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Les territoires de mobilité pastorale: Quelle mobilité dans un contexte de pression sur le territoire rural en zone soudano-sahélienne du Nord-Cameroun?


par Natali KOSSOUMNA LIBAA
Université Paul Valéry Montpellier III France - Habilitation à Diriger des Recherches 2014
  

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I.3.4. Les aires protégées sous forte pression des agriculteurs et des éleveurs

L'État camerounais a classifié depuis l'Indépendance de larges superficies de savanes en zones exclusives de chasse et de protection de la flore et de la faune sauvage20. Interdit au pâturage et à l'agriculture, l'aire protégée a progressé en surface depuis les années 1970 pour se stabiliser depuis les années 1990. En fait, au Nord-Cameroun, la tradition de la conservation de la biodiversité est ancienne. Les aires protégées sont non seulement une réalité physique, mais également un atout économique important. Créées entre 1932 et 1980, elles se composent de trois parcs nationaux (Bénoué 180 000 ha, Faro 330 000 ha, Bouba Ndjidda 220 000 ha) et 27 zones cynégétiques (ZIC) ou réserves de chasse dont 23 sont affermées aux guides professionnels de chasse essentiellement expatriés21. Tout ce vaste réseau d'aires protégées représente près de trois millions d'hectares, soit 44% du territoire de la région. La principale contrainte environnementale dans cette zone de savane est la sécheresse et la pression anthropique forte dans les parcs et zones de chasse (Figure 6).

20 La première aire protégée date de l'administration coloniale française en 1916. Il s'agissait du domaine de chasse de Bouba Ndjidda. C'est surtout à partir de 1932 que le mouvement de transformation des réserves forestières s'est amplifié pour atteindre son apogée après l'indépendance, en 1960.

21 Les zones d'intérêt cynégétique (ZIC) ont été créées par arrêté (N° 86/SEDR/DEFC du 21/10/1969) pour les 16 premières. Dix autres seront classées ensuite vers 1972.

Limite nationale

Limite régionale

Transhumance avec points d'attache Transhumance sans points d'attache Migrations des populations

Zone d'intérêt cynégétique

Parc naturel

Légende

Ville

ADAMAOUA

Poli Tcholiré

Garoua

Ngaoundéré

Guider

Kaélé

Yagoua

0 100 km

N

44

Source : Adapté de CIRAD et GLG Consultants (2013)

Figure 6. Aires protégées et mouvements des populations et des animaux au Nord-

Cameroun

I.3.4.1. Des aires protégées convoitées par les éleveurs transhumants et sédentaires

Les éleveurs affirment qu'ils « volent fréquemment le pâturage » dans certaines aires protégées lors de la transhumance. En effet, des menaces planent sur leurs activités d'élevage car, à l'origine, les éleveurs de la région ont toujours considéré qu'il y avait concurrence entre le bétail et la faune sauvage (Ndamé, 2007). Fréquemment accusés de surpâturage, les éleveurs sont de plus en plus inquiets et coincés entre les aires protégées et les champs des agriculteurs. Cette situation est d'autant plus préoccupante que les pistes à bétail, les zones de transhumance, même délimitées, et les aires de repos pour les animaux, sont sous la menace des cultures. C'est tout simplement la condamnation d'un système d'élevage traditionnel qui a montré la preuve de son efficacité face aux aléas climatiques récurrents dans la région. La « redistribution forcée » de la force de travail et de l'espace proposée aux différentes activités amène

45

les éleveurs, particulièrement nombreux dans la région, à réduire de façon draconienne l'amplitude des transhumances, en abandonnant certains itinéraires et en modifiant leurs objectifs. Pour de nombreux observateurs, c'est une véritable crise des systèmes pastoraux sahéliens. On est en train de passer progressivement des mouvements de troupeaux dictés par des critères climatiques et écologiques, à des mouvements justifiés par des choix économiques. On assiste progressivement à un déplacement du centre de gravité de l'élevage du Nord-Cameroun vers les zones situées plus au sud de la région. Cela oblige désormais l'éleveur vivant dans la région et qui d'ailleurs ne profite d'aucune aide de l'État, à faire des choix s'il veut continuer son activité, puisqu'il est appelé à faire face à des charges nouvelles que la suppression du système traditionnel entraîne. Le cas des éleveurs transhumants Mbororo semble plus préoccupant. Ces derniers ne pourront survivre qu'en se sédentarisant et ceux qui ne pourront s'adapter aux mutations en cours en devenant aussi agriculteurs seront amenés à disparaître à moyen terme (Ndamé, 2007).

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon