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L'administration coloniale allemande et les pouvoirs politiques traditionnels Duala et Bamun (1884-1916): une analyse de l'histoire politique du Cameroun


par Winnie Patricia Etonde Njayou
Université de Douala - Doctorat 2023
  

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PARAGRAPHE I : LES OBJECTIONS DU ROI NJOYA FACE AUX PRATIQUES RELIGIEUSES CHRÉTIENNES

Par ses excellentes relations avec la Mission, NJOYA aidait effectivement à la diffusion de la culture européenne dans le pays. L'accent missionnaire fut surtout porté sur l'école, mais les hommes ayant passé l'âge scolaire reçurent des leçons pour devenir maçons, menuisiers, charpentiers. Les filles reçurent des formations d'aide-infirmières au dispensaire et de monitrices dans l'enseignement de filles.

Au début de 1914, il n'y avait pas moins de cinq missionnaires à Foumban. L'Église comptait 272 membres.600 élèves fréquentaient les écoles missionnaires, dont 265 dans les annexes en dehors de la ville de Foumban1189(*), où l'oeuvre était en train de se répandre1190(*).

Sous l'influence de GÖRING, NJOYA imposa même à son pays une réforme révolutionnaire : la semaine de huit jours fut réduite à sept, pour éviter que, de temps en temps, les jours de marché ne tombassent sur un dimanche. Sur le plan civil, ils collaboraient également dans ce sens que les actes de mariages des couples chrétiens étaient contresignés par NJOYA1191(*). En dépit d'un relâchement des moeurs parmi les chrétiens, résultant surtout de la vie de débauche des Allemands, ce qui obligea les missionnaires à en excommunier un certain nombre, la communauté chrétienne était profondément constituée à Foumban1192(*).NJOYA apporte au pouvoir politique sa note de sacralité en bricolant efficacement la modernité religieuse. Il est à la recherche du grand récit, l'espoir d'une religion nouvelle qui mêle confusément l'appel du muezzin, la cloche de l'Église et le roulement des tambours animistes. Ce syncrétisme marque son entrée inaugurale dans la mondialisation ; le rejet de l'autre est proscrit dans sa pensée politique, l'« endogénéisation » des apports extérieurs est potentialisée.

Il précise sa pensée dans un exposé de motif qui masque des expressions politiques modernes : « Dieu est capable d'écouter la prise de toutes les races humaines dans leurs langues respectives sans qu'il y ait besoin de parler la langue d'autrefois ; car c'est lui qui a créé tous les hommes, qui les a dotés du pouvoir d'inviter leur langue (....).

Ceux qui avancent que Dieu ne put pas écouter celui qui prie en sa langue nationale parce que c'est une langue d'esclave et parce qu'il n'a pas prié dans la langue des gens libres sont des menteurs. Dieu est le Maître de tout ce que les hommes voient de leurs yeux : cela est bien vrai ».Devant le talent du Roi NJOYA, l'historien JosephKI-ZERBO s'exclame en ces termes : « Vraiment, dans ce haut pays bamounBamun où l'air a une subtilité et une douceur qui invitent à la procréation intellectuelle, NJOYA a déployé jusqu'au génie la palette de l'esprit africain »1193(*).

C'est pourquoi le RoiNJOYA n'a pas voulu changer certaines habitudes sociales telles que la polygamie au sein de son royaume(A-). Il voulait également baptiser lui-même ses sujets (B-) et ajouter du vin de palme à l'eau bénite (C-).

A. LE ROI NJOYA VOULAIT GARDER SES NOMBREUSES ÉPOUSES

Dans toutes les chefferies de la région de l'Ouest, la polygamie est la règle.Depuis l'époque du Sultan NCHARE YEN, fondateur de la dynastie BamounBamun en 1394, chaque fois d'un roi est intronisé, c'est à la famille NJI MONCHOU que revient l'honneur d'ouvrir le bal des prétendantes.

A l'arrivée de MBOMBO NJOYA, la seule célibataire du clan avait...03 ans. Qu'importe, il l'a reçue comme épouse, vu qu'on ne refuse pas de s'unir une « NJI MONCHOU » ; il l'a laissée dans sa famille et a subvenu à ses besoins. Quand elle a atteint la majorité, MBOMBONJOYA a marié sa jeune promise à l'un des siens à la cour, l'essentiel étant qu'elle y demeure. D'autres jeunes femmes lui ont été proposées par la suite, leurs candidatures étant soumises à un comité spécial. Seules les réponses positives du roi sont rendues publiques. « Humilier les recalées ne présente aucun intérêt », explique un conseiller du roi. Plusieurs fois ministre, ambassadeur et monogame pendant la trentaine d'années qui a précédé son accession au trône en 1992 ; l'actuel Sultan des BamounBamun, Ibrahim MBOMBO NJOYA, a aujourd'hui huit autres femmes, âgées de 35 à 55 ans. Et s'il pourvoit aux besoins des autres épouses de son prédécesseur de père - qui en avait vingt-quatre, - aucune d'entre elles ne lui a été donnée en héritage. NJI NCHARE Oumarou, le Directeur des Affaires Culturelles du Palais des RoisBamounBamun dira d'ailleurs : « L'époque où l'on récupérait les femmes de son père est révolue. Les unions du Sultan sont souvent la suite logique d'histoires d'amour ».

De nos jours, à Foumban, les reines sont actives et occupent des fonctions de premier plan dans la société BamounBamun : elles sont désormais administratrices de société, infirmières, chefs d'entreprise, commerçantes...Toutefois, elles se doivent d'avoir une influence discrète et s'effacer derrière le Roi1194(*).

La polygamie est donc avant tout la garantie d'un statut privilégié au sein de la société BamounBamun(1-). Ainsi, les missionnaires ont effectué une adaptation à la pratique de la polygamie qui fera émerger le concept d'hybridité (2-).

1. La polygamie ou le socle d'un statut privilégié dans la société BamounBamun

La polygamie provient du grec « polugamia » composé des mots « polù » qui signifie « beaucoup » et « gamos » qui signifie « mariage ». Pour cette raison, le terme désigne un régime matrimonial où un individu est lié, au même moment, à plusieurs conjoints1195(*). On parle de polyandrie lorsqu'une femme épouse plusieurs hommes et de polygynie lorsqu'inversement,un homme épouse plusieurs femmes.

La polygamie est plus spécifiquement associée à l'homme. L'autorisation de la polygamie dans un Etat n'entraîne pas que celle-ci soit majoritairement pratiquée. Au sein des sociétés majoritairement polygyniques, de 60 à 80% des foyers sont monogames « de fait » (et non « de droit »)1196(*). En sciences humaines, le terme « polygamie » est souvent employé par abus de langage pour désigner la polygynie.La polygamie est à distinguer des mariages de groupes, forme de polyamour impliquant plusieurs partenaires de chaque sexe, et de la bigamie, situation dans laquelle une personne contracte plusieurs mariages séparément, sans avoir juridiquement obtenu la dissolution du précédent ou sans que les deux conjoints soient au courant de cette situation1197(*).De nombreux pays tolèrent la polygynie sans l'encourager ouvertement.

C'est le cas non seulement de la quasi-totalité des pays à forte population musulmane à l'exception de la Turquie (interdiction en 1926)1198(*) et de la Tunisie (interdiction en 1957), mais également de quelques pays africains majoritairement chrétiens et/ou animistes.Les pays musulmans d'Asie centrale étaient soumis à l'interdiction de la polygamie du fait de l'ère soviétique. Aujourd'hui les pays d'Asie centrale ont interdit la polygamie, même si elle y est encore tolérée et pratiquée.

Des pays comme le Sénégal autorisent le mariage civil polygame mais l'homme doit choisir avant de se marier s'il souhaite faire un mariage monogame ou polygame et ne peut pas revenir sur sa décision une fois qu'il a choisi1199(*).

Lorsqu'il aborde la question de la polygamie dans la société traditionnelle Fang, GeorgesBALANDIER1200(*) montre qu'elle est le signe principal et la condition de tout accroissement de richesse. Cette richesse détermine en partie le niveau de statut social et permet d'acquérir une sorte de pouvoir personnel dans une société très peu hiérarchisée.

Quelles peuvent être les raisons de la polygamie en terre africaine ?

· Les raisons de la polygamie en Afrique

Pour expliquer la polygamie en Afrique, plusieurs théories sont avancées. Elles sont d'ordre économique, reproductif, politique. D'après NorbertOKOUMA, la tradition orale africaine la situe dans les temps très anciens. On peut selon lui, l'expliquer à travers les guerres entre tribus qui avaient pour conséquences d'une part l'extermination des hommes en particulier. Les survivants prenaient alors plusieurs épouses ou alors les vainqueurs enlevaient les femmes de leurs adversaires et les ajoutaient à celles qu'ils avaient déjà.

Sur le plan économique, les tentatives d'explication de la polygamie sont basées sur une perception ruraliste des sociétés africaines, dans le cadre d'un mode de production particulier qui relève très souvent d'une économie de subsistance faiblement mécanisée dans laquelle le rôle des femmes comme productrices de produits vivriers est important.

Cette idée est défendue entre autres par Ester BOSERUP1201(*) qui considère que vu sous cet angle, pour l'homme, la polygamie est peu couteuse et surtout rentable car la femme est une ouvrière ayant un rôle important dans l'agriculture.

Sur le plan politique, l'attention est portée à la cohérence interne du système matrimonial et d'une organisation sociale où le pouvoir est aux mains des aînés. C'est ce que montre ClaudeMEILLASSOUX1202(*). En effet, la polygamie est perçue comme le moyen de préserver le pouvoir des aînés sur les cadets dans les sociétés où l'accès des femmes est contrôlé par les aînés.

Elle permet aussi selon DIOP ABDOULAYE BARA1203(*) de s'allier à plusieurs groupes et confère ainsi à l'homme un avantage socio-politique. Elle peut être aussi le moyen de concilier les préférences du groupe en matière matrimoniale et les préférences individuelles et sentimentales. On retrouve notamment cet aspect dans l'étude réalisée par SylvieFAINZANG et OdileJOURNET1204(*).En effet, dans leur travail sur le mariage polygamique en Afrique et en France, les auteurs montrent que la plupart des hommes prennent plusieurs femmes comme épouses sous la pression familiale et communautaire.

La polygamie représente aussi pour certaines catégories privilégiées, une manière d'exposer aux yeux de tous sa réussite et son prestige social. C'est ce que souligne RaymondMAYER lorsqu'il étudie l'histoire de la famille gabonaise : « La polygamie est liée à une circulation des biens de prestige associée à la circulation des femmes »1205(*). Tout comme chez les « Fang » du Gabon et les « TegeAlima » du Togo, la polygamie fait partie des éléments essentiels de la société et de la religion traditionnelle chez les BamounBamun. Elle est signe de puissance, d'autorité et de richesse.

· L'acceptation de la pratique de la polygamie par le Coran et la consolidation de l'islam au détriment du christianisme

Lorsque l'Allemagne chercha à conquérir les territoires en Afrique, elle occupa le territoire du Cameroun en 1884, et en fit une colonie en 1902. Pendant la période coloniale, la région de l'Adamaoua et la région du lac Tchad furent gouvernées à l'aide d'une présence militaire forte et de lois simples.

Les chefs musulmans locaux, appelés « Lamido » dans la région de l'Adamaoua, et « sultans » au Nord du Cameroun, restèrent en place bien que leur influence fut plus limitée qu'au XIXème siècle. Leur légitimité ne reposait plus sur d'autres autorités musulmanes africaines.

Les institutions politiques locales du territoire restèrent en place, de même que les lois islamiques et les coutumes indigènes. Contrairement au pouvoir britannique au Norddu Nigéria, la colonie allemande n'imposa pas de taxes ni de réformes de l'agriculture avant 1913.Le Cameroun devint une colonie française à la fin de la Première Guerre mondiale,et les réformes agraires purent avoir lieu1206(*).Officiellement, la pénétration de l'islam en pays BamounBamun remonte à 1906, date de la conversion du Roi NJOYA qui adopte alors le titre de Sultan. La majorité de la population suit son roi mais l'islam populaire BamounBamun reste profondément imprégné du vieux fond animiste. Les Haoussas ont contribué, les premiers,à l'islamisation du Sud du fait de leur mobilité et de leur activité commerçante1207(*).

Partant de là, le Coran, le livre sacré de l'islam limite la polygamie, autorisée d'abord pour protéger la veuve et l'orphelin. 

· Le contexte de la polygamie dans le Coran

Le Coran en prend acte dans la Sourate 4, Verset 3 : « Si vous estimez que c'est mieux pour les orphelins, vous pouvez épouser leurs mères - vous pouvez épouser deux, trois ou quatre.Si vous craignez que vous ne deveniez injuste, alors vous vous contenterez d'une seule ou de ce que vous avez déjà. De plus, vous êtes ainsi plus en mesure d'éviter des difficultés financières ».

Ce verset est devenu « primordial » après la bataille d'Ubud, qui avait entraîné de fortes pertes chez les musulmans. Les survivants auraient alors épousé les veuves et pris en charge les orphelins, la polygamie étant alors une espèce d'assistance sociale.

D'après les Hadiths1208(*), le Prophète lui-même eut une dizaine de femmes. Seule Aïcha, épousée, selon la Tradition, quand elle avait cinq ans, était vierge lors des épousailles, le mariage étant consommé quatre ans plus tard. Les autres étaient veuves ou divorcées, et pour la plupart, ces mariages étaient pour lui un moyen de contracter des alliances.

En réalité, dans le Coran, la polygamie est un constat de fait apparaissant en de nombreux versets traitant de la situation matrimoniale des Arabes puisqu'elle a toujours été pratiquée selon le consensus coutumier, comme du reste pour tous les systèmes patriarcaux ancestraux. En affirmant que le Coran autorise la polygamie, voire pour certains la rend obligatoire, tout en la limitant à quatre coépouses, l'Islam l'a de fait inscrite dans le Droit musulman1209(*).

Toutefois, il est particulièrement important de souligner que la législation musulmane soumet la polygamie à des conditions qui sont extrêmement strictes et rigoureuses que tout homme désireux d'être polygame doit respecter.

· Les restrictions de l'islam en matière de polygamie

Premièrement, l'équité prescrite par le Verset 3 de la Sourate 4 du Coran. Ce verset indique que l'équité est une condition pour l'autorisation de la polygamie. Si l'on craint de ne pas être équitable à l'égard des épouses en cas de polygamie, on doit se contenter d'une seule épouse. L'équité requise consiste à assurer le même traitement à toutes les épouses concernant les dépenses, l'habillement, la cohabitation et d'autres affaires matérielles que l'on peut maîtriser. S'agissant de l'équité dans l'amour, on n'est pas tenu de l'appliquer. On ne la lui demande pas parce qu'il n'est pas capable. Le Verset 129 de la Sourate 4 le témoigne : « Vous ne pourrez jamais être équitables entre vos femmes, même si vous en êtes soucieux (...) ».

Deuxièmement, la capacité d'assurer la prise en charge vitale des épouses. Le Verset 33 de la Sourate 4 affirme : « Et que ceux qui n'ont pas de quoi se marier, cherchent à rester chastes jusqu'à ce qu'Allah les enrichisse par Sa grâce (...) ». Dans ce verset, Allah a donné l'ordre à celui qui n'est pas en mesure de se marier de rester chaste.

L'incapacité de se marier peut être due à l'empêchement de fournir une dot ou à l'impossibilité d'assurer la prise en charge d'une épouse1210(*). Partant du principe probablement que les hommes sont, par nature, infidèles, l'islamologue MARSHALL HODGSON a défendu l'idée que l'islam protège, grâce à la polygamie, toutes les femmes épousées ou mères de la même manière, et en accorde les mêmes droits aux enfants, alors que la société occidentale chrétienne a tendance à ne protéger que l'unique femme légitime et ses enfants, les autres étant souvent exclus des droits sociaux et de la succession1211(*). Dans ce contexte, on peut dire que la religion musulmane rejoint la tradition BamounBamun, de prendre soin de tous les orphelins, veuves et autres personnes vulnérables, qu'ils soient de notre famille ou non.En d'autres termes, on ne peut parler de « famille nucléaire » sans passer pour un égoïste et un ingrat, car nous sommes tous le fruit de sa famille, mais aussi de sa communauté. Et la polygamie permet d'inclure cette solidarité de manière pratique et durable au sein des familles.

Cependant, avec l'implantation du christianisme, la monogamie sera exigée des adeptes de la religion catholique. Autrement dit, ne peut recevoir les sacrements ou ne peut devenir chrétien que celui qui est marié ou se marier à une seule femme1212(*). En outre, le chrétien ne peut avoir qu'une épouse.

· L'implantation du christianisme ou le combat contre la polygamie en pays BamounBamun

En vain NJOYA avait discuté avec le missionnaire, lui expliquant que, dans son pays, les coutumes étaient différentes. Depuis toujours, les hommes qui pouvaient le faire se procuraient plusieurs épouses. Personne ne comprendrait qu'un chef, un notable ou un riche n'eut qu'une femme. M.GÖRING avait écouté avec patience les objections du roi, mais il s'était montré intraitable sur la question du mariage chrétien.

En face des exigences du missionnaire, une idée était venue au Mfon. Pour satisfaire M.GÖRING, il avait installé quelques grands NJI dans des cases de servantes du cheval. Parmi eux se trouvaient WAMBEN et MAHMA. Chacun y vivait avec une seule épouse, les autres étant restées dans leurs villages.

De hauts personnages gravirent un matin le raidillon qui conduit aux maisons des missionnaires. C'étaient les grands NJI qui allaient se faire inscrire comme catéchumènes.Chacun emmenait avec lui une épouse dont le nom devait figurer à côté du sien, pour satisfaire les exigences du missionnaire. Sans doute M.GÖRING fut-il étonné d'entendre les NJI lui exposer les raisons de leur démarche, mais il s'en réjouit aussi grandement1213(*). Avant de se séparer d'eux, M.GÖRING expliqua encore aux NJI qu'ils devaient suivre régulièrement son enseignement s'ils voulaient recevoir un jour le baptême... LesNJI ne mirent pas beaucoup d'empressement à suivre les leçons de leur ami blanc. Bientôt, ils s'en fatiguèrent.

Les exigences de M.GÖRING dépassaient les bornes. Il s'obstinait à vouloir leur imposer une seule femme à laquelle ils devaient une fidélité absolue. Comment un NJI pouvait-il concevoir une telle déchéance sociale ? Et aussi une telle ruine ? C'était se rabaisser au rang du dernier habitant ou d'un esclave. Qui remplacerait les femmes dans les nombreux et indispensables travaux de la maison et des champs ? Comment aussi, auraient-ils de nombreux enfants ? Décidément, M.GÖRING ne semblait pas comprendre l'énormité de ses exigences. NJOYA discuta gravement cette affaire avec ses conseillers. Malgré tout ce qu'elle apportait de bon, la religion du Dieu des Blancs ne paraissait pas aller pour les hommes.

Il était plus facile de suivre les enseignements du Coran et d'accepter les moeurs des Foulbés. Là, rien ne les obligeait à abandonner leurs épouses ni leurs vieilles habitudes de seigneurs privilégiées. Pour les femmes, c'était différent1214(*).En effet, avec l'implantation du christianisme, on constatait que les femmes étaient plus fidèles à leur mari, elles obéissaient à leurs ordres et ne se plaignaient plus ou presque. Elles observaient le voeu de soumission tel que le recommandait la Sainte Bible. C'était un point très positif observé par tous les hommes BamounBamun mariés à des femmes chrétiennes. Même le Sultan NJOYA en fit l'heureux constat.

Mais ils ne renoncèrent pas pour autant à la polygamie et de ce fait, les missionnaires ont été dans l'obligation de s'adapter à la polygamie.

* 1189NJImom, Mayap, Nkundul, Nkussam, Nkutaba et Nkutie.

* 1190 J.B.M. 1914, p. 156. In J. VAN SLAGEREN, op. cit., 1972, pp. 106-107.

* 1191 « Die ersten Hochzeiten in Bamum », in H.B., 1912, p. 28. 3 Anna WUHRMANN, « Frauenlos in Bamum », in E.M.M., 1916, p. 364 f. In J. VAN SLAGEREN, op. cit., pp. 106-107.

* 1192 J. VAN SLAGEREN, Les origines de l'Église évangélique du Cameroun : missions européennes et christianisme autochtone, Leiden. E. J. Brill. 1972, pp. 106-107.

* 1193 J. KI-ZERBO, Histoire de l'Afrique noire, Paris, Hatier, 1978, p. 293.

* 1194 C. JUOMPAN-YAKAM, « Cameroun - African Queens : à la rencontre des reines des chefferies traditionnelles ». Article publié le 31 août 2016 sur le site du magazine www.jeuneafrique.org et consulté le 19 mai 2021.

* 1195« Polygamie (situation dans laquelle un individu dispose au même moment de plusieurs conjoints) (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 07 août 2021.

* 1196 E. CHAUMONT, « Polygamie », in Dictionnaire du Coran, M.A. AMIR-MOEZZI (dir), éd. Robert Laffont, 2007, p. 679. « Polygamie (situation dans laquelle un individu dispose au même moment de plusieurs conjoints) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 07 août 2021.

* 1197 Distinction effectuée dans la Circulaire n°2008/14 du 25 février 2008 de Caisse nationale d'assurance vieillesse française - Bigamie et polygamie. Voir E. CHAUMONT, «Polygamie », in Dictionnaire du Coran, M.A. AMIR-MOEZZI (dir), éd. Robert Laffont, 2007, p. 679. Voir Polygamie (situation dans laquelle un individu dispose au même moment de plusieurs conjoints) (n.d.). Wikipédia. Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 07 août 2021.

* 1198 BLOG « LEPETITJOURNAL ISTANBUL », « UNE SEULE FEMME AUTORISÉE - Impasse pour les propriétaires polygames en Turquie ». Article publié le 11 décembre 2013 sur le. Article mis à jour le 08 février 2018 sur le site https://.lepetitjournalistanbul.fr et consulté le 06 septembre 2021.

* 1199 Polygamie (situation dans laquelle un individu dispose au même moment de plusieurs conjoints) (n.d.). Wikipédia. Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 07 août 2021.

* 1200 G. BALANDIER, Sociologie actuelle de l'Afrique noire. Dynamique sociale en Afrique centrale, 1955, p. 121. In C. BOUNANG MFOUNGUE, Le mariage africain, entre tradition et modernité. Étude socio-anthropologique du couple et du mariage dans la culture gabonaise, Thèse de Doctorat en Sociologie de l'Université Paul-Valéry - Montpellier III, mai 2012, École Doctorale n°60, « Territoires, Temps, Sociétés et Développement », pp. 134-136.

* 1201 E. BOSERUP, Évolution agraire et pression démographique, Paris, Flammarion, 1970, 218 pages. In C. BOUNANG MFOUNGUE, Le mariage africain, entre tradition et modernité. Étude socio-anthropologique du couple et du mariage dans la culture gabonaise, op. cit., pp. 134-136.

* 1202 C. MEILLASSOUX, Femmes, greniers et capitaux, Paris, Maspero, 1979. In E. BOSERUP, op. cit., pp. 134-136.

* 1203 A. DIOP BARA, La famille Wolof : tradition et changement, Paris, Karthala, 1985. In E. BOSERUP, op. cit., pp. 134-136.

* 1204 S. FAINZANG & O. JOURNET, La femme de mon mari. Anthropologie du mariage polygamique en Afrique et en France, Paris, L'Harmattan, 1988, 172 pages. In E. BOSERUP, op. cit., pp. 134-136.

* 1205 R. MAYER, Histoire de la famille gabonaise, Libreville, Éditions du Luto, 2002. In E. BOSERUP, op.cit., p. 180.

* 1206« BamounBamuns - peuple d'Afrique central établi à l'ouest du Cameroun (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 06 septembre 2021. Voir J. KERCHACHE, J.-L. PAUDRAT, L. STEPHAN & F. STOULLIG-MARIN, « Cameroun : Bamiléké, Bamum, Tikar », in L'Art africain, Citadelles & Mazenod, Paris, 2008, (édition revue et augmentée), p. 534.

* 1207 F. DOUANLA, « Le NOUN : un peuple islamisé », p.7. Article publié sur le site https://lireenligne.net et consulté le 23 janvier 2021.

* 1208 Témoignages sur la vie du Prophète Mahomet.

* 1209Dr. Al AJAMI (Docteur en médecine, Docteur en littérature et langue arabes, Coranologue, Théologien, Spécialiste de l'exégèse du Coran), « Que dit vraiment le Coran ? Penser et vivre son islamité à la lumière du Coran ». Article publié le 26 janvier 2018 sur le site https://www.alajami.fr et consulté le 17 juin 2021.

* 1210 BLOG LARMORCATELL 22, « La polygamie en islam ». Article publié le 28 novembre 2012 sur le site https://larmorcatell22.fr et consulté le 17 juin 2021.

* 1211 C. GOLLIEAU, « Ce que dit le Coran : la polygamie ». Article publié sur le site https://www.LePoint.fr, et consulté le 17 juin 2021.

* 1212 L. P. NGANGA, « Les croyances traditionnelles des Tege Alima et le christianisme (1880-1960) », Université Marien Ngouabi de Brazzaville, Mémoire de Maîtrise en Histoire, 2013.

* 1213H. NICOD, Mangweloune. La danseuse du Roi Njoya, Paroles écrites, 2002, pp. 130-131.

* 1214 Idem.

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