CONCLUSION DU
CHAPITRE II
Au terme de ce chapitre portant sur les
dynamiques et les logiques de domination de l'administration coloniale
allemande sur les pouvoirs politiques traditionnels BamounDuala et Bamun. Nous
avons démontré que cette administration occidentale n'a pas
respecté les souhaits des chefs Duala en spoliant leurs terres
ancestrales et en les parquant dans des endroits peu propices à leur
épanouissement. Ainsi, on assistera à la démarcation entre
quartiers indigènes et quartiers blancs, d'où la création
d'une zone tampon qui sépare les deux races. Cette situation va faire
naître une pluie de revendications de la part des chefs Duala notamment
par le biais de pétitions. Par la suite, il s'en suivra des sanctions
à leur encontre : certains seront déportés, d'autres
destitués et plusieurs autres en paieront de leur vie à l'instar
de Rudolf DOUALA MANGA BELL. Toutefois, on observe des manifestations de
coopération de la part des chefs Dualapuisque ces derniers signeront des
traités de toutes sortes : des traités négociés,
des traités de paix, etc. A ce titre, nous nous sommes penchés
sur la portée juridique des traités Germano-Duala à savoir
la question de la perte de souveraineté des chefs Duala, celle du
caractère privé ou public du contrat pour la partie allemande, ou
encore, de savoir quel est le système juridique approprié pour
une interprétationexacte desdits traités. Il s'en suit un flou
juridique qui persiste à notre époque du fait de l'autochtonie et
de l'allogénie observées non seulement en territoire Duala mais
aussi sur l'ensemble du territoire national. Quant au peuple BamounBamun, la
stratégie de coopération s'est manifestée au niveau de la
participation à la conquête des Nsoh. En effet, du fait de
plusieurs siècles de conquête militaire et guerrière, les
BamounBamun disposaient d'une réputation très appuyée sur
le plan de la guerre. Ils se serviront de cette expérience, au cours de
cette expédition punitive contre les Nsoh,pour récupérer
les restesdu Roi NSANGU.Et maintenir une collaboration active avec les
Allemands. Cette situation a mis en exergue les logiques conflictuelles
existant entre l'administration coloniale allemande et les pouvoirs politiques
traditionnels.
CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE
Cette première partie qui s'achève avait pour
modeste ambition de montrer que la domination de l'administration coloniale
allemande sur les pouvoirs politiques traditionnels BamounDuala et Bamun
était effective et était la résultante de la
Conférencede Berlin en 1885.Ainsi avons-nous décliné dans
un premier chapitreque le processus de conquêtepart du principe de
l'hinterland et l'implantation progressive de l'administration coloniale
allemande sur les territoires Duala et Bamun.C'est pourquoi nous avons
évoqué les prémices de chaque société
traditionnelle BamounDuala et Bamun avant la pénétration
allemande. Au sein de la société BamounBamun, on observait un
système bien organisé et hiérarchisé avec à
sa tête un système de castes. Quant à la
société Duala, elle était subdivisée en trois
groupes principaux : les BELL, les AKWA et les DEÏDO. Nous avons entrepris
une chronologie de chaque dynastie Duala et de marquer les dissensions
existantes entre elles.
Et dans un second chapitre, nous avons montré que
l'administration coloniale allemande a exercé des dynamiques et des
logiques de domination sur les pouvoirs politiques traditionnels BamounDuala et
Bamun. En effet, la société Duala oscillera entre logiques de
coopération et logiques de domination. Ainsi, les chefs Duala signeront
des traités de diverses catégories qui leur permettront de
bénéficier de retombées pécuniaires mais qui seront
également le signe flagrant de divisions au sein de ces groupes. Cet
état de fait conduira l'administration coloniale allemande à un
non-respect de la souveraineté des chefs Duala et à une atteinte
des droits inaliénables des populations autochtones Duala dans la mesure
où le plan d'expropriation du plateau Joss sera appliqué sans
l'assentiment des concernés. Par la suite, les chefs Duala exerceront
leur droit de revendiquer à travers des pétitions et des attaques
armées qui se solderont par la déportation, la destitution ou la
mise à mort des chefs récalcitrants.
Quant à la société BamounBamun, elle va
subir les affres du christianisme et une frange importante de la population va
remettre en question les habitudes païennes telles que la polygamie ou la
voyance. L'autorité du Roi NJOYA sera ébranlée par ces
valeurs occidentales de tolérance, d'égalité entre hommes
et femmes, d'amour et de compassion envers ses ennemis. Il fera preuve de
dureté envers les nouveaux convertis et fera tout pour imposer une
religion syncrétique qui alliera le christianisme, l'islam et les
pratiques culturelles traditionnelles. Par ailleurs, nous avons observé
l'imprégnation de la culture européenne à la production
artisanale BamounBamun notamment sur le plan architectural.
Les autorités coloniales allemandes se sont
imposées sans tenir compte des réalités
socioéconomiques et culturelles des pouvoirs locaux. En
conséquence, il en résultera de vives oppositionsde la part des
chefferies traditionnellesBamounDuala et Bamun. Il s'en suit un pragmatisme de
situation de l'administration coloniale allemande à l'égard des
chefs Duala à travers leurs perceptions respectives, les
appréciations sommaires faites sur la personnalité de chaque
monarque africain... Les manifestations de ces oppositions sont nombreuses :le
syncrétisme religieux du Roi NJOYA, la persistance de la polygamie en
pays BamounBamun, les pétitions et la recherche de la faveur de
l'opinion publique allemandepar les chefs Duala....Toutes ces propositions sont
l'objet du chapitre III avant que, nous ayons préalablement
analysé en profondeur l'adaptation de l'administration coloniale
allemande à la gouvernance traditionnelle BamounBamun dans le chapitre
IV.
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