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L'administration coloniale allemande et les pouvoirs politiques traditionnels Duala et Bamun (1884-1916): une analyse de l'histoire politique du Cameroun


par Winnie Patricia Etonde Njayou
Université de Douala - Doctorat 2023
  

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CHAPITRE IV :

L'ADAPTATIONDE L'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE À LA GOUVERNANCETRADITIONNELLEBAMOUNBAMUN

Ce chapitre se consacre à la présentation de l'adaptation de l'administration coloniale allemande à la gouvernance traditionnelle BamounBamun. Pour cela, il débute par les actes rebelles du souverain NJOYA vis-à-vis de l'administration coloniale allemande.

Cela nous permet d'apprécier les objections du RoiNJOYA face aux pratiques religieuses chrétiennes et les relations ambivalentes entre ce dernier et le missionnaire GÖRING. Par la suite, la perception de l'administration coloniale allemande par le Roi NJOYA est ainsi établie et nous interpelle sur la mutuelle admiration malgré les soubresauts de l'histoire du Cameroun.

Dans la première section, nous parlerons des actes rebelles du souverain NJOYA (Section I) et de sa perception personnelle vis-à-vis de l'administration coloniale allemande (Section II).

SECTION I : LESACTES REBELLES DU SOUVERAIN NJOYA VIS-À-VISDEL'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE

En 1902, les BamounBamun, voulurent prendre les armes contre les premiers visiteurs allemands ; NJOYA, conscient de la faiblesse des siens face aux Européens, les obligea à les accueillir pacifiquement et évita un bain de sang. Le souverain conçut une politique dans laquelle il se donna le rôle d'intermédiaire indispensable entre les autorités coloniales et son peuple : « Si les tirailleurs arrivent au marché et qu'ils prennent quelque chose, ou qu'ils frappent, ne vous (BamounBamun) fâchez pas - leur dit-il laissez-moi l'affaire des Blancs »1187(*).Il put, par la suite, tirer profit de ce premier contact chaleureux : c'est ainsi qu'il récupéra, lors du conflit Germano-Bansoh de 1906, le crâne de son père, le RoiNSANGU.

La décision du monarque eut d'autres effets plus fondamentaux : les Allemands, premiers maîtres du Cameroun instituèrent un système indirect d'administration qui allait dans le sens de ce que les BamounBamun pouvaient espérer.

Le Roi perdit une partie de ses prérogatives au profit des autorités coloniales, mais il garda des pouvoirs assez étendus pour continuer à gouverner le royaume. Le droit de vie et de mort ne lui appartenait plus et il devenait un intermédiaire entre son peuple et le colonisateur. Il fallut évidemment travailler en collaboration étroite avec les nouveaux maîtres dans le domaine économique mais la coopération fut fructueuse. La stratégie politique du RoiNJOYA a suscité de nombreuses controverses : certains Français pensent que ce chef africain était un « tyranneau » et un instrument de la politique allemande. A l'inverse, les Allemands l'ont pris pour un remarquable chef, intelligent et entreprenant, qui sut prendre des décisions utiles pour son pays. AucunEuropéen ne semble avoir pensé qu'il voulait d'abord préserver sa population.

Et pourtant, lorsque, au cours de la Première Guerre Mondiale, il devint vraisemblablement évident que ses `'amis'' allemands étaient en train de la perdre, il favorisa les troupes anglaises en leur faisant indiquer une voie d'accès à sa capitale. L'occupation du territoire BamounBamun par les Britanniques fut trop brève pour que NJOYA adopte une attitude précise face à leur administration. Toutefois, dans la mesure où les Anglais pratiquaient aussi la politique de « l'indirect rule1188(*) » comme les Allemands, leur coopération avec le souverain BamounBamun aurait pu être tout aussi fructueuse. Par contre, l'administration directe appliquée par les Français allait avoir des conséquences catastrophiques sur leurs rapports avec le pouvoir traditionnel.

Les objections du RoiNJOYA face aux pratiques religieuses chrétiennes(Paragraphe I) mettront en lumière les relations ambivalentes existant entre le Roi NJOYA et le missionnaire GÖRING (ParagrapheII).

* 1187 Sultan I. NJOYA, « Histoire et coutumes des Bamun, Mémoires de l'IFAN, série : Population N° 5, 1952, p.43.

* 1188 Appelée « administration indirecte » en français.

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