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L'administration coloniale allemande et les pouvoirs politiques traditionnels Duala et Bamun (1884-1916): une analyse de l'histoire politique du Cameroun


par Winnie Patricia Etonde Njayou
Université de Douala - Doctorat 2023
  

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B. LESTECHNIQUESDE COLLECTE DES DONNÉES

Bien qu'elle trouve ses origines et des développements dans les sciences sociales telles que l'histoire et la sociologie, la collecte des données n'est pas étrangère à la discipline de la science politique.

Les techniques constituent « des moyens d'aborder les problèmes, lorsque ceux-ci sont précisés »251(*). Elles représentent des « procédés limités, mettant en jeu des éléments pratiques, concrets, adaptés à un but pratique et défini »252(*).

Àcet effet, et pour ne pas nous démarquer de cet avertissement de DavidEASTON, il nous a semblé porteur de mener nos investigations sur plusieurs fronts. Pour cet auteur en réalité : « Si nous nous trouvons à une trop grande distance, nous ne pouvons voir que les grandes lignes, et cela n'a que peu d'intérêt pour une recherche utile ; mais si nous restons trop près, nous verrons les détails si nombreux et si confus que cela ne vaudrait guère »253(*).Dans le cadre de notre travail, les techniques sont les procédés qui nous ont permis de recueillir les informations essentielles pour la compréhension de notre étude.

En termes de collecte données, nous avons recouru à la fois les techniques documentaires(1-) et les techniques vivantes (2-).

1. Les techniques documentaires 

L'expression document est prise ici dans un sens large. D'après Jean-Louis LOUBET DEL BAYLE,il s'agit de « tout élément, matériel ou immatériel, qui a un rapport avec l'activité des hommes vivant en société et qui de ce fait constitue indirectement une source d'informations sur les phénomènes sociaux »254(*). Ainsi, il n'y a pas de contact immédiat entre l'observateur et la réalité sociale dans l'observation documentaire.

C'est dire que les documents se présentent au chercheur à l'état brut et, pour en extraire les renseignements qui lui seront utiles, celui-ci doit procéder à leur analyse, à leur interprétation et dans certains cas à leur réinterprétation255(*).

Ce qui est important pour le chercheur, c'est la détection aussi bien de la signification évidente que la signification implicite du document. Ce qui fait l'intérêt de l'analyse du contenu des documents, dans sa dimension qualitative valorisée ici à celle quantitative en fait aussi sa faiblesse.

En effet, l'analyse quantitative du contenu consiste à étudier les documents en dénombrant les différents éléments qui le constituent, en les classant, en chiffrant leur fréquence, leur répétition. Si elle apparaît plus objective que l'analyse qualitative, ses résultats sont aussi souvent plus superficiels.

La finesse de l'analyse ici se paie par des risques de subjectivité dans la mesure « où sa valeur dépend en grande partie de la sureté de jugement de celui qui procède à l'analyse »256(*).

La distinction de ce qui est important et de ce qui est secondaire, de l'essentiel et de l'accessoire, donne lieu à des jugements de la part du chercheur avec le risque que ceux-ci soient influencés par sa subjectivité.Le document représente un instrument fondamental de la recherche. Il « offre l'avantage d'être un matériau objectif en ce sens qu'il soulève les interprétations différentes, il est le même et ne change pas »257(*).

Dans le même ordre d'idées, Jean-ClaudeCOMBESSIE remarque ce qui suit :« Dans toute recherche, les sources documentaires peuvent fournir à la fois des informations complémentaires et d'une diversification des éclairages »258(*).Ainsi, dans le cadre de notre étude, nous avons utilisé les ouvrages généraux en sociologie politique et en anthropologie politique à l'instar des ouvrages de GeorgesBALANDIER, « Sens et puissance. Les dynamiques sociales »259(*) ; de GuyHERMET et al., « Dictionnaire de la science politique et des institutions politiques»260(*) ou encore de DavidEASTON, « Analyse du système politique »261(*).

Pour ce qui est des documents officiels, nous avons mis à notre actif, la constitution du 18 novembre 1996, le décret N°77/245 du 15 juillet 1977 portant organisation des chefferies traditionnelles, l'arrêté N°244 du 04 février 1933 fixant le statut des chefs indigènes.Ces documents nous ont informés sur les dispositions normatives liées au statut des chefferies traditionnelles et de donner un aperçu sur le rôle des chefs traditionnels dans la vie politique nationale.

Les données de notre étude seront recueillies dans des sources officielles afin de confirmer leur authenticité... Il sera question pour nous de parcourir les ouvrages, les thèses, les mémoires, les articles, et autres travaux scientifiques ayant un rapport direct ou indirect sur l'objet de recherche, l'histoire politique du Cameroun, la colonisation allemande, les chefferies traditionnelles, etc.Par ailleurs, nous avons consulté les archives nationales du Cameroun à Yaoundé,les archives du Palais Royal de Foumban.

Pour ce qui est des documents privés, nous avons recueilli par exemple, les documentaires intitulés « La Grande Guerre au Cameroun » du Lycée Dominique Savio à Douala portant sur les entretiens de MM. Ananie BINDJI262(*), Albert François DIKOUME263(*), Jean-Jacques ANNAUD264(*). Valère EPEE265(*) ; l'article rédigé par M.DJOKODUBOIS à propos du « fonctionnement du pouvoir au sein de l'état colonial : le cas du Cameroun sous domination allemande à l'ère du GouverneurVON SODEN 1895-1891 »et disponible sur le site de l'Institut allemand au Cameroun266(*) ;les films documentaires « DeutscheKolonien. Eine DVD-Edition zur deutschen Kolonialgeschichte »267(*) du producteur Peter HELLER.

C'est aussi le casde la série du cinéaste camerounais Jean-PierreBEKOLO nommée « Our Wishes : A Look on Colonial Africa », d'une durée de 26 minutes de 10 épisodes. « C'estun document que les chefs Duala ont rédigé pour faire connaître aux Allemands leurs souhaits alors qu'ils étaient en train de négocier le traité qui confiait leur territoire à ces derniers. Mais ce document a été ignoré par les Allemands et on connait la suite. Au-delà de cette histoire, s'il y'a une constante dans les relations entre l'Afrique et l'Occident, c'est que nos souhaits ne sont jamais pris en compte. Vous avez compris l'esprit de tout le projet : il s'agit d'entrer dans notre histoire pour en tirer des leçonsqui devraient nous servir d'aujourd'hui »268(*).

De même, nous avons utiliséles journaux tels que : le « Deutsches Kolonialblatt », pour l'administration locale au Cameroun ; l'« Amtsblatt Kolonialzeitung » pour la Société Coloniale Allemande ou la « Koloniale Rundschau » ; Cameroon Tribune, Le Journal du Cameroun ; les sites internet www.peuplesawa.com, www.dibambelasawa.com, www.auletch.com, etc.,qui nous ont fourni des informations importantes sur le vécu quotidien des populations et des officiels, et du climat géopolitique de cette époque.

Nous avons aussi pu entrer en possession des memoranda que certaines autorités ont adressé à la haute hiérarchie.

Toutefois, l'observation documentaire s'est révélée à elle seule insuffisante pour permettre d'appréhender notre sujet dans ses différents contours, d'où le recours à une technique vivante.

* 251 M. GRAWITZ, Méthodes des Sciences Sociales (10ème édition), Paris, Dalloz, 1996, pp. 477-479.

* 252 J.-L. LOUBET DEL BAYLE, Introduction aux méthodes des sciences sociales,Toulouse, Privat, 1986, p. 22.

* 253 D. EASTON, Analyse du système politique, Paris, Armand Colin, 1974, p. 2.

* 254 J.-L. LOUBET DEL BAYLE, Introduction aux méthodes des sciences sociales, Toulouse, Privat, 1986, p. 102.

* 255 P. CIBOIS, L'analyse factorielle, Paris, PUF, 1983, p. 128 et surtout du même auteur, L'analyse des données en sociologie, Paris, PUF, 1984, pp. 69-74.

* 256 J.-L. LOUBET DEL BAYLE, op.cit., 1986, p. 112.

* 257 M. GRAWITZ, Méthodes des Sciences Sociales (10ème édition), Paris, Dalloz, 1996, p. 526.

* 258 J.-C.COMBESSIE, La méthode en sociologie (4ème édition), Paris, La Découverte, 2000, p. 14, 123 pages. Sans document, aucune recherche n'est possible. Voir également L. ALBARELLO et Al., Pratiques et méthodes de recherche en sciences sociales, Paris, Armand Colin, 1995, p. 9.

* 259 G. BALANDIER, Sens et puissance. Les dynamiques sociales, Paris, PUF, 1971.

* 260 G. HERMET & Al., Dictionnaire de la science politique et des institutions politiques, Paris, 2015.

* 261 D. EASTON, Analyse du système politique, Paris, Armand Colin, 1974.

* 262 Ananie BINDJI : Journaliste/Directeur de l'Information de la chaine audiovisuelle camerounaise Canal 2 International.

* 263 Albert François DIKOUME : Historien, Spécialiste d'Histoire Économique et Sociale. Ancien chef du département d'histoire de l'Université de Douala.

* 264 Jean-Jacques ANNAUD : Réalisateur du film « La victoire en chantant », Novembre 2014.

* 265 Spécialiste de l'ethnie Duala.

* 266 www.goetheinstitut.de

* 267 www.filmkraft.net

* 268 Interview de Jean-Pierre BEKOLO, réalisée par Mérinos LIATOU, disponible sur le site www.goetheinstitut.de et consultée le 29 mars 2022. La série « Our Wishes : un regard sur l'Afrique coloniale » a été réalisée en 2017.

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