L'administration coloniale allemande et les pouvoirs politiques traditionnels Duala et Bamun (1884-1916): une analyse de l'histoire politique du Camerounpar Winnie Patricia Etonde Njayou Université de Douala - Doctorat 2023 |
2. Le clan Akwa et les manifestations de son mécontentement face aux autorités coloniales allemandesLe fils du vieux chef d'Akwa, qui avait voyagé en Allemagne où il portait le titre de Prince MPONDO AKWA se mit à la tête des protestations. Il semblait avoir bénéficié d'appuis importants dans la presse allemande et dans divers milieux. Une pétition fut adressée au Reichstag...Ils protestèrent contre la suppression de leur monopole commercial et l'établissement de factoreries européennes à l'intérieur. Ils faisaient grief à l'administration de châtiments corporels... La pétition ne semblait pas mériter d'être retenue. Mais il y eut une erreur de procédure. La Direction des colonies, à qui le Reichstag avait envoyé pour enquête la réclamation, la transmit aux fonctionnaires qui étaient en cause. Ceux-ci classèrent l'affaire et exercèrent des poursuites contre les signataires qui furent condamnés, incarcérés et enchaînés. L'affaire rebondit et prit du développement ; les missionnaires et les commerçants favorisèrent une campagne de presse. On fit grief à VON PUTTKAMER du travail forcé, de la politique des grandes plantations, du mépris de l'indigène, des grosses dépenses effectuées à Buéa pour la construction du Palais du Gouvernement... Le Reichstag se saisit de l'affaire et VON PUTTKAMER dut être relevé de ses fonctions en mai 19071016(*). Du côté AKWA, l'on prend aussi la peine de décrire les personnalités de cette lignée de chefs1017(*). « Plus commerçants que les BELL, restés principalement planteurs ou employés, tandis que les AKWA sont surtout traitants, ils furent les premiers en relations plus intimes avec les commerçants allemands... ».1018(*) DIKA AKWA, le King AKWA, devait d'ailleurs signer en 1erle Traité de Protectorat, ce qui ne le retiendra pas de s'opposer avant tout autre à l'administration allemande quand le monopole commercial des Duala sera combattu, et de se rendre en Allemagne pour protester. MPONDO DIKA, son fils qui l'accompagnait restera à Berlin pendant quelque temps. Ainsi, « Les accusations des AKWA trouvèrent écho dans certains milieux socialistes et catholiques. MPONDO appartenait à la religion romaine. Le gouverneur VON PUTTKAMER était particulièrement pris à parti et sa mise à la retraite, survenue en 1908, laissa croire aux Duala qu'ils avaient obtenu son départ »1019(*). Mais en 1911, le King AKWA sera déporté à Campo ainsi que MPONDO DIKA à Banya.Aussi, au moment de l'expropriation, « il n'y avait plus à Akwa de personnages assez influents pour que l'autoritéde l'administration risquât d'être mise en échec »1020(*). MPONDO DIKA AKWA devait être tué à Ngaoundéré alors qu'il tentait de s'enfuir. Pendant le condominium, MPONDO DIKA AKWA retrouvera le commandement que les Français lui retireront en 1916. Déporté à nouveau à Campo, on sait qu'il y mourut. A côté de BELL et d'AKWA, les chefs de Deïdo et de Bonabéri paraissent secondaires1021(*). En dernier lieu, nous nous intéresserons aux relations de la dynastie DEÏDO avec l'administration coloniale allemande. * 1016 V. CHAZELAS, « Trente ans de colonisation allemande au Cameroun », Revue Togo-Cameroun, Paris, 1928. In R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, pp. 126-127. * 1017 R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, p. 191. * 1018 Mission d'inspection 1919-1920. Cité par R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975. * 1019Idem. * 1020Idem. * 1021 R. GOUELLAIN, « DOUALA - VIE ET HISTOIRE », Enquête réalisée avec le concours du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Paris, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, 16ème, 1975, p. 192. |
|