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Les territoires de mobilité pastorale: Quelle mobilité dans un contexte de pression sur le territoire rural en zone soudano-sahélienne du Nord-Cameroun?


par Natali KOSSOUMNA LIBAA
Université Paul Valéry Montpellier III France - Habilitation à Diriger des Recherches 2014
  

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III.7. Le territoire de mobilité pastorale : définition et caractérisation

Les études précises de l'espace vécu sont rares chez les pasteurs sahéliens. Toute recherche spécialisée sur ce thème semble particulièrement difficile dans ce milieu, et l'application stricte d'un questionnaire inadéquate (Gallais, 1976). Cependant, un certain nombre de travaux ont permis à Alain Beauvilain (1976) travaillant sur les Peul du Dallol Bosso au Niger, à Hervouet (1975) pour les éleveurs du Sud mauritanien, à Jérôme Marie (1974) pour les Foulankriabé du Gourma malien et Gallais (1976),

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Bernus (1982), Retaillé (1989), Boutrais (1984) de discuter du sens que les éleveurs donnent au milieu dans lequel ils vivent.

Les travaux de Bernus (1982) au Niger montrent que le territoire de mobilité est complexe car il est difficile de trouver un espace clos, exploité par un groupe humain cohérent. Les tentatives d'isoler un territoire nomade se heurte à quelques difficultés. Il existe souvent des régions exploitées en commun au cours de saisons particulières, mais au-delà de ces exploitations communes traditionnelles, le forage des points d'eau par les services publics ou les ONG a ouvert à tous les nomades des ouvrages publics. Cette désorganisation de l'espace pastoral rend difficile la délimitation d'un territoire approprié par un groupe qui y trouve ses moyens d'existence. Le même constat est fait par Retaillé (1989 : 2) pour qui « la réduction disciplinaire de la géographie à l'opération de découpage et de nomenclature, conduit à distinguer aussi l'espace du nomade comme une surface spécifique, isolable, refermée sur des caractères propres et explicatifs comme l'aridité. Il se construit, alors, une définition forcée qui peut convenir au tableau géographique des genres de vie bien délimités mais qui néglige la très forte originalité conceptuelle du nomadisme ». Pour lui, On ne peut le réduire à un sous-développement ou un à avortement du processus d'organisation de l'espace, en prenant l'espace sédentaire comme modèle ; on ne peut même pas vraiment aborder l'espace nomade en opposition à l'espace sédentaire.

Cette difficulté d'insérer le vécu dans un schéma s'exprime en termes de contrôle de l'espace par la faiblesse générale, voire l'absence de toute notion de territorialité, mises à part quelques organisations, comme par exemple celle des Peul du Delta intérieur (Gallais, 1967), très structurée et militaire, le contrôle des lahore, sources salées, dans les chefferies peul de l'Adamaoua (Boutrais, 1974), l'appropriation coutumière de chaque vallée du Tibesti par un clan Toubbou (Capot-Rey, 1967), les droits exercés par les fractions militaires des Touareg Kel Ahaggar sur les vallées du Hoggar (Rognon, 1963), l'exemple des Masaï du Kenya (Jacobs, 1965) qui possèdent une division territoriale stratifiée en accord avec leurs niveaux de regroupement socio-politique. Le contrôle territorial est resserré ponctuellement sur le puits ou les puisards, voire sur quelques pâturages de décrue; et même ici il admet en général une utilisation

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franche par d'autres usagers. Cette légèreté des institutions spatiales contribue au caractère contingent et flexible de l'espace vécu des éleveurs. Si la notion de territoire se réfère à une portion d'espace approprié par un groupe humain dont les limites sont déterminées par une pratique politique, économique, socio-culturelle, voire même affective, elle suppose a priori la stabilité, c'est-à-dire la permanence d'une population sur la terre qu'elle contrôle, préserve et à laquelle elle s'identifie. Or, les éleveurs, de par leur mobilité géographique sont-ils des « peuples sans territoire » s'interroge Cortès (1995).

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