WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les territoires de mobilité pastorale: Quelle mobilité dans un contexte de pression sur le territoire rural en zone soudano-sahélienne du Nord-Cameroun?


par Natali KOSSOUMNA LIBAA
Université Paul Valéry Montpellier III France - Habilitation à Diriger des Recherches 2014
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

III.2. Le territoire au service du développement

Le territoire est aujourd'hui au coeur des préoccupations des scientifiques, des politiques, mais également des acteurs économiques. Si les géographes n'ont pas été les seuls à s'approprier cette notion, ils ont cependant fait de l'espace leur entrée principale ; ce qui les distingue quelque peu des approches des économistes ou des sociologues (Moine, 1995). La conception actuelle du territoire remet en cause l'idée de "territorium" d'autrefois, ensemble monoscalaire conçu comme une aire délimitée et étanche, animé par des acteurs inclus dans ses limites. Le concept de territoire est ainsi fortement utilisé à la fois pour fournir des solutions de développement socioéconomique, mais aussi pour un aménagement cohérent, équitable et viable des lieux. Comme le note Lévy et Lussault (2003), petit à petit tout devient territoire, l'adjectif se généralise, à en devenir polysémique. Moine (1995) pense que le territoire est tout puisqu'il recouvre une complexité qui demeure difficile à saisir, à cerner. Le territoire est donc, avant toute définition, un système. Et pourtant, Le Berre (1992) estime qu'il n'est jamais véritablement défini comme tel, même si certaines approches le sous-entendent. Cela montre que le territoire doit aujourd'hui être abordé de manière globale, tant la recherche de consensus est nécessaire à toutes les étapes de son aménagement et de son utilisation. C'est pour cela que les outils mis en oeuvre à l'heure actuelle pour l'appréhender doivent intégrer sa diversification et sa complexification en coordonnant notamment les dimensions sociales, politiques, économiques et environnementales, en considérant tous les usages, sur la base d'une participation de plus en plus active de la population (Moine, 2005). C'est pour cela qu'Elisalde (2002) propose de prendre en compte les acteurs et leurs imaginaires parce qu'ils sont guidés par leurs visions du monde. En souscrivant à l'idée que « le monde

80

est institué par les individus en fonction de leurs actions et de leurs intentions » Debarbieux (1999 : 56) propose d'interpréter les territoires et la territorialité à travers le prisme du seul subjectivisme, c'est-à-dire en dépassant l'extériorité du regard objectivant des habituelles analyses sur l'organisation de l'espace. Dans cette attitude, le territoire est le support par excellence des investigations menées sur l'intentionnalité des acteurs. Dans cette approche, il ne s'agit plus de construire le sens objectif, mais de le délivrer à travers les manifestations extérieures qui sont censées traduire des intentionnalités cachées. Les comportements des acteurs sociaux peuvent se lire comme des messages, qui, à condition d'être décryptés, veulent dire quelque chose sur le territoire.

Si l'approche territoriale a connu un renouveau, c'est également parce que les relations sociétés/territoire invalident l'approche par l'analyse d'un ensemble géographique selon une individualisation et une séparation des niveaux d'échelle. À ce niveau, se pose le problème des gabarits pour les objets de la géographie des territoires. Dans un territoire coexistent à la fois du local et du global, du spécifique et de l'universel, de l'individuel et du collectif. À partir du consensus autour de l'idée d'espace conscientisé, il y aurait autant de tailles de territoires que de possibilités pour des groupes de partager un même rapport aux lieux, une même territorialité (Elisalde, 2002). Le territoire « se repère à différentes échelles de l'espace géographique » (Di Méo, 1998 : 37). Ainsi, la plupart des études sur la territorialisation privilégient avant tout la mise à jour des logiques de fonctionnement internes d'un territoire, auquel s'adjoignent parfois des emboîtements multiscalaires. Tout se passe alors comme si elles reposaient sur un implicite qui est celui du fonctionnement autonome du lieu étudié, en laissant souvent de côté les réactivités induites par les interactions avec des ensembles spatiaux voisins et de même niveau. Cette notion complexe, qui est au centre de notre analyse, mérite d'être revisitée sous l'angle systémique afin de produire une définition opérationnelle qui cadre avec la situation du Nord-Cameroun dans le cas du territoire de mobilité pastorale.

Les géographes des années 1960 ont toujours ramené tout à l'espace alors que ceux d'aujourd'hui utilisent de plus en plus le terme de territoire pour qualifier la même

81

entité. Certaines définitions des concepts de territoire et d'espace géographique sont en effet très proches32. Ce changement reflète selon Claval (1995), pour une part les débats épistémologiques internes à la discipline, mais surtout d'une transformation profonde du monde et d'une mutation corrélative des façons de le comprendre : ici, l'attention est plus accordée à la manière dont les hommes vivent le milieu où ils sont installés, la façon dont ils se l'approprie, le sentiment qu'ils ont ou non d'être chez eux, de se sentir parmi les leurs, de s'intégrer et de se battre pour se maintenir sur ce territoire.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo