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L'administration coloniale allemande et les pouvoirs politiques traditionnels Duala et Bamun (1884-1916): une analyse de l'histoire politique du Cameroun


par Winnie Patricia Etonde Njayou
Université de Douala - Doctorat 2023
  

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2. Le contact avec les Blancs ou un privilège recherché par les chefs indigènes

Pour la majorité des chefs traditionnels « indigènes », le sentiment de collaborer aux côtés de l'hommeblanc ou pour le Blanc était un privilège.

En effet, le contact et les échanges avec cet administrateur étaient des occasions rares, c'est dire que cette proximité était une opportunité qui n'était pas accordée à n'importe quel autre frère, soeur ou fils du village. C'est ainsi qu'il était important pour les chefs de maintenir ce prestige et surtout d'être vus aux yeux de leur population comme privilégiés et comme collaborateur indispensable par l'administration coloniale.

La fonction de chef traditionnel au Cameroun permettait aussi de collecteur d'impôt. Avec le travail forcé, la perception de l'impôt faisait partie du train des obligations dont les populations eurent à souffrir sous l'administration de la France mandataire. Ce furent des tâches privilégiées des chefs indigènes906(*). Contrairement aux Allemands qui l'avaient institué dans le but avoué de contraindre leurs sujets à investir leur force dans des travaux d'intérêt public ou privé, les Français se montrèrent plus déterminés par le souci de l'autosuffisance économique d'un territoire dont ils n'avaient pas la propriété pleine et entière907(*).Il convient de relever que la perception de l'impôt et sa généralisation à l'étendue du territoire fut une décision de l'autorité allemande de 1908908(*). Cependant, la splendeur qui en découle ici tient au fait que la responsabilité d'être un intermédiaire du « blanc » dans la perception de l'impôt relevait de l'extraordinaire. C'était une marque de confiance qui n'était pas accordée à n'importe quel Camerounais. Malgré le fait que le percepteur apparemment ne sache pas qu'il était utilisé à des fins quasi exploratrices, outre l'honneur de collecter l'impôt, il y avait le sentiment de fierté de percevoir une commission proportionnelle à ce qu'ils avaient collecté auprès des populations.

Les intérêts personnels desdits chefs étaient liés à ceux du colonisateur. Ces derniers misaient sur leurs intéressements qui allaient les pousser à encaisser le plus possible, afin d'augmenter leur propre part. Ainsi, dans l'exercice de leur fonction, la motivation venait surtout du pourcentage qu'ils touchaient après le versement de l'argent perçu à l'autorité coloniale909(*).

C'est dire que la perception de l'impôt représentait pour les chefs traditionnels, une source de revenus non négligeable, nonobstant le fait que ce travail nécessitait beaucoup d'efforts de la part des chefs, pour amener leurs sujets à s'en acquitter910(*).

Partant de là, nous pouvons nous interroger sur la constitution d'un patrimoine financier comme socle de division entre les chefs Duala qui va se manifester par la prééminence du RoiBELL. Ce dernier va bénéficier d'avantages financiers majeurs de la part de l'administration coloniale allemande et subir des rivalités féroces de la part des autres chefs Duala.

* 906 A. P. TEMGOUA, Le Cameroun à l'époque des Allemands (1884-1916), 2014, p. 171. Le Professeur TEMGOUA pense que c'est pour des raisons de personnel, de frais et surtout d'efficacité, que l'administration coloniale eut recours aux chefs traditionnels pour le recouvrement de l'impôt.

* 907 P.-V. EMOG, Les pays Banen et Bafia de 1901 à 1945 : le poids de la colonisation. Essai d'étude historique, Thèse de Doctorat de 3ème cycle en histoire, Université de Yaoundé, (1987-1988), p. 241.

* 908 Cf. Décret du 20 octobre 1908. Cet impôt avait d'abord été introduit dans la seule ville de Douala par Décret du 1er juillet 1903. Cité par P.-V. EMOG, Les pays Banen et Bafia de 1901 à 1945 : le poids de la colonisation. Essai d'étude historique, Thèse de Doctorat De 3ème cycle en Histoire, Université de Yaoundé, (1987-1988), p. 26.

* 909 A. P. TEMGOUA, Le Cameroun à l'époque des Allemands (1884-1916),L'Harmattan Cameroun, 2014, p. 174.

* 910 G. ETOA OYONO, « Splendeurs et problèmes des chefs traditionnels des territoires du centre-sud au lendemain de la Grande Guerre », Revue Internationale des Francophonies (En ligne), Mélanges de juillet 2018. Article mis en ligne le 20 juillet 2018 et consulté le 16 décembre 2021 sur le site http://rifrancophonies.com/rfi/index.php.

· Georges Etoa Oyono est un Camerounais né le 26 mars 1976 à Ngoazip I par Ebolowa. Diplômé d'histoire-géographie de l'École normale supérieure de Yaoundé en 2004 et de sociologie et de sciences politiques en 2008, il soutient un Ph.D. en Histoire des relations internationales option Diplomatie à l'Université de Yaoundé I en 2015. Enseignant vacataire au Département de diplomatie de l'Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC), il est auteur de plusieurs publications scientifiques.

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