WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les territoires de mobilité pastorale: Quelle mobilité dans un contexte de pression sur le territoire rural en zone soudano-sahélienne du Nord-Cameroun?


par Natali KOSSOUMNA LIBAA
Université Paul Valéry Montpellier III France - Habilitation à Diriger des Recherches 2014
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

III.2.1. Le territoire comme champ d'application du pouvoir

La première acception que les géographes se font du territoire est liée au contrôle et au pouvoir. C'est en effet lorsqu'ils s'attachent aux problèmes de géographie politique et traitent de l'espace dévolu à une nation et structuré par un État que les géographes sont amenés à parler de territoire dès le début du 20è siècle. Le territoire a des limites assez rigides, bien que de plus en plus mouvantes autour d'une infinité de lieux (Sack, 1986 ; 1997), qui sont administratives. La construction du territoire est alors dominée par le rôle de l'État qui selon Pinchemel et Pinchemel (1997) contrôle, maintient son intégrité, exerce une autorité, une compétence, l'étendue du territoire définissant alors le champ d'application du pouvoir. Ils s'intéressent notamment aux problèmes qui naissent du désaccord entre la distribution des populations et les limites étatiques33, mais aussi des difficultés que certains pays éprouvent à assurer leur sécurité dans les limites que le peuplement national devrait leur imposer : ils cherchent à se donner des frontières plus faciles à défendre, fleuves ou chaînes de montagne (Claval, 1995). Le territoire, dans ces acceptions, résulte ainsi de l'appropriation collective de l'espace par un groupe. Gottmann (1973) va associer la conception moderne du territoire à celle de souveraineté en tirant parti à la fois des approches de la géographie politique et de

32 Pour Brunet et al., (1993), « l'espace géographique est l'étendue terrestre utilisée et aménagée par les sociétés en vue de leur reproduction, non seulement pour se nourrir et s'abriter, mais dans toute la complexité des actes sociaux » ; Dans le même sillage, Le Berre (1992) précise que « le territoire est la portion de surface terrestre appropriée par un groupe social pour assurer sa production et la satisfaction de ses besoins vitaux ».

33 Dans presque tous les pays africains, de nombreuses ethnies se retrouvent de part et d'autres des frontières étatiques tracées par la colonisation. Au Nord-Cameroun, nous avons ainsi les Massa, Toupouri, Moundang, Mozey, Peuls... entre le Tchad et le Cameroun ; les Kanouri, les Peuls entre le Cameroun et le Nigeria.

82

la géopolitique de l'entre-deux-guerres ainsi que de la pensée des théoriciens de l'État. Selon lui, pour qu'une entité politique puisse faire l'expérience de l'absolu du pouvoir, il faut qu'elle soit sans concurrence et exerce un monopole total sur un espace donné : elle est alors souveraine. L'idée de territoire se trouve ainsi liée à celle de contrôle, et le justifie. Au territoire de l'État tel qu'il résulte de la théorie politique moderne s'oppose ceux qui reflétaient d'autres structures du pouvoir : la pratique féodale d'un pouvoir hiérarchisé et dont chaque échelon ne dispose que d'attributs limités aboutit à une structuration d'espaces qui s'emboîtent ou qui se chevauchent. C'est notamment le cas observé au Nord-Cameroun avec des lamidats qui exercent un contrôle féodal et absolu sur des territoires discontinus conquis lors des djihads au début du 19è siècle. C'est sans doute pour ces raisons que Sack (1986) a proposé une interprétation de la territorialité assez voisine de celle de Gottmann, mais applicable à toutes les échelles, de la pièce où nous dormons à celle de l'État.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera