transhumance dans les différents parcs commence au
mois de Janvier, lorsque les éleveurs commencent à arriver avec
leur bétail. La mise en place complète se fait au mois de mars.
Dès leur arrivée, les éleveurs construisent leurs
campements dans les
147
zones périphériques des parcs tandis que
d'autres s'installent dans les villages autour des parcs. Ces derniers
informent au préalable le Sarki Saanu de leur arrivée.
Ce dernier, affirment certains éleveurs les accompagne, même si
c'est en secret, dans leur passage dans la zone. La transhumance se termine en
mai pour les uns et en juin pour les autres avec les premières pluies et
la mise en place progressive des champs surtout pour ceux qui viennent de loin
notamment du Tchad et du Nigeria. Les autres attendent la fin du mois de juin
et le début du mois de juillet pour repartir.
Les éleveurs transhumants qui pâturent dans les
parcs ont des préférences pour certaines zones. Après
avoir campé aux alentours ou dans les zones tampons, ils peuvent
facilement se déplacer dans les parcs pour y faire paître leurs
animaux. Figure 18 montrent les zones préférées dans les
parcs.
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LEGENDE
Limite nationale
Limite régionale
Z18 Zone d'Intérêt Cynégétique
N°18
Parc National
Z18
EXTRÊME-NORD
Z18
Barrage de Lagdo
Zone convoitée pour le pâturage
Zone préférée dans les ZIC pour le
pâturage Zone peu intéressante pour la pâturage dans
Z14
Z7
Z23
Z11
Z9
Z13
Z10
Z4
les ZIC
Z18
Z21
Z12
Z5
Z1
Z3
N
Faro Z18
Z20
Z17
Z16
Z26 Z24
Z2
Z15
Z18 bis
Z27
ADAMAOUA
Z22 bis Z22
0 80 km
Source : Enquêtes de terrain (2014) Figure
18. Zones préférées par les éleveurs transhumants
dans les aires protégées
Dans le Parc National de la Bénoué, les zones
10, 11, 12, 21 et 23 sont hautement préférées pour
pâturage. La partie du parc le long de la route de Koum à travers
le Mayo Djerandi, de Madingring à Gambou est exploitée à
la fois par les transhumants camerounais et étrangers. La moitié
nord du parc est la zone préférée des éleveurs
tchadiens qui viennent facilement à partir de Gambou. C'est une zone
où la
148
surveillance par les patrouilles est rendue difficile parce
qu'elle est accidentée. Dans le Parc National de Bouba Ndjidda, la zone
25 est préférée par les transhumants du Tchad qui y
viennent pâturer tout le temps. Quant au Parc National du Faro, on
rencontre de nombreux camps dans les zones 16, 18 et 18b. Les Nigérians
et Nigériens préfèrent plus entrer dans le parc par la
confluence du Mayo Faro et du Mayo Deo. Ils campent dans les villages de Malih
et de Laro et se déplacent dans le parc en traversant le Mayo Deo
à volonté (Figure 19).
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EXTRÊME-NORD
Z18
Z18
Z14
Z7
Z11
Z23
Z13
Z9
Z10
Z10
Z5 Z1
Z4
Z3
Z12
Z21
N
Faro
Z18
Z25
Z20
Z16
Z18 bis
Z26
Z2
Z15
Z24
Z17
Z27
ADAMAOUA
Z22 bis Z22
0 80 km
LEGENDE
Limite nationale Limite régionale
Z18 Zone d'Intérêt Cynégétique
N°18
Site de campement des éleveurs
Incursions des éleveurs dans les parcs
Parc National
Barrage de Lagdo
Source : Enquêtes de terrain (2014) Figure
19. Campements des éleveurs et leurs incursions dans les
parcs
Dès leur arrivée, les éleveurs
transhumants identifient un emplacement pour implanter leur campement qui est
de préférence choisi dans les zones tampons des parcs. La
localisation est toujours choisie de telle manière qu'ils puissent avoir
accès aux pâturages suffisants pendant au moins cinq mois. Au
début, ce lieu est choisi en relation avec la position des patrouilles
des éco-gardes. Les huttes sont ensuite construites à l'aide de
branches des arbres coupées et d'autres matériaux comme des sacs
de Polythane transportés tout le temps depuis les lieux d'origine. Les
lits sont faits à partir de branches d'arbustes.
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Les camps sont utilisés comme des lieux de repos
permanent tout en se déplaçant dans le parc et ses zones tampons
pour faire paître le bétail. Les femmes restent en permanence dans
les campements pour préparer la nourriture pour les hommes qui rentrent
manger tous les soirs. Chaque famille dispose ainsi d'ustensiles de cuisines
complets (marmites, plats, couteaux...). Les éleveurs transhumants dans
les parcs achètent également d'autres produits nécessaires
dans les villages environnants (maïs, savons, sel...). Ils sont donc
identifiés par les villageois avec lesquels ils vivent en harmonie.
Certains restent mêmes dans les villages et paissent leurs animaux dans
les zones du parc. Les bovins retournent tous les soirs dans les campements.
Bien que des camps soient introuvables dans les parcs, on a
remarqué que c'est simplement une stratégie utilisée par
les éleveurs pour prouver leur honnêteté. Des traces de
pâturage ont été en effet identifiées dans le Parc
National de la Bénoué en amont de la Bénoué. Ces
traces ont été confirmées par de nombreux travailleurs du
parc qui affirment que c'est la première fois qu'ils atteignent ce
point.
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